Egalité et Réconciliation
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Israël a offert des armes nucléaires à l’Afrique du Sud de l’Apartheid pour les utiliser contre ses voisins noirs.

Un épisode occulté de l’histoire vient de faire surface pour le plus grand embarras d’Israël et des USA dans leur campagne contre le programme d’enrichissement nucléaire iranien à des fins pacifiques de Natanz près de Isfahan.

Dans un interview récent, Tzahi Hanegbi, président du Comité de Défense et des Affaires Etrangères de la Knesset en Israël a dit : "Cela nous inquiète que l’Iran soit insensible aux pressions mondiales et ne tienne pas compte des demandes de l’Agence Internationale de l’Energie Atomique et de l’ONU, parce que le temps presse". Dimanche dernier le Premier Ministre israélien Benjamin Netanyahu a dit :"le plus gros danger auquel l’humanité aurait à faire face, serait qu’un régime radical dont la cruauté n’a pas de limites entre en possession d’armes nucléaires".

De telles explosions d’indignation à propos de l’Iran, semblent un peu suspectes quand on sait qu’Israël refuse d’admettre que lui-même possède un petit stock de têtes nucléaires. Toutefois s’il était difficile par le passé de prouver l’existence de cet arsenal, aujourd’hui ce n’est plus le cas.

Selon les services secrets américains, l’Iran ne semble pas posséder de programme nucléaire militaire, et son programme de recherche nucléaire civil respecte les règles du Traité de Non Prolifération Nucléaire. Le Conseil de Sécurité de l’ONU, cependant ne cesse d’insister pour que l’Iran cesse d’enrichir de l’uranium, bien qu’on ne comprenne pas ce qui autorise cet organe à modifier ainsi le TNP à posteriori. Mais il est exact que l’Iran n’a pas informé l’ONU comme il aurait dû le faire quand il a commencé à enrichir de l’uranium à la fin des années 1990. Et il est tout aussi exact qu’aujourd’hui l’Iran n’est pas aussi transparent avec les inspecteurs de l’Agence Internationale de l’Energie Atomique que l’ONU le souhaiterait.

De leur côté, les hommes politiques iraniens comme le porte parole du parlement Larijani et le Président Mahmoud Ahmadinejad ont menacé de se retirer de l’accord conclu la semaine dernière avec la Turquie et le Brésil selon lequel l’Iran enverrait une quantité importante de son stock d’uranium faiblement enrichi en Turquie pour être mis sous séquestre en échange de la fourniture par la communauté internationale de combustible enrichi à la hauteur de 19, 75 pour cent pour le réacteur qui produit des isotopes médicaux.

Barry Posen a démoli l’argument quelquefois brandi par ceux qui veulent "renverser Téhéran" selon lequel l’Iran fournirait des armes nucléaires à d’autres pays, y compris terroristes, s’il en avait. Cet argument fait partie des nombreux arguments fantaisistes invoqués contre Téhéran (puisque l’Iran n’a pas de bombe et n’en aura pas avant au moins 10 ans et que ce n’est même pas prouvé, selon les services secrets américains, qu’il cherche à en avoir).

On peut comprendre que l’allégation selon laquelle l’Iran fournira les pays voisins si l’on ne l’arrête pas, revienne hanter les artisans de la propagande pro-israélienne étant donné l’offre secrète de Tel Aviv de fournir des armes nucléaires à l’Afrique du Sud. Nétanyahu insiste sur le danger spécifique que l’Iran fait courir au monde, pourtant peu de régimes furent aussi cruels et menaçants pour leurs voisins que le régime d’Apartheid de l’Afrique du Sud, et il est loin d’être avéré que l’Iran veuille des missiles pour la même raison que l’Afrique du Sud.

Le Guardian dit avoir trouvé des textes de l’historien Sasha Polakow-Suranski dans les archives sud africaines qui démontrent qu’Israël avait proposé l’arme nucléaire à Prétoria en 1975. Ces documents sont commentés en détail dans le livre de Polakow-Suranski "l’alliance tacite : la relation secrète entre Israël et l’Afrique du Sud de l’Apartheid". les comptes rendus et notes qui concernent l’affaire ont été publiés par le Guardian.

Le gouvernement blanc sud africain semble avoir envisagé d’acheter ces ogives nucléaires pour les utiliser éventuellement contre leurs voisins noirs comme l’Angola, le Botswana, la Zambie et certains des pays du Mozambique dans lesquels le régime criminel faisait des raids.

Il faut rappeler à quel point le régime d’Apartheid d’Afrique du Sud était un régime inique, raciste et répressif. Des résolutions non contraignantes du conseil de sécurité de l’ONU dès 1960 préconisaient de ne pas vendre d’armes conventionnelles à ce régime, et encore moins des armes atomiques ! (La vente d’armes fut interdite par l’ONU en 1977, peu de temps après l’offre israélienne). L’impact de la suprématie blanche imposée officiellement sur la santé et le niveau de vie de la population était connu en 1978.

La coopération entre Israël et l’Afrique du Sud a même été jusqu’à utiliser la Ligue Anti-diffamation, un organe soit disant civil de défense des droits humains et de lutte contre l’antisémitisme, pour espionner et causer des problèmes à des personnes et des organisations de San Francisco qui soutenaient les Palestiniens ou luttaient contre l’Apartheid sud africain.

L’embarras s’est aggravé à cause des similarités croissantes entre la politique de l’Afrique du Sud contre les noirs sud africains et la politique israélienne contre les Palestiniens. On a l’impression que Gaza et la Cisjordanie se sont mises à ressembler aux homelands crées pour les Sud Africains privés de leurs droits civiques et devenus dans leur propre pays des étrangers soumis à un contrôle permanent.

Mais il n’est pas certain que le gouvernement Sud Africain d’Apartheid ait mis en place quelque chose d’aussi cruel que le siège et le blocus de la bande de Gaza. Une flottille de volontaires est en train d’essayer de briser ce blocus mais il est probable qu’elle sera repoussée avant d’avoir pu débarquer l’aide humanitaire qu’elle apporte aux habitants de Gaza à moitié morts de faim, et dont la moitié sont des enfants.

Qu’il soit intentionnel ou non, l’inégalité de traitement du Conseil de Sécurité de l’ONU en ce qui concerne d’une part les armes nucléaires d’Israël (y compris les folles menaces voilées de s’en servir et le dessein d’en fournir à d’autres pays) et d’autre part le programme pacifique d’enrichissement de l’Iran qui ne mènera peut-être jamais à la bombe a été mis en évidence par les révélations de Polakow-Suranski. A cause de ces découvertes, il sera un peu plus difficile aux USA et à Israël de convaincre d’autres états membres de l’ONU que l’Iran est un état hors la loi qu’il faut sanctionner tandis qu’Israël est inoffensif.

Pour consulter l’original :
http://www.juancole.com/2010/05/isr...

Pour consulter l’article du Guardian :
http://www.guardian.co.uk/world/201...