Les blogueurs du Vrai Débat relaie une note de la Banque centrale européenne passé inaperçue. La Banque des banques imagine déjà les conséquences d’une rupture d’un Etat membre avec la monnaie unique.
L’événement est passé totalement inaperçu dans la presse française, et pourtant ce n’est pas rien. Le 19 janvier, la Banque centrale européenne (BCE) a publié, pour la première fois, une note d’analyse juridique sur les conséquences d’une rupture d’un Etat membre avec la monnaie unique.
Comme l’indique la BCE dans l’introduction de son document, « les développements récents ont, peut-être, accru le risque de sécession, et l’urgence de le considérer comme un scénario possible ».
En effet, si nous en sommes là aujourd’hui, c’est bien parce que plusieurs pays de la zone euro vont très mal. Il s’agit de la Grèce bien sûr, confrontée à un déficit supérieur à 12% du PIB et une dette en explosion (déjà 117% du PIB), mais aussi du Portugal, récemment « mis sous surveillance » par les agences de notation internationales, de l’Irlande, de l’Espagne et même de l’Italie.
L’ÉDIFICE EUROPÉISTE EST VERMOULU
Ces pays sont l’illustration que l’euro n’a pas réussi, contrairement à ce qu’affirment les médias français, à protéger nos pays de la crise. Bien au contraire : c’est au sein de la zone euro que la récession est la plus forte du monde, c’est ici que les pays sont entrés en récession les premiers, et c’est ici que depuis 15 ans la croissance économique est la plus molle.
Les pays cités précédemment concentrent toutes les difficultés de la zone euro, en les amplifiant. Privés de leur arme monétaire face à la crise, et ne pouvant compter sur une BCE tenue d’agir selon une « moyenne européenne », ils se retrouvent presque totalement démunis, contraints d’observer sans réagir l’explosion du chômage, de leur dette et l’effondrement de leur économie.
C’est pour cette raison, parce que la crise a révélé les failles structurelles de la monnaie unique, que l’édifice européiste apparaît tel qu’il est en réalité : totalement vermoulu.
La note de la banque centrale de Francfort démontre que la dislocation de la zone euro n’est plus seulement virtuelle. Mais elle montre aussi combien l’idéologie est en Europe plus forte que les faits : ce document est un violent condensé de menaces contre les pays qui seraient tentés de retrouver leur liberté monétaire, qui nous laisse penser que la « solidarité européenne » dont se targuent les idéologues de l’UE fonctionne tant qu’on accepte de rester dans les clous du projet européiste.
UNE « LIMITATION PERMANENTE DU DROIT DES ETATS »
Si par malheur un ou plusieurs pays avaient la prétention de s’en écarter, ils devraient subir les foudres d’une superstructure bien décidée à défendre son pré-carré ! Ainsi, alors que rien dans les Traités européens ne le prévoient, la BCE précise que la sortie de la zone euro signifierait l’expulsion immédiate de l’Union européenne...
Elle affirme que « 50 ans de construction européenne » ont créé « un nouvel ordre juridique » qui transcende « le concept largement obsolète de souveraineté » et imposent une « limitation permanente du droit des Etats ».
Oui, vous avez bien lu, la Banque européenne avoue explicitement que le concept de souveraineté, fondement de nos démocraties depuis deux siècles, est « largement obsolète » et que les Etats doivent sans cesse restreindre leur droit (donc leur liberté, au détriment bien évidemment de la démocratie et du libre choix des peuples).
Ce contexte posé, la BCE rappelle qu’« aucun Etat ne peut espérer un traitement spécial ». La flexibilité est bonne pour les autres, notamment les salariés, mais sûrement pas pour l’Europe qui restera, on peut lui faire confiance, droite dans ses bottes...
Ce document est donc intéressant à deux points de vue : il prouve d’abord que l’euro est bien menacé (ce qui représente bien un "risque", comme on l’entend partout en France, mais d’abord pour les eurocrates qui prospèrent sur ce système...), et il montre le vrai visage de l’Union européenne : une machine de plus en plus ouvertement en rupture avec la démocratie et de plus en plus menaçante avec toutes les tentatives de "dissidence".
Cette note n’a pas été publiée au hasard. Elle vise à faire pression sur la Grèce, et les autres pays tentés par la restauration de leur marges de manoeuvre monétaires. Il s’agit d’effrayer ces pays en les stigmatisant, et en faisant planer de lourdes menaces sur leur avenir.
L’objectif attendu est simple : ces pays devront se soumettre, conserver l’euro, couper à la hâche dans leurs dépenses, quitte à sacrifier l’emploi et le social.
La Grèce prévoit 22% de chômage cette année. Si on lui appliquait les méthodes de calcul américaines, ce taux avoisinnerait les 30%...Mais tant qu’elle reste dans l’euro, tout va bien !