En 1983, la gauche opérait un virage à droite. Le tournant de la rigueur changeait la vie du peuple. On lui expliquait que la crise avait des vertus. Un jeune journaliste du service économique de Libé, Laurent Mouchard, participait à cette opération de propagande.
La fin de l’automne exacerbe la nostalgie des âmes tristes. Le passé s’impose à leurs pensées. À quoi peut bien songer le barbu à la mine renfrognée, qui fume une cigarette à l’entrée du 12 Place de la Bourse ? Peut-être se souvient-il de l’un de ses premiers papiers, « La droite, la presse, le PS ». L’audacieux mordait la main qu’il lécherait plus tard.
Les choses ont changé depuis ses années militantes. Lui aussi. Comme la majorité de ses camarades éditocrates, il est vivement critiqué : on lui reproche ses accointances avec le pouvoir ; on l’accuse d’avoir noirci des milliers de pages de sottises ; on observe que cet enquêteur s’aventure rarement au-delà des arrondissements parisiens où il vit et travaille ; on souligne qu’il a fréquenté le club Le Siècle ; on ironise sur sa peur maladive des blogueurs et des complotistes ; on se moque en rappelant que Mouchard père copinait avec Le Pen. Tout cela est parfaitement légitime : le falampo mérite d’être couvert d’opprobre. Il n’a rien à envier aux cuistres qui souillaient la presse de leur plume au XIXe siècle.
Mais tentons de mieux cerner le personnage ; revenons sur l’époque où Laurent André Marie Paul Mouchard s’est affirmé. Du fumier, où notre héros puisait la matière nécessaire à son éducation, poussait une rose épineuse. C’était il y a trente ans…
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