Le préfet de région, comme les autres préfets qui sont sous ses ordres, ne répond qu’au sommet de l’État. Et l’État a donné une mission à Jean-François Carenco : loger les migrants. Les maires et leurs administrés devront s’y faire.
Le préfet de la région Île-de-France, Jean-François Carenco, a une conception spéciale de la démocratie. Les protestations d’une partie des maires – et de la population – contre l’arrivée en grande couronne de migrants délogés du camp de Stalingrad dans le nord de Paris, ne le déstabiliseront pas : « Je vais installer des centres. Beaucoup gueulent pour la forme. Je m’en fous ! », lance le représentant de l’État – mais aussi celui du peuple souverain – droit dans ses bottes.
Le préfet d'Ile-de-France Jean François #Carenco vient d'inventer la dictature migratoire : pic.twitter.com/SFNXeUmvCA
— Damien Rieu (@DamienRieu) 16 novembre 2016
Ce préfet, qui se décrivait en 2010 comme « un malade de la République », précise ainsi sa pensée : « Les gens ont peur de tout. On verra qui râlera vraiment lorsque ce sera fait et combien de temps. » Et pour les maires qui auraient des réserves, ce sera la même chose : « Ils sont minoritaires. » Aussi, le préfet ne compte pas perdre de temps à faire de la pédagogie. « Je ne vais pas commencer à en parler six mois à l’avance. Je préviendrais trois mois à l’avance », coupe-t-il. « Après ce sera à chaque préfet [de département] de communiquer », décrète-t-il avant d’ajouter : « Ou pas. »
Après tout, rien n’oblige le préfet à prendre des gants ou à se montrer conciliant. Au contraire, il se dit prêt à passer outre l’avis des maires et à avancer au pas de charge. « Le plus vite possible », précise le fonctionnaire, qui s’était fait flasher pour excès de vitesse en 2013, alors qu’il était préfet de la région Rhône-Alpes et qu’il venait juste de prendre des mesures pour lutter contre les excès de vitesse.
Jean-François Carenco se dit enfin prêt à réquisitionner des « anciens hôtels, des anciennes casernes de gendarmerie, [et à] faire installer des structures modulaires » car, selon lui, la vague migratoire n’est pas près de se tarir et il faut se préparer à en accueillir toujours plus. « Le monde est comme ça », conclut-il.