Alors que le gouvernement a présenté le 19 mars un nouveau plan interministériel contre le racisme et l’antisémitisme faisant de la lutte contre la haine sur Internet une des priorités, le jugement rendu le lendemain par la 17e chambre du tribunal correctionnel de Paris semble aller dans le sens inverse. Alain Soral, qui fait commerce de la haine depuis plus de dix ans à travers son site Égalité & Réconciliation, vient d’être relaxé ce 20 mars pour un photomontage manifestement antisémite.
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Comment comprendre ce décalage entre d’une part la jurisprudence établie, protectrice de la liberté d’expression mais luttant, conformément à la loi, contre le racisme et l’antisémitisme, et, d’autre part, cette décision de justice qui absout – et donc autorise – la propagation d’images nauséabondes par un marchand de haine multirécidiviste ? Comment comprendre ce raisonnement juridique qui, à rebours de toutes les analyses historiques et sémiologiques et jurisprudentielles, ne veut pas voir que les personnages présents dans ce dessin sont les symboles à peine camouflés de l’ensemble des juifs ? Faudra-t-il donc, pour qualifier une caricature d’antisémite que tous les juifs soient représentés ? Faudra-t-il donc, pour qualifier une caricature de raciste, que tous les noirs soient dessinés ? Faudra-t-il donc, pour qualifier une caricature d’homophobe, que tous les homosexuels soient montrés ?
Devant cette même chambre, Alain Soral comparaissait la semaine dernière, ou plutôt paradait devant une soixantaine de ses aficionados pour d’autres caricatures antisémites. En face du buste de Marianne, il a énuméré les préjugés antisémites les plus vils. Comment accepter que des insanités soient proférées dans une enceinte judiciaire ? Comment tolérer que des parties civiles et des avocats soient insultés, voire menacés ? Comment comprendre que le tribunal ait pu accepter « en vertu de son pouvoir discrétionnaire » d’entendre pendant plusieurs heures, en qualité de « témoins de la défense » quatre antisémites notoires, dont Hervé Ryssen, plusieurs fois condamné par le même tribunal pour ses propos antisémites ?
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Naturellement, nous faisons appel de cette décision. Nous attendons que le ministère public en fasse de même. Cette décision a été rendue « au nom du peuple français ». Elle peut et doit être contestée au même nom. L’État ne doit pas laisser les associations, une fois de plus, faire le « sale » boulot.
Signataires : Sacha Ghozlan, président de l’UEJF ; Marc Knobel, président de l’association J’accuse ! ; Renée Le Mignot, coprésidente du MRAP ; Alain Jakubowicz, avocat ; Jean-Louis Lagarde, avocat ; Stéphane Lilti, avocat.
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