L’ex-sénateur essonnien sera de retour dimanche pour un meeting à Grigny. Mais hier, des élus d’opposition ont informé que le candidat Front de gauche y était « persona non grata ».
Le Parti des Grignois (PDG) — dont la composante à Grigny a enregistré 26% aux dernières municipales et compte plusieurs élus d’opposition menés par Kouider Oukbi (notre photo) — a déclaré hier l’ancien sénateur essonnien « persona non grata sur le territoire ». « Au départ, tellement la venue de Mélenchon nous semblait scandaleuse, nous avons cru à un poisson d’avril », tacle le porte-parole du PDG, Yassin Lamaoui.
Un « avis » d’interdiction de cité — alors que Mélenchon doit parcourir la Grande-Borne dimanche avant d’y tenir meeting — que le PDG justifie par « un refus de l’hypocrisie ambiante ». « Nous n’allons pas le laisser parader dans une ville que les élus Front de gauche ont sinistrée. Que des racailles en col blanc viennent faire campagne sur la misère des gens, qu’ils n’appliquent pas localement ce qu’ils prônent nationalement, nous ne pouvons pas l’accepter. »
Coup de sang ou coup… de pub ? En pratique, le PDG n’a pas prévu de barricades pour mettre à exécution son mot d’ordre. « Nous ferons des actions républicaines avec beaucoup de monde, sans aucune violence, sans aucun débordement, assure-t-il. Et s’il veut venir malgré tout, nous lui proposons une vraie visite, hors des sentiers balisés par son fan-club d’élus. »
Le PDG, un mouvement « pacifiste » sur le papier mais dont la violence des mots n’a pas échappé aux soutiens du candidat. En riposte, le collectif Front de gauche de Grigny assurait hier que « la Grande-Borne dit bienvenue à Jean-Luc Mélenchon ».
« Rien qu’à la Grande-Borne, nous avons 500 signataires du comité de soutien à Jean-Luc Mélenchon. Il est extrêmement attendu et c’est cela qui les énerve », pointe François Delapierre, directeur de campagne de Mélenchon et candidat aux législatives dans la 10e circonscription, dont fait partie Grigny. Il ajoute : « Ce vocabulaire est plus un vocabulaire de bande que de soi-disant responsables politiques. Jean-Luc vient à Grigny écouter le peuple, personne ne l’en empêchera. »
Philippe Rio, maire PC de Grigny, va même plus loin. « Nous ne nous laisserons pas prendre en otages par des gens qui refusent que la démocratie entre à la Grande-Borne et veulent ainsi en faire un ghetto. Mélenchon est le seul à ne pas parler de banlieue uniquement sur un plateau de télévision. Pour lui, quartier populaire, c’est quartier solidaire. C’est cela que les habitants attendent. »
"Antidémocratie ?" répond Omar Dawson, membre du PDG à Grigny. "Oui, mais nous, c’est une fois et de manière ouverte. Le déni de démocratie, le PDG le subit chaque jour à Grigny avec les refus de salle, de parole, la discrimination. C’est cela qu’on dénonce".