« En bon marin, je vous invite maintenant à jeter un coup d’œil au radar pour regarder au-delà de l’horizon. La future #LPM devra traiter de grands enjeux, au premier rang desquels la perspective d’une confrontation globale, qu’il faut désormais regarder avec lucidité. »
« Malgré tout ce qui a été fait [budgets] – et dont je suis profondément reconnaissant –, la Marine nationale va continuer de voir sa taille diminuer pendant les deux prochaines années. Depuis 1945, la marine n’a jamais été aussi petite qu’aujourd’hui. »
(L’amiral Vandier devant l’Assemblée nationale)
Même si l’on comprend que derrière ces scénarios apocalyptiques il y a un état-major qui fait la manche pour ses armées (terre, air, mer), selon la bonne vieille recette de la psychose et du budget, l’annonce est quand même inquiétante dans le registre de l’escalade verbale. Et même si l’on sait que le capitalisme dans sa crise ultime a besoin de la guerre pour se régénérer, aux dépens des peuples bien entendu, on a le droit de regarder l’Histoire et de ne pas répéter les conneries passées. Ce n’est visiblement pas ce qui a préoccupé l’amiral Vandier, qui fait preuve ici d’une assurance assez dangereuse, quand on connaît le développement exponentiel de la puissance militaire marine chinoise... Il ne s’agit pas de se coucher, mais de ne pas faire de guerre inutile au profit de l’oligarchie mondialiste et de l’Empire américain.
Arrogant et condescendant, l’amiral Vandier, CEM d’une Marine Nationale à bout de souffle, et dont il accompagne et valide la déshérence, déclare la guerre à la Chine à lui tout seul.
Le retour des « Mauvais généraux de 40 ». pic.twitter.com/VGAlVRs4S7— Régis de Castelnau (@R_DeCastelnau) August 13, 2022
Vandier ou Viandier ?
Sans nous demander notre avis, à nous victimes potentielles de leur « engagement », ces responsables militaires, qui font semblant de demander l’aval de l’Assemblée nationale, jouent avec notre futur et nos vies. L’amiral présomptueux est cité par Opexnews, qui développe ses informations dans un long thread. En voici les extraits les plus significatifs. On y apprend en passant que « la mer n’est pas vide ». Tenez-vous bien au bastingage, parce que ça va tanguer sévère dans vos têtes.
« Au soir de l’engagement, outre la bravoure des combattants, ce sont les choix du temps long qui font la différence et permettent d’affronter l’imprévisible. C’est ce qu’on a en stock au soir de la guerre qui permet de la gagner. »
« Le potentiel militaire naval russe est quasiment intact, à l’exception du #Moskva. La force sous-marine russe n’a quasiment pas été utilisée depuis le début du conflit. »
« La dépendance européenne aux flux maritimes est aussi considérable pour les biens de consommation et, depuis peu, pour l’énergie. La mer n’est pas vide, de très nombreux bateaux de plus de quarante mètres participent à un trafic qui bouge en permanence. »
« Chaque jour, quinze super porte-conteneurs, transportant 20 000 “boîtes” chacun, franchissent le canal de Suez en direction des ports européens. Débarqués, ces 300 000 containers représentent une file de camions ininterrompue de Brest à Berlin ! La voilà, notre dépendance. »
« Pour la marine, obéir au mot d’ordre du CEMA, “gagner la guerre avant la guerre”, c’est surveiller, comme nous le faisons depuis des mois, les flottes de surface et sous-marines russe etchinoise, en assurant le maintien de notre liberté de manœuvre et de la liberté de navigation. »
« C’est enfin atteindre le niveau d’agilité voulue par le CEMA dans l’emploi des forces. C’est ainsi qu’en 48h, nous avons fait basculer la mission du GAN, qui était engagé en soutien de l’Irak, pour participer à la réassurance aérienne du flanc oriental de l’OTAN. »
« Des patrouilles aériennes de combat (Combat Air Patrol, CAP) sont parties du porte-avions pour voler au-dessus de la Roumanie, de la Croatie et de la Bosnie, où des tensions émergeaient, en appui de nos alliés, notamment un GAN américain. »
« En bon marin, je vous invite maintenant à jeter un coup d’œil au radar pour regarder au-delà de l’horizon. La future #LPM devra traiter de grands enjeux, au premier rang desquels la perspective d’une confrontation globale, qu’il faut désormais regarder avec lucidité. »
« À l’heure actuelle, les Chinois construisent une flotte de cinq brise-glace pour s’offrir la possibilité de basculer leurs forces du Pacifique vers l’Atlantique, avec l’amitié des Russes. »
« Mon homologue norvégien, rencontré en mars, ne m’a pas parlé de la flotte russe basée à Mourmansk, mais de l’arrivée prochaine de la marine chinoise dans l’océan Atlantique. Bientôt, il ne sera pas nécessaire d’aller en mer de Chine pour trouver des forces militaires chinoises. »
« J’ai passé les deux dernières années à expliquer un peu partout que nous assistons à un mouvement de réarmement naval sans précédent depuis la Seconde Guerre mondiale. En 2030, le tonnage de la marine chinoise sera 2,5 fois supérieur à celui de la marine américaine. »
« En mer, les Russes sont régulièrement à moins de 2000 mètres de nos navires ; leurs systèmes d’armes sont actifs, comme ils nous le font régulièrement savoir en illuminant nos bâtiments avec leurs radars de conduite de tir. »
« Il faut avoir à l’esprit que, pour un navire de combat, la différence entre basse et haute intensité ne tient qu’aux ordres reçus. Dès qu’il quitte sa base, un navire de guerre est apte à toutes les missions pour lesquelles il est qualifié par son commandement organique. »
« Ce réarmement massif et ces comportements désinhibés font de la mer un lieu de démonstration de force aujourd’hui, et en feront un lieu d’affrontement demain. J’en suis convaincu. »
« Le deuxième axe d’effort est externe. Nous devons aller chercher, dans la coopération avec nos alliés, ce qui nous manque, pour parvenir à la masse critique. »
« Pour ce faire, il faut continuer à développer l’interopérabilité de nos systèmes, d’autant que l’accélération technologique la rend plus complexe. »
« Il faut que les systèmes se parlent et que les armes soient compatibles. Nous devons préparer la capacité à combattre ensemble. Contre la marine chinoise, nous gagnerons si nous nous battons ensemble, en coalition. »
Vous avez dit tension ?
