Jeudi 19 octobre 2017, l’humoriste Jamel est l’invité de l’émission Team Duga de l’ancien champion du monde Christophe Dugarry. Il révèle qu’on lui a proposé un drôle d’emploi...
« On m’a proposé d’être secrétaire d’État, secrétaire d’État à la… comment ça s’appelle. Un jour, on m’a proposé un gros poste comme celui-là. Bien sûr que non, j’ai refusé. »
Et pourquoi ?
« Parce que ce n’est évidemment pas mon métier, parce que je m’y ennuierai à mourir, parce que c’est là où je serai le moins efficace, le plus figé et le plus critiqué. Quand on gagne une Coupe du Monde, la jeunesse trouve du travail derrière. Là, on est super utile. Quand je monte sur scène et que je fais l’Olympia ou le Zénith, j’ai le sentiment d’être utile. Il vient d’en bas, il a une main dans la poche, il se retrouve là… il y a une forme d’espoir quelque part. Pareil pour Omar Sy. On représente ça. On en est conscient, on ne joue pas, on espère que ça aura de l’écho chez les gamins et pas seulement. Notre acte politique, c’est de continuer à faire ce qu’on fait dans les meilleures conditions. »
C’est sûr que la réussite de Jamel et d’Omar a permis à des milliers de jeunes de mieux travailler à l’école, de mieux respecter le pays qui les a vu naître, etc. En réalité, rien que pour prendre cet exemple emblématique, Trappes est dans le top 3 des villes exportatrice de djihadistes français vers la Syrie et l’Irak... Une réussite exemplaire de l’exemple debbouzien.
Mais ne mettons pas tout sur le dos du petit humoriste, devenu grand par la volonté des apprentis sorciers de Canal+ des années 90. Pour un Jamel qui s’en est sorti, des milliers ne s’en sortiront pas. Mais se sortir de quoi ? De la misère ?Misère, le mot jamais prononcé qui est le pendant de la fameuse « réussite » qu’on fait miroiter aux quartiers. Mais de quelle misère parle-t-on ? Il ne s’agit pas de misère matérielle, puisque personne ne meurte de faim en banlieue. Alors de quelle misère parle-t-on ?
On parle de misère culturelle. Parce que nous savons tous que c’est la culture, celle des mots, du langage, de la relation avec les autres, de l’apprentissage, de l’instruction, qui fait la différence, qui élève et ce, dans tous les sens du terme. Sans cette culture, qui va avec l’amour ou au moins le respect du pays qui la donne, comme une mère nourrit ses enfants à son sein, il n’y a rien, il y a le rejet, l’abandon, la violence. Or Jamel n’est pas le meilleur vecteur d’intégration, lui qui a basé son succès paradoxal sur l’Arabe qui ne sait pas parler français. Un ethnomasochisme qu’il n’a vraisemblablement pas mesuré.
On aurait pu imaginer un Jamel s’exprimant comme Paul Meurisse dans Le Deuxième Souffle, avec ses mots posés, son phrasé parfait, son vocabulaire fleuri... une véritable chanson, du rap franchouillard avant l’heure. Eh bien non, Jamel a été nourri au lait du français massacré, honni, d’une langue qu’il fallait rabaisser, ânonner, torturer, celle du « bicot du bled qui parle mal la Flance ». Dommage, c’eût été véritablement révolutionnaire, contre-pédestre, ouvrant des champs incroyables à des jeunes qui auraient été poussés non pas vers l’abaissement, mais vers l’élévation.
Jamel, à son corps défendant, n’a pas défendu le français, et son sabir de bébé-bicot qui fait rigoler les racistes qui s’ignorent ne le grandit pas. D’ailleurs, Jamel n’a jamais grandi. Il ne s’est jamais élevé. Quel plus mauvais exemple pouvait-on donner de la communauté des rabzas, comme on dit en banlieue ? Le jamélisme participera au cloisonnement et à l’isolement communautaire des jeunes des quartiers, qui heureusement ne sont pas tous comme ça.
Alors, sachant cela, faire de Jamel un secrétaire d’État, au point où en est l’État aujourd’hui, pourquoi pas. Ce ne serait qu’une étape de plus dans le rabaissement programmé par l’oligarchie. Une oligarchie qui a toujours « soutenu » Jamel. Et Jamel jouerait un rôle que des sorciers maléfiques auront encore concocté pour lui...