BERLIN - Un haut responsable de l’Union chrétienne-démocrate (CDU) de la chancelière allemande Angela Merkel a salué mercredi dans une interview un clair changement de paradigme dans la politique française au lendemain de la conférence de presse de François Hollande.
« Il s’agit d’un clair changement de paradigme », s’est félicité Andreas Schockenhoff, vice-président du groupe parlementaire de la CDU et président du groupe franco-allemand au Bundestag (chambre basse du Parlement), sur l’antenne de RBB, radio publique berlinoise.
« Il faut voir désormais comment cela sera mis en œuvre mais les mots montrent un nouveau ton du président Hollande », a-t-il souligné.
« Pendant sa campagne électorale, il s’était positionné contre la politique de stabilité conduite par le gouvernement allemand et contre une politique d’austérité qui est un gros mot en France0, » a expliqué le parlementaire.
« Il dit aujourd’hui qu’il a sous-estimé la faiblesse de la croissance de l’économie française et qu’il faut faire quelque chose en faveur de la compétitivité et de la productivité0, » a-t-il relevé. « Nous espérons qu’il ira vite dans la mise en œuvre de ce qui a été annoncé. »
Le responsable conservateur a comparé le virage opéré par le président français au tournant de la rigueur qu’avait conduit son prédécesseur socialiste François Mitterrand en 1983.
« S’il veut faire quelque chose de son mandat et remettre la France sur la voie du succès économique, il doit avoir le courage d’un changement de cap radical, la question est de savoir si sa majorité au Parlement va le suivre (...) il doit maintenant faire preuve d’autorité », a encore dit M. Schockenhoff.
Lors d’une conférence de presse, mardi, le président français a annoncé plusieurs mesures destinées à soutenir la croissance dans le cadre d’un pacte de responsabilité qui prévoit notamment des allègements de charges de 30 milliards d’euros pour les entreprises et 50 milliards d’économies supplémentaires entre 2015 et 2017.
Une large part des médias allemands partageait mercredi l’analyse de M. Schokenhoff. Le Süddeutsche Zeitung (centre-gauche) titrait Hollande annonce un changement de cap et affirmait : « Il semble que François Hollande ait découvert avec retard la troisième voie, le chemin qu’avaient jadis emprunté Tony Blair et Gerhard Schröder. »
Le quotidien des affaires Frankfurter Allgemeine Zeitung estimait que le président français avait annoncé des réformes profondes. « Il a ouvert un chantier immense (...) On va suivre avec passion en Europe et particulièrement à Berlin s’il peut tenir ce cap. »
Certains commentateurs s’intéressaient également aux conséquences des révélations sur la vie privée du président. Le quotidien populaire Bild estimait que tout cela est déroutant mais très français et consacrait un long article à l’actrice Julie Gayet, cette femme blonde qui place Hollande dans une situation délicate, estimant qu’elle pourrait être la plus érotique First Lady depuis Marie-Antoinette.
Le quotidien de centre-gauche berlinois Tagesspiegel, dans un article titré en français "Le Scandale, c’est moi" jugeait que le président Hollande avait, avec cet épisode, perdu les derniers restes de sa crédibilité.