Angiolino Ventura disparaissait le 22 octobre 1987. Sa présence unique devant la caméra et son humanité, symbolisée par Perce-Neige, une fondation dédiée aux enfants en situation de handicap, ont su toucher le cœur des Français.
Il avait su séduire des êtres aussi différents que Gabin et Brel. Le premier avec sa présence unique devant la caméra, le second avec sa sensibilité à fleur de peau. Lino Ventura disparaissait, il y a trente ans déjà, le 22 octobre 1987.
Le temps a passé mais personne n’a oublié Angiolino Ventura, l’italien de Parme. Avant de devenir un acteur mythique, Lino avait été un des meilleurs catcheurs d’Europe. Il était devenu champion du continent en 1950. Ironie du sort c’est son ami Henri Cogan, qu’il retrouvera plus tard dans Les Tontons flingueurs, qui met un terme définitif à sa carrière de sportif lors d’un combat où il brise accidentellement sa jambe.
En 1953, le hasard va l’amener sur les plateaux de tournage. Jacques Becker a besoin d’une gueule de vrai dur pour son film Touchez pas au Grisbi. Il fait une proposition à Lino qui la refuse... puis l’accepte. L’ex-lutteur crève l’écran et se lie d’amitié avec Jean Gabin. Sa carrière est lancée.
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Lino Ventura en six leçons :
Les aventures gastronomiques de Lino Ventura avec Jean Gabin et Bernard Blier :
Lino Ventura et l’humilité :
« C’était quoi Lino Ventura ? » – Émission Blow Up sur Arte :
« 23 octobre 1987 : mort de Lino Ventura » – Le 20h d’Antenne 2 :
Extrait de Ne nous fâchons pas de Georges Lautner (1966) :
Extrait de Les Tontons flingueurs de Georges Lautner (1963) :
Extrait de Le Gorille vous salue bien de Bernard Borderie (1958) :
Lino Ventura a donné très peu d’interviews durant sa carrière. C’est l’une d’elles, accordée au Républicain Lorrain en octobre 1981, que nous vous proposons de relire ici pour le 30e anniversaire de sa mort le 22 octobre 1987.
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Il est vrai que Lino Ventura ne tourne pas souvent avec de jeunes réalisateurs.
Je ne suis pas contre et il y a des réalisateurs qui ont fait leur premier film avec moi, à commencer par Claude Sautet. Mais ceux d’aujourd’hui me soumettent des scénarios hautement intelligents sans doute, mais illisibles. Qu’on m’apporte une bonne histoire, bien charpentée, claire, intéressante, et je ne regarderai pas l’âge du metteur en scène.
Avez-vous des thèmes préférés ?
J’ai un goût prononcé pour des films d’aventures, les personnages virils, les héros solitaires, les sujets qui traitent de l’amitié. En revanche, je déteste la violence gratuite, et je suis incapable de jouer un assassin sanguinaire, un kidnappeur d’enfants, un détraqué mental, que l’on a pourtant osé me proposer. Mais il y a des films propres, justes, jusque dans la noirceur. Il faut que subsiste la notion du bien et du mal.
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Vous fuyez les films politiques qui pourraient sans doute vous offrir des personnages intéressants. Avec une exception toutefois, Cadavres exquis de Francesco Rosi.
Quand j’ai lu le livre ayant inspiré le film, je n’ai pas pensé à un quelconque aspect politique. Cela m’a semblé le plus captivant des romans policiers, avec un personnage exceptionnel. Que Francesco Rosi ait exploité le contexte politique ne m’a pas gêné. Car Rosi que j’admire, dont je suis l’ami et qui possède de grandes qualités humaines, est tout le contraire d’un opportuniste.
Du reste, si en effet je fuis les films politiques, c’est parce que généralement ils sont lourds, pesants, démonstratifs et souvent partiaux. Mais si un film veut faire passer des messages sans pour autant ennuyer le public, je suis pour.
Vous cherchez donc, avant tout, le cinéma commercial ?
Commercial n’est pas une marque infâmante tout de même. Je connais des « intellectuels » au sens péjoratif du mot, qui trouvent du génie à tous les films qui se projettent devant des salles vides, mais dès que l’un d’eux fait de bonnes recettes, il ne peut plus être génial. Pour moi, un seul critère : ou bien c’est bon, ou bien c’est mauvais. Et une question : Molière, auteur à succès, est-il sans talent, puisque commercial ?
Entre deux films, Lino Ventura mène sur les hauteurs de Saint-Cloud une paisible vie de famille, entouré de livres (ceux de Balzac, Céline, de Kessel, son ami disparu, et aussi de traités de cuisine). Parmi les disques, ceux d’un autre ami, Georges Brassens ont une place privilégiée. Les journalistes sont rarement admis à sonner à sa porte.
J’ai toujours préservé ma vie privée et sans trop de difficultés. Il y a longtemps que photographes et journalistes ont renoncé à trouver du sensationnel avec moi, parce qu’il n’y en a pas. Et il vaut mieux pour leur santé qu’ils n’inventent pas des choses inexactes. Or, si l’on veut écrire la simple vérité, cela ne peut intéresser personne puisque je mène une vie banale, sinon pour moi, du moins pour la presse. Et puis, j’ai du mal à me confier. Alors je préfère que l’on parle de mon travail, de mes films, et il n’est pas besoin de me rencontrer pour cela.