La France est le pays où l’on enregistre le plus haut taux de défiance envers les vaccins. Selon le Vaccine Confidence Project (Projet confiance dans les vaccins) dont les résultats ont été publiés sur EBioMedicine en septembre 2016, 41% des Français interrogés estiment que les vaccins ne sont pas sûrs, un record mondial.
En France, en 2017, trois vaccins sont obligatoires : ceux contre la diphtérie, le tétanos et la poliomyélite. Mais, pour les enfants nés après le 1er janvier 2018, seront aussi obligatoires les huit vaccins recommandés jusqu’alors, à savoir ceux contre la coqueluche, la rougeole, les oreillons, la rubéole, le méningocoque C, le pneumocoque, l’haemophilus influenzae B et l’hépatite B.
« Quand les vaccins sont obligatoires, les gens sont en confiance, personne ne doute de la sécurité du DT-Polio, que tout le monde fait », avait expliqué sur BFMTV Agnès Buzyn, le ministre de la Santé, qui espère que la réforme aura un impact sur la défiance française.
"Je supprime les sanctions spécifiques liées à l'obligation vaccinale. Mais une clause d'exemption est juridiquement impossible." #Vaccins pic.twitter.com/SKJsFtaXv5
— Agnès Buzyn (@agnesbuzyn) 26 septembre 2017
Si cette nouvelle obligation se veut être un gage de la sûreté des vaccins, elle a eu, pour certains, l’effet inverse. Franceinfo a interrogé ces parents, qui souvent ne se définissent pas comme des « antivaccins », mais qui comptent tout mettre en œuvre pour contourner cette obligation.
Fatima : « J’essaierai de trouver un pédiatre qui exemptera mes enfants »
Fatima ne compte vacciner ni son premier enfant de 18 mois, qui couvre sa voix au téléphone de gazouillements et de cris, ni son deuxième, qui doit naître en juin. « Je ne les vaccinerai pas, pas tant qu’on n’aura pas de vaccins sans aluminium », assène cette jeune maman de 26 ans, qui travaille dans le secteur du community management en Ile-de-France. Parmi les nouveaux vaccins obligatoires pour les enfants, tous en contiennent, à l’exception du ROR (rougeole-oreillons-rubéole).
Les sels d’aluminium sont « un sujet hautement polémique », reconnaît Liliane Grangeot-Keros, de l’Académie nationale de pharmacie. C’est le plus ancien adjuvant utilisé dans les vaccins pour accroître leur efficacité, en augmentant la réponse immunitaire. Et leur dangerosité est régulièrement mise en avant par les antivaccins pour justifier leur choix.
La communauté scientifique insiste pourtant sur le fait qu’aucune étude n’a prouvé que l’aluminium des vaccins pouvait être toxique. Le professeur Romain Gherardi, chef de service à l’hôpital Henri-Mondor de Créteil (Val-de-Marne), estime néanmoins que les particules d’aluminium pourraient être à l’origine de la myofasciite à macrophages chez des personnes génétiquement prédisposées.
Toutefois, « il y a très très peu de patients qui font état de myofasciite à macrophages à la suite d’un vaccin. Nous n’avons aucun signalement depuis 2015. Au long cours, on en a eu assez peu : moins de 10 cas diagnostiqués depuis 2006 », a expliqué l’Agence nationale de sécurité du médicament à franceinfo.
Fatima est engagée comme bénévole auprès de l’association Ensemble pour la liberté vaccinale depuis plusieurs années. Son cheval de bataille est le droit de choisir.
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Cindy : « Le soir même du vaccin, mon fils a vomi »
Le fils de Cindy reçoit un vaccin Meningitec contre le méningocoque C le 11 septembre 2014. Peu après, le laboratoire CSP (centre spécialités pharmaceutiques), responsable de l’exploitation du Meningitec en France, retire du marché tous les lots en cours de validité. Plusieurs seringues défectueuses, avec de la rouille sur le bouchon, ont été découvertes.
Le fils de Cindy avait 18 mois lorsqu’il a reçu le Meningitec. « Le soir même du vaccin, il a vomi et s’est endormi en tressautant, raconte Cindy. Et du jour au lendemain, pendant trois mois, il a eu une diarrhée terrible », qui le conduira à deux reprises aux urgences. Ensuite, son fils commence à développer des troubles autistiques.
C’était un bébé éveillé, en bonne santé, et là il n’avait plus de regard.