Notre amiral Folamour a donné les clés de son engagement, qui nous emportera avec lui, sauf que lui aura le cul bien au chaud, et nous des têtes nucléaires au-dessus de la tête. On comprend que nous sommes la flottille de l’OTAN, donc des Américains, et que notre futur ennemi, après la Russie, sera la Chine, qui n’a déclaré pourtant de guerre à personne depuis sa libération, en 1949.
Certes, elle a participé aux guerres de Corée et du Viêt Nam, mais pour limiter l’avancée des Américains dans la péninsule indochinoise, de la même manière qu’ils le feront avec la Russie 30 ans plus tard, après la fin du pacte de Varsovie. On ne change pas une équipe de néocons fous qui gagne (pas souvent), dans l’état-major de l’Empire.
Vandier, lui, tranquillement, assure que ça va péter sur mer et qu’il se prépare à cette confrontation. Et il nous prépare aussi, mentalement, à crever pour ses maîtres, soit les élites mondialistes et le bras armé de l’Empire, qui va de l’épaule, le Pentagone, à la main, l’OTAN. Les Américains veulent briser la Chine avant qu’elle ne les domine, et ils envoient Vandier faire le garçon de courses.
Une réaction parmi d’autres au long plaidoyer de l’amiral en faveur d’une confrontation nucléaire terminale. Parce que ce sera nucléaire, ou ça ne sera pas.
Je ne savais pas que nous étions sur le point d'entrer en guerre...
Remarque, c'est vrai que ça fait longtemps que nous n'avons pas pris une branlée, ça commence à nous manquer.#PaysEnMousse
— Zubul (@Zubul) August 10, 2022
Débat sur la géopolitique navale entre Chine et USA (2018)
La Chine met à l’eau le Fujian, son 3e porte-avions (17 juin 2022)
Les pays non soumis à l’Empire s’organisent (janvier 2022)
Bonus : le JDD s’est demandé si l’armée était prête à un conflit de haute intensité...
L’entrée des forces armées russes en Ukraine le 24 février replace la probabilité d’un conflit de « haute intensité » au centre des débats dans le secteur militaire français. En juin dernier, le président de la commission des Affaires étrangères et de la Défense au Sénat Christian Chambon expliquait que « l’armée française est une force complète, un modèle composite, pouvant prendre en charge tout le spectre des missions mais disposant d’une faible épaisseur », notamment en termes de moyens. À l’occasion des auditions menées à huis clos en juillet par la nouvelle commission de la défense de l’Assemblée nationale, dont les comptes–rendus ont été publiés début août, les différents chefs d’état–major de l’armée française ont levé le voile sur leurs réflexions, relate Le Monde.
Ils ont notamment alerté sur les moyens peu nombreux et vétustes dont dispose l’armée française, et appelé le gouvernement à revoir à la hausse le budget de la défense alloué dans le cadre de la loi de programmation militaire (LPM) en cours (2019-2025), dont Emmanuel Macron a promis une « réévaluation ». « Notre capacité à être une force expéditionnaire ne nous rend pas instantanément aptes à conduire une guerre de haute intensité. Le changement d’échelle et le recouvrement des capacités que nous avons éclipsées sont des défis », a déclaré sans détour le général Thierry Burkhard, lors de son audition le 13 juillet, ajoutant que « vingt années de conflits asymétriques (…) ont conduit à des arbitrages réduisant certaines capacités »
Apparemment, pour nous, le conflit de « haute intensité » n’est pas pour demain.
Vandier pourra-t-il attendre jusque-là ?