On a sauté quelques actes mais on revient aux affaires sociales, en cette rentrée 2019. Une bande d’irréductibles Gaulois réfractaires continue à emmerder le pouvoir visible, et cela montre que le noyau de la colère antilibérale est toujours vivace en France. C’est seulement après 10 mois d’une répression acharnée et jamais vue auparavant pour des manifestations politico-sociales, que le pouvoir pense avoir réduit le mouvement à néant.
Plus tôt dans la journée :
« Mais la rentrée qu’ils veulent fracassante, pourrait bien être en deçà de leurs espérances. Après avoir réussi à faire descendre dans la rue des centaines de milliers de contestataires depuis son apparition en novembre dernier, le mouvement pourrait s’étioler. D’ailleurs, “on n’est pas trop inquiet pour ce week-end”, signale-t-on dans les rangs de la police à Paris, où diverses mesures ont néanmoins été adoptées. Comme au plus fort de la crise, des arrêtés d’interdiction de manifester ont été pris et concernent le secteur des Champs-Élysées et de Notre-Dame. En parallèle, un dispositif de sécurité est prévu pour faire face à d’éventuels débordements. » (Le Figaro)
A #Montpellier, une poignée de #GiletsJaunes sont rassemblés selon la préfecture qui ne se fatigue même plus à donner un chiffre puisque les médias ne relaient plus.
Évidemment, ça calme mal la colère mais ça les rassure...#Acte43 #ActeXLIII pic.twitter.com/wXJucDSNES— Marcel Aiphan (@AiphanMarcel) September 7, 2019
Un mouvement réduit à néant ?
Il n’en est rien, évidemment : si de moins en moins de Français descendaient dans les rues, sur les ronds-points et autour des péages, ces machines à racketter le pauvre, c’est parce que le régime pourri de la paire Macron-Castaner a utilisé des armes presque létales contre la population. Et encore, en écrivant presque létales on fait injure aux morts et aux multiples blessés de cette révolte populaire. Le ressentiment est grand dans la population, et le pouvoir ne devrait pas s’avouer gagnant aussi vite.
La qualité des soins médicaux baisse, les urgences sont en grève, l’électricité augmente (de plus de 10 %, ce qui explose le niveau de l’inflation réelle, on ne parle pas des taux trafiqués de l’INSEE, cet auxiliaire du pouvoir, des pouvoirs), les prix des TGV sont à un niveau historique, la Vieille Dame engrangeant le plus possible de cash avant l’arrivée de la concurrence allemande et italienne prévue pour fin 2020 et qui a déjà été maintes fois repoussée, les retraites, indemnités de chômage et prestations sociales sont réduites, les produits de première nécessité augmentent (voir la patate), le bas de laine des Français fond, le pouvoir mise sur de nouveaux radars, qui sont à nouveau détruits par les rackettés, qui désormais ne croient plus au prétexte fallacieux de santé publique selon l’équation « + de radars = + de vies sauvées ». On va vers un grand clash, c’est certain.
La France bouillonne, et de multiples mèches peuvent mettre à nouveau le feu aux poudres sociales. Comme nous l’avons écrit dans un article figurant dans le financement participatif de la Rédaction, les mouvements sociaux d’ampleur génèrent toujours – c’est historiquement démontré – des radicalisations politiques et activistes, et ces radicalisations génèrent elles-mêmes toujours un noyau de terrorisme. À la différence près qu’il ne s’agit plus de terrorisme d’État piloté par des ingénieurs sociaux du pouvoir profond et dirigé contre la population pour la maintenir dans la peur, donc dans l’inhibition de l’action (sociale), mais de terrorisme bas-haut comme il y a des missiles sol-air.
« Mais ce mouvement imprévisible, qui a bien longtemps pris de court le pouvoir et qui a surpris par son ampleur, reste sous étroite surveillance. “Même si on n’est pas aujourd’hui sur des niveaux de mobilisation importants, ces rassemblements peuvent être l’occasion de voir s’agréger les mouvances radicales d’ultragauche, lesquelles souhaitent que tout bascule dans la violence”, signale un expert. »
Il n’y a pas qu’une frange de l’ultragauche qui cherche le conflit, il y a aussi une frange de l’ultradroite et les deux franges pourraient bien faire un jour leur jonction inopinée dans une action contre l’oligarchie. Ce que nous ne souhaitons pas, bien sûr, puisque ça signifierait la montée d’un cran dans la répression des libertés, qu’il s’agisse de celles de manifester ou de s’exprimer. Quand on voit ce que les télés à la botte du pouvoir nous proposent, on mesure le fossé entre la parole autorisée et la parole réelle. Cette distance est la mesure de la colère sociale.
#GiletsJaunes #YellowVests #acte43 Paris
On est là !
We are still there ! pic.twitter.com/f0YZYu1l9Q— A.D (@AD12369002) September 7, 2019
« “Cela va repartir de plus belle”, assure un manifestant qui mise sur une rentrée sociale difficile pour de nouveau faire descendre les Français dans la rue. Les quelques figures historiques du mouvement, qui jouent encore un rôle de mobilisation, vont aussi tout faire pour maintenir la pression. De nouveau condamné, mercredi, pour avoir précédemment manifesté avec une matraque, Éric Drouet a ainsi annoncé sa présence ce samedi à Paris. Comme d’autres, celui-ci invite les manifestants à ne plus revêtir le gilet jaune. Afin de ne pas être repéré par la police… »
Lorsque les députés ont obtenu la fermeture des maisons closes après la Seconde Guerre mondiale, les bordels traditionnels ont fermé, laissant la place à une multitude de bordels cachés, tandis que la prostitution de rue et de bois explosait, au grand dam des riverains. De la même façon, quand un pouvoir écrase un mouvement contestataire, il le multiplie et en perd le contrôle.
Pour corroborer notre petite analyse de la dégradation des comptes des Français, dégradation qui grignote inexorablement la classe moyenne, nous avons retrouvé un article du Monde datant du 2 septembre 2019 et intitulé « Mes parents étaient instituteurs, et ils n’avaient pas besoin d’emprunter pour leurs dépenses ». Le message est clair : dans des conditions identiques, nos parents vivaient mieux. Témoignage de Betty, 50 ans, prof des écoles dans le Gers.
« Je travaille à 15 kilomètres de chez moi, dans un autre village. J’ai fait le choix d’habiter à un quart d’heure de voiture et ce choix pèse dans mon budget : au moins 200 euros d’essence par mois, auxquels s’ajoutent environ 1 000 euros d’entretien par an. Le reste de mon budget est serré : il y a les 800 euros de traites de la maison, et mes deux filles. Comme l’aînée a eu 20 ans, les aides de la CAF se sont arrêtées, mais elle fait des études et c’est maintenant que j’aurais le plus besoin d’aide ! J’ai aussi perdu 90 euros par mois de l’Éducation nationale, le “supplément familial de traitement”. Depuis cinq ou six ans, mon salaire baisse de 15 euros tous les mois de janvier, à cause de la hausse des cotisations. Résultat, je paie la cantine en trois fois, et, en fin de mois, je fais le plein d’essence par tranches de 20 euros. Quand mon ordinateur m’a lâchée et que ma deuxième a eu besoin d’un traitement non remboursé, j’ai emprunté 2 000 euros. Mes parents étaient instituteurs tous les deux, et ils n’avaient pas besoin d’emprunter pour assurer leurs dépenses. »