Dans un monde de chaos informationnel, les analyses de Jean Bricmont, par leur efficacité logique et par le ton débonnaire employé, sont toujours rassérénantes. Sa grande connaissance du monde d’aujourd’hui mais aussi d’hier – Jean Bricmont n’est pas né de la dernière pluie – permet des mises en perspective bien souvent judicieuses.
Cependant, nous devons préciser ici – sans aucunement vouloir paraître défendre le programme de 2017 de Marine Le Pen que nous avons dans nos colonnes bien souvent critiqué chaque fois que cela était nécessaire – que Jean Bricmont semble ne pas avoir connaissance de quelques points importants de son programme présidentiel :
« Marine Le Pen, qu’est-ce qu’elle ferait d’un point de vue socio-économique ? La même politique que Macron, et probablement en pire. La seule chose c’est qu’elle donnerait des victoires symboliques : embêter un peu plus les femmes voilées, contrôler l’immigration, réprimer plus la délinquance... des choses qui satisferaient une certaine couche de la population, mais les revendications des Gilets jaunes sont avant tout sur les questions socio-économiques et là elle ne changerait rien. »
Il est très probable qu’ici, Jean Bricmont, à l’instar d’Etienne Chouard dont il parlera plus loin, cherche à se protéger de l’accusation dont justement Chouard est l’objet : vous faites le jeu du Rassemblement national, voire vous êtes d’extrême droite donc, une fois qu’on a tiré tout le fil de la pelote, vous êtes antisémite. On peut comprendre son attitude : le système arrive à faire passer l’anarchiste libertaire Etienne Chouard pour un fasciste, alors pourquoi pas Jean Bricmont qui n’est pourtant pas très éloigné de Noam Chomsky, anarcho-syndicaliste juif pourtant peu suspect d’extrémisme de droite ?
Il n’empêche que l’objectivité la plus grande nous oblige à dire que le programme présidentiel de Marine Le Pen prévoyait les choses qui suivent.
Concernant le RIC qu’appellent de leur vœux les Gilets jaunes (et que nous préférerons appeler RIP, l’adjectif Citoyen sentant la récupération gauchiste par répugnance pour le mot Populaire) :
1er point des 144 engagements :
Retrouver notre liberté et la maîtrise de notre destin en restituant au peuple français sa souveraineté (monétaire, législative, territoriale, économique). Pour cela, une négociation sera engagée avec nos partenaires européens suivie d’un référendum sur notre appartenance à l’Union européenne. L’objectif est de parvenir à un projet européen respectueux de l’indépendance de la France, des souverainetés nationales et qui serve les intérêts des peuples.
2ème point :
Organiser un référendum en vue de réviser la Constitution et conditionner toute révision future de la Constitution à un référendum. Élargir le champ d’application de l’article 11 de la Constitution.
3ème point :
Permettre la représentation de tous les Français par le scrutin proportionnel à toutes les élections. À l’Assemblée nationale, la proportionnelle sera intégrale avec une prime majoritaire de 30 % des sièges pour la liste arrivée en tête et un seuil de 5 % des suffrages pour obtenir des élus.
5ème point :
Créer un véritable référendum d’initiative populaire, sur proposition d’au moins 500.000 électeurs.
Concernant le programme socio-économique lié aux revendications des Gilets jaunes :
58. Revaloriser le minimum vieillesse (ASPA) partout en France (...)
59. Instaurer une Prime de Pouvoir d’Achat (PPA) à destination des bas revenus et des petites retraites (pour les revenus jusqu’à 1500 euros par mois) (...)
60. Baisser immédiatement de 5 % les tarifs réglementés du gaz et de l’électricité.
64. Défiscaliser les heures supplémentaires et maintenir leur majoration.
88. Revaloriser l’Allocation aux Adultes Handicapés (AAH) (...)
Au sujet de la fiscalité :
74. Assurer une juste contribution fiscale, en refusant toute hausse de la TVA et de la CSG et en maintenant l’ISF.
75. Baisser de 10 % l’impôt sur le revenu sur les trois premières tranches.
78. Lutter efficacement contre l’évasion fiscale (...)
79. Priver d’accès aux marchés publics les multinationales qui pratiquent l’évitement fiscal (...)
Nous laisserons de côté les nombreux points relatifs à l’écologie, notre propos n’étant pas de revenir sur un programme dont on ne saura de toute façon jamais s’il aurait été appliqué ou... s’il s’agissait encore de vaines promesses électorales. Car, on le sait, les promesses n’engagent que ceux qui y croient !