L’aviation israélienne a bombardé dans la nuit de samedi à dimanche le centre de recherches scientifiques dans la banlieue Jemraya de la province de Damas, selon l’agence de presse syrienne Sana.
Un avion israélien abattu
Des sources syriennes ont assuré que les défenses anti-aériennes syriennes sont parvenues à abattre un avion de combat israélien, à proximité de la région de Mayçaloune entre Damas et le rond-pont de Zabadané.
Selon la 10ème chaîne de la télévision israélienne, les contacts ont été interrompus avec un des avions israéliens et deux pilotes, en l’occurrence Samuel Azar, et son assistant Eyssone Gary, ont ete portés disparus. L’avion se serait écrasé en mer, a indiqué le télévision.
Un coup de main aux milices syriennes
Parallèlement à l’attaque, des centaines de miliciens se sont déployés dans le quartier de Mazzé à Damas, attaquant des positions militaires gouvernementales.
"La nouvelle agression israélienne vise à alléger la pression subie par les groupes terroristes qui subissent les coups de notre armée" et "prouve la participation directe de l’entité israélienne au complot contre la Syrie", a dit Sana.
"Les raids israéliens vont s’intensifier en Syrie, au même rythme de l’avancée de l’armée syrienne sur le terrain contre les miliciens", a prévu un député du Conseil du peuple syrien, Charif Shéhadé, dans un entretien avec la chaîne de télévision russe Russia Today.
Selon le correspondant de notre AlManar, les miliciens de l’insurrection ont échoué dans leur tentative de prendre d’assaut la capitale syrienne.
43 sites visés, 300 victimes
Citant des sources sécuritaires syriennes, le correspondant de notre chaîne Al Manar a assuré que le raid aérien a visé un dépôt d’armement de l’armée syrienne régulière, des casernes militaires et un centre de défense aérien.
Selon l’agence Russia Today, le raid a visé les deux brigades 104 et 105 de l’armée gouvernementale. Le nombre des victimes serait de l’ordre de plusieurs centaines.
Il y aurait eu 300 victimes, indique Syria Truth, selon lequel ont été détruits totalement ou partiellement 43 sites et points militaires se trouvant dans la vallée du Barada, au nord-ouest de la capitale, et sur le versant de la montagne de Kassioune, qui surplombe Damas.
La détonation du raid a été entendue dans un diamètre de 30 km et les flammes ont été vues à une distance de 60 km. Les vitres des maisons ont été brisées à une distance de 20 km.
Des missiles anti-bunkers auraient été utilisés, toujours selon Syria Truth, 18 avions de combat ont participé au raid, et des missiles de type Tomahawks auraient été aussi tirés à partir de navires de guerre arraisonnant sur la Méditerranée, surtout contre les positions de Maaraba et d’al-Tal, sur la montagne de Kassioune.
Sous le couvert de l’anonymat, un diplomate à Beyrouth a indiqué pour l’AFP "qu’un important centre de munitions à proximité avait également été visé par les missiles israéliens".
"En outre, l’armée israélienne a frappé la division 14, une unité de la défense anti-aérienne syrienne, à Saboura, près de l’autoroute Beyrouth-Damas à l’ouest de la capitale", a-t-il poursuivi.
"Ces raids ont fait de nombreuses victimes parmi le personnel militaire", a précisé le diplomate.
"Comme un tremblement de terre"
"C’était comme un tremblement de terre", raconte dimanche Najwa, une Syrienne habitant à six kilomètres du site visé dans la nuit par l’aviation israélienne.
"En descendant de mon lit j’ai vu un ciel où se mêlaient de manière terrifiante le rouge et le jaune", affirme pour l’AFP cette femme qui réside à Doumar, un quartier du nord-ouest de Damas.
"Ces terribles explosions ont duré environ quatre heures et des amis m’ont dit que des attaques avaient été entendues jusqu’au centre de Damas", poursuit Najwa.
