Il est difficile de lutter contre toute guerre réelle. Et cela exige de vraies tripes, de la discipline et de la détermination pour la gagner. Pendant des années et des décennies, la soi-disant « gauche » en Occident a été modérément critique à l’égard de l’impérialisme et du colonialisme nord-américain (et parfois même de l’européen). Mais chaque fois qu’un individu ou un pays se levait et commençait ouvertement à défier l’Empire, la plupart des intellectuels de gauche occidentaux fermaient tout simplement les yeux et refusaient d’offrir leur soutien total et inconditionnel à ceux qui mettaient leurs vies (et même l’existence de leurs pays) en jeu.
Je n’oublierai jamais toutes ces piques insultantes dirigées contre Hugo Chávez, des pointes venant de la « gauche anti-communiste » après qu’il eut osé insulter George W. Bush aux Nations unies 2006, le traitant de « diable » et suffoquant, théâtralement, à cause du soufre qui « imprégnait l’air » après l’apparition du président des États-Unis à l’Assemblée générale.
Je ne révélerai pas de noms ici, mais les lecteurs seraient surpris s’ils savaient combien de ces dirigeants emblématiques de la gauche américaine décrivaient Chávez et son discours comme « malpoli », « contre-productif »et même « insultant ».
Des dizaines de millions de gens sont morts à cause de l’impérialisme occidental après la Seconde Guerre mondiale. Sous la direction épouvantable de George W. Bush, l’Afghanistan, l’Irak ont été réduits en ruines… Mais on doit rester « poli »,« objectif » et garder la tête froide ?
Eh bien, ce n’est pas comme ça que les véritables révolutions ont été déclenchées. Ce n’est pas comme ça que les guerres réussies contre le colonialisme sont menées. Lorsque la vraie bataille commence, la « politesse » est en effet inacceptable, tout simplement parce que les masses opprimées sont infiniment exaspérées et qu’elles veulent que leurs sentiments soient enregistrés et exprimés par leurs dirigeants. Même la recherche de l’« objectivité » est souvent déplacée, lorsque des révolutions encore fragiles doivent affronter toute l’énorme propagande hostile du régime – de l’Empire.
Mais la question est celle-ci : est-ce que la plupart des gens de gauche en Occident soutiennent vraiment les révolutions et les luttes anti-colonialistes du monde opprimé ?
Je crois que non. Et c’est clairement visible à la lecture de la plupart des soi-disant médias alternatifs, tant en Amérique du Nord qu’en Europe.
Celui qui se lève, celui qui mène son pays à la bataille contre la dictature mondiale de l’Occident est presque immédiatement défini comme un démagogue. Il ou elle est très probablement baptisé comme « non démocratique »,et pas seulement par les médias de masse et « libéraux », mais aussi dans les pages de la soi-disant presse occidentale « alternative » et « progressiste ». Pas tous, mais certains, et franchement : la plus grande partie !
Chávez a en effet reçu très peu de soutien des intellectuels « de gauche » occidentaux. Et maintenant, alors que le Venezuela saigne, la République bolivariennene peut compter que sur une poignée de pays latino-américains révolutionnaires, ainsi que sur la Chine, l’Iran et la Russie ; définitivement pas sur la solidarité solide, organisée et militante des pays occidentaux.
Cuba a reçu encore moins de soutien que le Venezuela. Après la chute de l’Union soviétique, la gauche européenne n’a fait aucune tentative, en effet, pour sauver cette nation héroïque. C’est la Chine, à la fin, qui a couru à son secours et a sauvé le socialisme cubain (lorsque j’ai écrit à ce sujet, des centaines de gauchistes occidentaux m’ont sauté à la gorge et à la fin, il a fallu que Fidel confirme ce que je disais, dans ses Réflexions, pour qu’ils me lâchent). Ensuite, lorsque l’administration Obama a commencé à faire des avances dangereuses à La Havane, presque tout le monde en Occident a commencé à faire des grimaces cyniques : « Vous voyez, maintenant tout va s’effondrer ! Ils vont acheter Cuba ! » Ils ne l’ont pas fait. J’ai voyagé dans la chère île verte, et c’était tellement clair, dès le premier instant, que « la révolution n’est pas à vendre ». Mais vous ne le lirez pas souvent dans les médias « progressistes » occidentaux.
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À ne pas manquer, sur le Venezuela, la projection-débat sur Hugo Chávez
avec Vincent Lapierre le 28 octobre 2016 à Grenoble :
À venir très prochainement, la sortie du coffret « Hugo Chávez »
chez Kontre Kulture
Ce coffret comportera un documentaire réalisé en partie au Venezuela lors des obsèques de Hugo Chávez, ainsi que deux ouvrages écrits par Vincent Lapierre : une anthologie de discours ainsi qu’une biographie, très probablement la plus complète biographie de Hugo Chávez en langue française.
Les souscripteurs qui ont, avec patience, soutenu la réalisation du documentaire, recevront très prochainement par voie postale le DVD et le livre des discours.
Il est à noter que le documentaire, se voulant aussi complet que le livre dont il est issu, durera plus de 3 heures ! Sa réalisation en est d’autant plus longue, mais c’est le prix à payer pour offrir un véritable document exhaustif sur l’histoire du Venezuela, la naissance, la jeunesse et la formation de Hugo Chávez, sa prise de pouvoir, sa présidence puis sa mort.
Dès lors, le boitier DVD qui sera livré avec l’anthologie des discours ne comportera pour le moment que la première partie (histoire du Venezuela et l’ensemble de la vie d’Hugo Chávez jusqu’à son accès à la présidence). Bien entendu, dès que la deuxième partie (la présidence, la mort, les funérailles et l’héritage) du documentaire sera terminée, celle-ci sera envoyée gracieusement aux souscripteurs qui pourront ranger le deuxième DVD dans le boitier, à côté du premier.
La mise en vente se fera prochainement sur notre site partenaire Kontre Kulture. Un article sur le site Égalité & Réconciliation préviendra nos lecteurs.