Dans une interview donnée le 8 mars 2015 aux titres du groupe EBRA (Le Progrès, L’Est Républicain, etc.), l’avocat Jean-Marc Fédida a établi un parallèle pour le moins surprenant entre l’humoriste Dieudonné et le théoricien de l’Action française, Charles Maurras.
Extrait :
On a constaté une explosion des actes antisémites en France en 2014. Les idées maurassiennes les inspirent-ils ?
Jean-Marc Fédida : On ne peut pas faire de filiation là où elle n’existe pas. Mais on peut reconnaître qu’un Dieudonné et un Maurras disent la même chose. Qu’on ne peut pas être juif et Français.
Dieudonné, sorte de fils spirituel de Maurras ?
Il existe plusieurs points de ressemblances entre les deux hommes. Dieudonné a fait une partie de sa réputation grâce à ses procès qui sont devenus des prétoires, où il s’est mis en scène, où ses théories épouvantables ont trouvé un écho. Maurras a connu dix-sept fois les tribunaux dans l’entre-deux-guerres. L’expression de la pensée de l’un et de l’autre est faite pour blesser. Une confrontation avec Maurras peut-être meurtrière. Maurras et Dieudonné utilisent aussi les mots comme une arme offensive. Enfin, ces deux personnes se plaisent à pointer, stigmatiser une partie de la population, sans autre conviction qu’elle ne peut pas contribuer utilement à la vie sociale… Je parle ici de leur haine du juif »
A lire les prises de positions de Jean-Marc Fédida, « lui-même juif » (Libération, 17 février 2007) et admis au barreau d’Israël en 2013, on peut se demander si sa grille d’analyse n’est pas purement ethno-tribale. En effet, en janvier 2014, dans une tribune intitulée « Dieudonné n’est pas une victime » et publiée sur dans le Huffington Post, il expliquait que la loi Fabius-Gayssot était indispensable car elle « vise à donner une arme supplémentaire à ceux qui veulent continuer à écraser “la bête infâme”, qui malheureusement à chaque fois renaît de ses cendres et de la haine. Garantir l’intégrité de la mémoire des camps pour garantir contre la répétition de l’horreur. » Bref, la loi Gayssot au cas où Dieudonné voudrait exterminer six millions de juifs…
Avocat pénaliste depuis 1988, ce poulain de Georges Kiejman s’est fait remarquer dès le début de sa carrière en plaidant la thèse de l’acte antisémite dans l’affaire de la profanation du cimetière de Carpentras (1990), avant d’effectuer une brillante carrière comme avocat de Didier Schuller (affaire des HLM de la Ville de Paris) ou encore de Claude Goasguen.