Bassam habite également à Doumar, qui, comme Jamraya, est une zone résidentielle tenue par l’armée jusqu’ici épargnée par la guerre qui secoue le pays depuis plus de deux ans. Lui aussi a été sorti violemment du sommeil.
"Vers 03H00 (00H00 GMT), une très forte explosion nous a réveillés. Tout l’immeuble tremblait", raconte cet instituteur de 60 ans.
"Ensuite, il y a eu une série d’explosions qui a duré une demi-heure et nous a empêché de dormir", poursuit-il encore tout tremblant.
"Je n’ai jamais vécu une horreur pareille", affirme de son côté Salwa, 50 ans, qui vit aussi à Doumar.
"Nous avons entendu de très fortes explosions. Nous avions le sentiment que les bombardements visaient notre maison", se rappelle cette Syrienne.
"Nous avons vu des flammes dans la montagne. Nous nous sommes blottis dans le couloir de la maison", confie-t-elle encore.
Israël contre le Hezbollah
Côté israélien, la rhétorique adoptée met l’accent sur le fait que l’attaque est contre le mouvement de résistance libanais le Hezbollah.
Un responsable ayant requis l’anonymat a dit que l’attaque "visait des missiles iraniens destinés au Hezbollah, au nord de Damas".
"Chaque fois que des informations parviendront à Israël sur un transfert de missiles ou d’armements de Syrie au Liban, ils seront attaqués", a-t-il ajouté.
"Ce que nous voulons c’est nous assurer que le Hezbollah ne profite pas du chaos syrien pour se renforcer", a déclaré à la radio militaire le député du Likoud (droite) Tzahi Hanegbi, un proche de M. Netanyahu, sans confirmer le raid.
Même rhétorique de la part du député israélien travailliste Shaoul Mofaz, selon lequel l’objectif du raid israélien contre la Syrie est une riposte à l’Iran et vise à empêcher la montée en puissance du Hezbollah. "En parallèle au démantèlement de la Syrie, le Hezbollah vise à devenir une force influente dans la région, et l’Iran l’y aide", a-t-il dit.
L’abattement israélien
Pour sa part, une source militaire iranienne a démenti que l’attaque ait visé des armements iraniens en Syrie.
Alors que le ministre iranien de la défense, le général Ahmad Wahidi a affirmé que l’offensive israélienne a obtenu un feu vert américain et révélé les relations entre les terroristes agents et leurs protecteurs israéliens.
"Ces tentatives désespérées sont un indice d’impuissance et non de puissance, elles sont la preuve de l’état d’abattement et de confusion de cette entité à l’encontre de la région", a-t-il indiqué, selon la chaîne de télévision iranienne arabophone AlAlam.
L’attaque de samedi visait des missiles russes
Samedi, le président des États-Unis Barack Obama a sans tarder donné son assentiment à une frappe que les médias américains ont été les premiers à révéler contre une présumée cargaison d’armements destinée au Hezbollah.
Il a estimé qu’Israël avait le droit de vouloir se protéger contre un transfert d’armes syriennes au Hezbollah libanais, en refusant toutefois de confirmer un raid israélien visant des armements syriens.
"Nous nous coordonnons étroitement avec Israël, en reconnaissant qu’ils sont très près de la Syrie, très près du Liban", a conclu le président.
Le site d’information syrien a confirmé l’information diffusée par l’AFP, citant une source diplomatique au Liban, et selon laquelle l’attaque a détruit des missiles sol-air récemment livrés par la Russie et entreposés à l’aéroport de Damas.
Le site révèle néanmoins que le bombardement israélien a été réalisé à l’aide de 4 ou 5 missiles Cruz de croisière, téléguidés par GPS via les satellites, et qui ont été tirés de l’espace aérien libanais.
Dans son édition de ce dimanche, le New York Times citant des sources au sein de l’administration US, a signalé que le convoi visé consistait en des missiles tactiques iraniens Fateh-110s destinés au Hezbollah.
Selon le quotidien, la cargaison se trouvait dans l’aéroport de Damas. Les avions israéliens ont tiré leurs roquettes depuis l’espace aérien du Liban voisin.