Vive la technologie : grâce à l’IA, les artistes populaires et talentueux vont continuer à créer après leur mort. On pourra générer un nouveau Rembrandt via Midjourney, une chanson des Beatles ou un roman de Balzac inédit écrit en 2030 sur ChatGPT, produits à partir de leurs créations originelles. Paul, le dernier Beatles vivant avec Ringo, explique le procédé :
« Nous avons réussi à prendre la voix de John et à la purifier grâce à l’IA pour mixer l’enregistrement. Nous en sommes venus à faire ce qui sera le dernier enregistrement des Beatles, c’était une maquette de John à partir de laquelle nous avons travaillé. Nous venons de terminer et cela va sortir cette année. »
On reconnaît les yeux fermés la patte des Beatles, ce tempo ramollo et la rythmique hawaïenne chère à John, une chanson probablement écrite de la couille gauche dans un hamac, avec Yoko Ono qui hurle à côté.
Immédiatement, les fans de musique pensent à tous ces artistes morts trop tôt, qui auraient pu continuer – en théorie – à pondre des pépites. Déjà, le cinéma américain a pensé à numériser ses acteurs fétiches. Bruce Willis, qui a perdu la raison, reviendra peut-être dans un Die Hard 6 un jour, même si Disney préfère un reboot, une nouvelle version.
On pense au duo Miles Davis-Jimi Hendrix qui était sur les rails (sans jeu de mots) et qui n’a jamais vu le jour, car Jimi est parti faire un tour dans le cimetière céleste des « 27 », un 18 septembre 1970. Cinq mois plus tard, voici un avant-goût de cette collaboration rétroactivement mythique avec Duran (Take 4), où McLaughlin remplace Jimi à la guitare. On ne vous raconte pas le reste de la distrib – qui figure sous la vidéo –, ça donne le tournis.
Les gars, vous faites un article sur l’IA et vous finissez par raconter n’importe quoi avec du jazz bizarre, c’est pas sérieux. On y arrive. Mais pour ça, on va passer par Rick Rubin.
Rick Rubin est peut-être le producteur le plus important de ces 40 dernières années. De la création de Def Jam jusqu’à ses productions pour Run DMC, les Red Hot, Jay-Z, Adele etc… il a révolutionné l’industrie du disque.
Thread sur la carrière de ce Godfather de la musique : pic.twitter.com/fDjeNegI4A— Waxx (@waxxgyver) June 3, 2023
Les connaisseurs apprécieront ce portrait (cliquez sur le lien dans le tweet). Où on veut en venir ? La technologie en musique, c’est comme l’ordinateur aux échecs : c’est bien pour progresser ou pour ouvrir de nouvelles voies, mais ça ne remplace pas la créativité, l’idée, l’inspiration. Le jour où une machine ou un programme auront une inspiration, alors là on rendra notre tablier de sapeur.
Même si on numérise toute la musique imaginable – Deezer propose déjà 53 millions de titres, contre 35 pour Spotify –, même en bidouillant, en mélangeant les « sons », on ne pourra pas recréer la fêlure d’un Syd Barrett, à l’origine de ce talent inédit, inimaginable au sens littéral du terme. Car c’est cette erreur humaine qui donne naissance à une nouvelle branche musicale.
La machine ne peut pas prévoir ça : ensuite, et ensuite seulement, elle peut imiter, reproduire, transformer, établir des variantes à partir de cette dissonance. L’IA est le prolongement technologique supérieur de la mémoire de l’ordinateur, qui soulage celle des hommes, ou qui l’augmente. La spécificité humaine, c’est l’imagination, qui est le fruit d’une histoire personnelle.
Alors, faut-il avoir peur de l’IA ? Oui, si on est déjà robotisé. Et puis, franchement, Grow Old With Me (Grossis vieux avec moi), à côté de Strawberry Fields...