Venu à Bordeaux à l’appel de treize parlementaires socialistes girondins, Stéphane Le Foll, ministre de l’agriculture et porte-parole du gouvernement Valls, espérait réunir la gauche. C’est plutôt raté.
Elle avait pourtant le sourire la députée PS Michèle Delaunay. Elle et l’ensemble des députés et sénateurs socialistes de la Gironde espéraient beaucoup de la réunion publique « Pour la France, pour la Gauche » qui se déroulait ce mercredi 29 juin à 18h30 à l’Athénée municipal de Bordeaux, en présence de Stéphane Le Foll et d’Alain Rousset :
« Nous avons voulu montrer que nous sommes réunis et mobilisés autour de l’action du Gouvernement et la nôtre au Parlement, affirme la député avant le début de la réunion. On raconte que le parti est tout émietté et en difficulté. Pourtant la gauche est là. Nous sommes pour le dialogue et nous n’avons aucune crainte ».
Déjà devant le parvis de l’athénée, un comité d’accueil d’une dizaine de personnes s’est mis à entonner : « Cette société, on n’en veut pas. C’est vous les casseurs, c’est vous la racaille ». Les chants se sont vite transformés en « Allez les Bleus ! » à l’intervention des forces de l’ordre pour les éloigner de l’entrée.
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« Ministre des pesticides »
Les membres de la sécurité se sont vite retrouvés à cran. Surtout quand Alain Rousset a été appelé au pupitre et présenté comme celui qui a incarné « la dernière victoire du parti chez nous ». « Ah ça oui, ça sera sans doute la dernière ! », réplique une femme. « Ta gueule » lui répond une autre avant qu’un nouveau dégagement musclé n’intervienne.
« C’est scandaleux ! » ont eu le temps de crier les indésirables tandis qu’Alain Rousset répondait :
« Ce qui est scandaleux, c’est de brutaliser le débat public ».
On ne compte plus les évacuations manu militari de la salle. Celle-ci, juste pleine, affiche aussitôt de nombreux fauteuils libres. Surtout quand le président de la Nouvelle Aquitaine ajoute sur un fond de « Huuuu » :
« Je partage l’inversion des normes de la loi El Khomri. Les organisations syndicales sont en train de devenir sectaires parce que leurs bases sont devenues faibles ».
Des voix s’élèvent indignées. Un photographe devant la scène s’agace ; il s’en prend à Alain Rousset et à Stéphane Le Foll qu’il accuse de « ministre des pesticides ». Il se fait dégager jusqu’à l’extérieur où il est confié, comme les autres, aux forces de l’ordre pour un contrôle d’identité.
- Le photographe Kami qui s’en prend à Stéphane Le Foll est évacué de force
Dans la salle, certains sont debout et menacent de quitter la réunion en signe de contestation. Quand le service d’ordre s’apprête à les y aider, Alain Rousset demande : « laissez, laissez, ça peut aller ». Les pour et les contre dans le public en viennent aux insultes. « Tu vas pas me faire ta rebelle avec ta gueule de bourgeoise ». « Chut ! Doucement » interviennent les membres de l’organisation, inquiets de l’image de la rencontre qui vire mal. Très mal.
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Un homme s’approche brandissant une feuille sur laquelle il a inscrit à la hâte « Valls démission ». Dans le dos du ministre, les gros yeux se multiplient. Le service d’ordre croit bon de plaquer l’homme violemment au sol (voir vidéo ci-dessous). L’homme, sous le choc, peine à se relever. Il crie au scandale dans le dos du ministre qui décide enfin de quitter la salle :
« C’est ça la démocratie ? On n’a même pas le droit de poser des questions ».
À la sortie, un sympathisant PS, dépité, regarde le sol en marmonnant : « Que la campagne va être difficile ! »