Bien sûr, vous connaissez Joseph Goebbels ou encore Heinrich Himmler. Mais sans doute pas Hjalmar Schacht (prononcez Yalmar Charte). C’est pourtant « grâce » à lui qu’Adolf Hitler est arrivé au pouvoir et surtout, qu’il s’y est maintenu. Dans Le Banquier du diable, tout juste publié aux éditions Max Milo, l’économiste Jean-François Bouchard dresse le portrait de cet homme, brillant et glaçant.
Pourquoi vous êtes-vous intéressé à Hjalmar Schacht ?
Alors que les dirigeants actuels sont incapables de redresser nos économies, cet homme a réussi à sauver l’Allemagne de la ruine… à trois reprises ! D’abord en 1923, en mettant fin à l’hyperinflation. Puis en 1924 et en 1929, en arnaquant les Alliés sur le paiement de la dette de guerre allemande. Enfin, dans les années 1930, en réduisant le chômage à néant. En cinq ans, il a remis 7 millions de demandeurs d’emploi au travail…
Qu’est-ce qui vous a le plus surpris chez cet homme ?
Son œuvre après la Seconde Guerre mondiale. Il a été –étrangement– l’un des trois acquittés du procès de Nuremberg. A sa sortie de prison, il a 74 ans et le sentiment qu’une nouvelle vie s’ouvre à lui. Ce sera le cas : il va devenir le conseiller économique de plusieurs pays en voie de développement. Il a notamment accompagné l’Iran dans la renégociation de ses contrats pétroliers avec des compagnies américaines et britanniques. Au cours de ces discussions, il sera menacé physiquement à plusieurs reprises. Ces intimidations n’entameront pas sa détermination. Il a consacré la fin de sa vie –il est mort à 93 ans dans son lit– à œuvrer pour le développement d’une économie plus harmonieuse et plus respectueuse du bien-être des populations. [...]
On sent chez vous une certaine admiration pour cet homme…
C’est difficile à reconnaître dans la mesure où, sans lui, le régime hitlérien et ses atrocités n’auraient jamais existé… Mais oui, j’admire sa détermination. Sur le plan économique, il a été un véritable génie. Il a transformé un pays arriéré, handicapé par le paiement de la dette de la Première Guerre mondiale en un État doté d’équipements extraordinaires –autoroutes, barrages, centrales thermiques, réseau téléphonique, etc. Il a transformé une ruine historique en une réussite historique… En 1940, grâce à lui, l’Allemagne serait devenue la première puissance économique au monde si elle n’était pas partie en guerre.