D’après des militants, Israël devient un havre de paix pour pédophiles, grâce à des lois autorisant tout juif d’y retourner légalement. D’après la Jewish Community Watch, 32 pédophiles issus de différents pays se sont installés en Israël ces dix dernières années.
Des militants craignent qu’Israël et sa « Loi du Retour » unique en son genre, s’adressant aux juifs du monde entier, ne devienne un havre de paix pour les pédophiles.
Toute personne juive à travers le monde peut bénéficier, tout comme sa femme, ses enfants et ses petits-enfants, d’une procédure accélérée pour l’obtention de la citoyenneté.
Un amendement de 1954 exclut « toute personne ayant un passé criminel susceptible de mettre en danger la sécurité publique », mais des militants affirment que des auteurs de sévices sexuels passent à travers les mailles du filet.
« Israël devient un refuge pour les pédophiles en raison de la possibilité unique pour les juifs du monde entier d’y immigrer », a confié à The Independent Manny Waks, victime d’abus sexuels et fondateur de Kol V’Oz, une association de soutien aux victimes. « Cela constitue non seulement un moyen assez efficace d’échapper à la justice d’autres pays, mais des personnes déjà condamnées peuvent également y trouver refuge ».
« Il est important de constater que bien que la procédure d’immigration comprenne certaines vérifications des antécédents criminels, il existe plusieurs manières de contourner cette mesure ».
La Jewish Community Watch affirme que 32 pédophiles figurant dans leur base de données ont immigré en Israël au cours des dix dernières années et que 12 pédophiles juifs se sont installés dans d’autres pays qu’Israël.
« Cette question est peu traitée dans le milieu Haredi [ultra-orthodoxes, NdT]. Il y a de sérieux manquements », a confié M. Waks de Melbourne au Times of Israel. « Ils font entrer et sortir des enseignants des yeshivas [centres d’études dirigés par des rabbins, NdT] sans le moindre contrôle. Le gouvernement israélien doit prendre conscience de ce problème et y apporter des solutions parce qu’il constitue une injustice envers les victimes et un danger pour les enfants israéliens ».
Un texto aurait été diffusé dans le quartier de Ramot à Jérusalem, selon lequel un délinquant sexuel de niveau 2 [risque de récidive moyennement élevé, NdT] se serait installé dans cette zone en novembre.
Le condamné a échappé à son arrestation par la police new-yorkaise en se rendant en Israël via le Canada en 2007 et fut inculpé par contumace de huit chefs d’accusation pour rapports sexuels avec deux enfants de 13 ans.
Il aurait été extradé et condamné en 2009 mais libéré en février 2012. « Après avoir purgé sa peine, toute personne a le droit de vivre sa vie », a déclaré Shana Aronson, coordinatrice des opérations pour Community Watch Israel.
« En revanche, la communauté a le droit de savoir qui sont ces personnes. Elles ne doivent pas être diabolisées plus que nécessaire pour le bien commun, mais rien n’est plus destructeur qu’un récidiviste. C’est exaspérant. Cela pourrait être évité ».
Mais les méthodes utilisées par les militants ont créé la controverse jeudi 17 novembre lors de l’audience, par la cour fédérale de Jérusalem, de la poursuite en diffamation intentée par Yona Weinberg à l’encontre du militant Yakov Horowitz. M. Weinberg, de Brooklyn (New York), qui s’est installé en Israël après avoir été condamné pour agressions sexuelles, accuse M. Horowitz de calomnie et de diffamation pour un tweet posté l’an dernier, suite à la venue de M. Weinberg en Israël.
La Loi du Retour permet aux juifs ne vivant pas en Israël, hormis ceux avec un « passé criminel susceptible de porter préjudice au bien-être public », de s’installer en Israël.
« Je comprends sincèrement et respecte le fait qu’on veuille le moins possible toucher à la Loi du Retour », déclare M. Horowitz.
« La Loi du Retour est un beau concept qui fait partie intégrante de l’ADN de l’État juif. Le problème semble être que, si on l’amende pour des délinquants sexuels, qu’en est-il des coupables de violence conjugale ? Ou pour un système de Ponzi [système de large escroquerie financière, NdT] ? Où fixe-t-on la limite ? » Cependant, selon lui, « la moindre des choses serait de surveiller les délinquants sexuels ».
Avi Mayer, porte-parole de la Jewish Agency, qui fait venir les juifs en Israël, aurait déclaré que l’autorisation d’un visa pour un criminel reconnu coupable repose sur « la nature du crime, quand il a été perpétré, et ce qu’il s’est passé entre-temps ». M. Mayer a aussi confié à The Independent « qu’une personne condamnée pour agression sexuelle se verrait refuser [la Loi du Retour] et donc empêchée d’immigrer en Israël ».
« Dans le cas rare où une personne ne pouvant prétendre à l’immigration en vertu de la disposition précitée recevrait néanmoins la citoyenneté sur base irrégulière, la loi permet à toute personne considérant qu’une telle décision lui porterait atteinte de faire appel devant les autorités compétentes ».
* Mise à jour. Cet article suggérait à l’origine que des pédophiles pouvaient entrer en Israël en tant que touristes pour ensuite « y rester indéfiniment ». Ce n’est pas le cas. Si une personne souhaite rester en Israël indéfiniment, elle doit faire une demande d’obtention du statut de résident permanent ou de citoyenneté et doit par conséquent se soumettre à une vérification de ses antécédents criminels.
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