Pour neutraliser la contestation, la fronde populaire contre un Système qui entend liquider une construction nationale vieille de 15 siècles, l’âme de la France en diluant notre État, notre souveraineté, notre identité dans le grand tout eurofédéraste, marchepied d’une future gouvernance mondiale, l’alliance des européistes des deux bords est théorisée depuis des lustres. Union sacrée préconisée par ceux qui ont anticipé la montée inéluctable des populismes afin d’empêcher l’accession au pouvoir du courant patriotique.
Alain Juppé avait une expression pour désigner cette volonté là, il s’agit dit-il, de « couper les deux bouts de l’omelette ». C’est-à-dire prendre l’assurance de rejeter définitivement en périphérie, hors du champ de la gouvernance, les « extrêmes », en créant un vaste parti central de gouvernement, bruxellois, progressiste, par essence libéral-libertaire et sans-frontièriste, compatible avec la feuille de route mondialiste.
La nomination hier par Emmanuel Macron , du député-maire LR du Havre, le juppéiste Édouard Philippe au poste de Premier ministre (aussitôt félicité par son mentor maire de Bordeaux), s’inscrit dans cette démarche, au-delà même de la manœuvre visant à fracturer la droite LR-UDI après avoir détruit le PS. Les médias, et notamment L’Express, ont rappelé ces dernières heures les propos peu amènes du nouveau locataire de Matignon sur l’ouverture à gauche de Sarkozy en 2007 …et sur Emmanuel Macron au moment des primaires de la droite. Un jeune énarque (46 ans) est-il encore précisé, qui pratique la boxe et le ping-pong, les imitations, a peur des requins, du FN, a publié un livre érotico-machiste et se livre à des blagues scatologiques sur Twitter…
Spécialiste des marchés publics, directeur des Affaires publiques du groupe Areva pendant trois ans, Édouard Philippe décrit comme brillant, mais aussi parfois cassant et distant, fut encarté deux ans au PS dans sa jeunesse, de tendance rocardienne si l’on en croit son acolyte à l’Ena, le député PS Jérôme Guedj, avant de choisir « la droite » pour faire carrière. Épinglé par la Haute autorité pour la transparence de la vie publique (HATVP) pour le flou sur sa déclaration de patrimoine de 2014, pourtant exigée par la loi, le nouveau Premier ministre a été également désigné comme étant au nombre des députés les moins actifs de cette législature qui s’achève.
E&R note aussi de son côté, via le site lapravda.ch qu’Édouard Philippe partage également avec le young leader Emmanuel Macron, le fait d’avoir été adoubé par la très influent cercle mondialiste Bilderberg.
Chef de l’État qui a accueilli sans surprise les encouragements de l’AFEP (Association française des entreprises privées), « où se côtoient les poids lourds du CAC 40, loin de la plèbe des petits patrons), le GFI (Groupe des fédérations industrielles) et le Cercle de l’Industrie (fondé par Dominique Strauss-Kahn) ». Il lui est demandé de « faire avancer le projet européen », de faciliter l’avènement d’« un parlement de la zone euro et en faveur d’une convergence budgétaire, fiscale et sociale ». Il s’agit bel et bien de « franchir une étape décisive en matière d’intégration, insiste le texte, qui reprend ainsi certaines propositions au cœur de la campagne d’En Marche !. »
Un projet soutenu avec enthousiasme d’ores et déjà par Benoist Apparu, Jean-Louis Borloo, Christophe Béchu, Pierre-Yves Bournazel, Dominique Bussereau, Maël de Calan , Laurent Degallaix, Gérald Darmanin, Christian Estrosi, Fabienne Keller, Nathalie Kosciusko-Morizet, Grégoire de Lasteyrie, Bruno Le Maire, Jean-Luc Moudenc, Franck Riester, Arnaud Robinet, Jean Rottner, Thierry Solère…
En tout une vingtaine d’élus LR et UDI (ils seront plus nombreux à l’Assemblée, une fois les élections législatives passées…) qui ont appelé hier les personnalités de leurs partis à « répondre à la main tendue » par Emmanuel Macron suite à la nomination de M. Philippe. « Un acte politique de portée considérable » est-il écrit dans leur communiqué commun, « la droite et le centre doivent prendre la mesure de la transformation politique qui s’opère sous leurs yeux. Plutôt que les anathèmes, les caricatures, les exclusions, nous demandons solennellement à notre famille politique d’être à la hauteur de la situation de notre pays et de l’attente des Français, qui, au lendemain de l’élection d’Emmanuel Macron, attendent de nous d’être au rendez-vous de l’intérêt général »…
« Leur » intérêt général certainement, celui d’une France libre assurément non ! note Bruno Gollnisch. Passés maîtres dans l’art de l’inversion accusatoire, celles et ceux qui entendent se maintenir à la tête de notre démocratie confisquée, ralliés par idéologie ou intérêt à ce système à tuer les peuples, ne font pas dans la finesse. À l’instar d’un Bernard-Henry Lévy qui saluait dans Le Point la victoire de M. Macron. Il expliquait avoir eu « l’impression » au cours de cette campagne « que les deus ex machina, acharnés à la perte du jeune homme (M. Macron, NDLR), erraient quelque part entre Moscou, Washington et Montretout » (sic).
Peut-on à ce point prendre ses lecteurs pour de imbéciles ? Même le plus aveugle des macronistes a pu constater que, de manière autrement plus tangible, réelle et avec une puissance de feu sans commune mesure, M. Macron avait derrière lui l’ensemble des gros médias, des puissances d’argent, le soutien de toutes les structures, officines, obédiences, françaises et étrangères communiant dans l’euromondialisme.
Après cette victoire acquise le 7 mai , « s’engage le combat clair, front contre front, entre ceux qui ne croient pas morte l’aventure de la liberté et ceux qui en ont fait le deuil » indique encore l’inénarrable BHL.
Il ne croit pas si bien dire.