Sous prétexte de lutter contre les attentats islamistes, Internet va désormais être scruté au microscope grâce à un arsenal technologique qu’Orwell n’aurait osé imaginer dans ses pires cauchemars.
La droite sarkozyste en rêvait, la gauche flanbyste l’a fait : sous prétexte de lutter contre les attentats islamistes, Internet va désormais être scruté au microscope grâce à un arsenal technologique qu’Orwell n’aurait osé imaginer dans ses pires cauchemars : équipement de traitement des données pouvant détecter des comportements suspects sur le réseau des opérateurs ; écoutes téléphoniques et interception de courriels en temps réel sur simple autorisation administrative ; possibilité de poser micros, caméras espions, balises de localisation. Jamais aucun gouvernement ne s’était révélé aussi attentatoire aux libertés individuelles. La Quadrature du Net y voit « une incroyable dérive […] en matière de surveillance des citoyens ». Souriez, vous êtes fliqué !
Mais ce n’est pas tout. Michel Sapin a décidé de revoir à la baisse le plafonnement des paiements autorisés en argent liquide, ramenés de 3.000 à 1.000 euros pour les Français, et de 15.000 à 10.000 euros pour les non-résidents. Le ministre espère ainsi empoisonner la vie des terroristes, qui règlent leurs achats en espèces. « Un sac Vuitton, ça va, une kalachnikov, ça ne vas pas », lâche-t-il, ignorant visiblement qu’un AK-47 se négocie autour de 300 euros dans les cités, là où une pochette siglée LV vaut au moins le double. [...]
L’argent liquide serait-il voué à disparaître ? C’est, en tout cas, l’avis des banques, qui trouveraient là un moyen de faire des économies – la gestion de la masse de billets et pièces, rien qu’en eurozone, leur coûte 60 milliards par an – et d’inciter les consommateurs à dépenser davantage, grâce à des transactions simplifiées et dématérialisées. La Norvège prévoit même, pour 2020, la fin des espèces. Il en résulterait une traçabilité parfaite de nos dépenses, une connaissance millimétrée de nos goûts, de notre vie. Nous deviendrions tributaires des desiderata des banques, puisque nous ne pourrions plus retirer nos deniers. « L’État aura un contrôle absolu sur l’argent de ses citoyens et des investisseurs », prédit le macroéconomiste Michel Santi. On en frémit d’avance…