En dépit de l’état d’urgence, le journaliste Jean-Pierre Elkabbach et le conseiller d’Arnaud Lagardère Ramzi Khiroun se sont vu remettre la Légion d’honneur jeudi soir à l’Élysée par le président de la République.
Après avoir beaucoup hésité, François Hollande a finalement décidé de maintenir la cérémonie de remise de la Légion d’Honneur à Jean-Pierre Elkabbach et Ramzi Khiroun (du groupe Lagardère), six jours après les attentats qui ont ensanglanté Paris. Dans la salle des fêtes de l’Élysée se pressait donc jeudi soir « la moitié du gouvernement, la moitié du CAC40 et quelques journalistes », souligne un invité. Du beau monde donc, mais « moins nombreux que prévu », souligne le même, alors que 300 personnes avaient été conviées.
Le président de la République a prononcé, pour chacun des deux récipiendaires, un discours jugé « sobre », « de bonne tenue », « d’une grande dignité vu les circonstances », selon différents témoins. Il a justifié le maintien de la cérémonie par « la liberté de la presse » (sic), et par le « côté symbolique » de ce duo « parti de rien », qui fait désormais la pluie et le beau temps au sommet du groupe Lagardère, et dont l’un est un juif d’Oran, l’autre le fils d’un chauffeur de taxi algérien de Sarcelles.
« Ils sont évidemment les représentants d’un parcours républicain, mais on s’attendait plutôt à ce que le Président décore un type du RAID qui a tiré au Bataclan… » lâche un invité.
Du journaliste Jean-Pierre Elkabbach, 78 ans (discrètement prévenu par un huissier qu’il fallait se lever pendant l’allocution du Président qui lui était consacrée), entouré de son épouse Nicole Avril et de sa fille Emmanuelle, François Hollande a vanté, avec une affection manifeste, « l’amour de la vie ». « Ce que vous avez fait de votre vie, c’est de faire connaître la vie des autres », a-t-il résumé. Certes, « vous n’êtes pas aimé de tous, mais qui l’est ? », s’est amusé le plus impopulaire des présidents. « Vous avez été beaucoup viré, et à chaque fois vous êtes revenu », a encore plaisanté le chef de l’État, y voyant la preuve qu’« on peut ne pas être soutenu » et revenir au sommet. La salle a souri.
François Hollande est ensuite revenu sur l’exceptionnel parcours de Ramzi Khiroun, 44 ans, et notamment sur son long cheminement avec Dominique Strauss-Kahn, dont il a « su gagner la confiance », et qu’il a accompagné « dans les bons et les mauvais moments ». « On vous a toujours regardé comme un usurpateur, car vous n’étiez pas du sérail », a poursuivi François Hollande, qui s’est lui-même beaucoup méfié, lorsqu’il était patron du PS, de ce « Ramzi », et ne côtoie le directeur des Relations extérieures du groupe Lagardère que depuis la mi-temps de son quinquennat.