Il faut immédiatement rappeler François Hollande pour régler le conflit syrien ! Ds une itw surréaliste au Monde, l'ex-PR suggère des zones d'exclusion aérienne, notamment au-dessus d'Afrine et de "menacer" la Russie. Comme s'il n'avait pas été aux affaires ! pic.twitter.com/Ocgyfjtv9g
— Georges Malbrunot (@Malbrunot) 12 mars 2018
Le Monde a interrogé l’ex-président de la République François Hollande, que les Français ont oublié en moins de 24 heures le 7 mai 2017, date de l’élection d’Emmanuel Macron. Le larbin de l’Empire qui voulait attaquer la Syrie tout seul en 2013 suite au « gazage » de la Ghouta revient sans honte sur la situation syrienne, lui dont le quinquennat fut le pire dans toute l’histoire de la Ve République. Le pire dans quasiment tous les domaines : économique, politique, sociétal, social, militaire, sécuritaire, diplomatique... Une catastrophe nationale et personnelle d’un homme qui n’était pas au niveau, juste à celui des petites combinazione du PS, un parti désormais détruit. Une leçon politique qu’il n’a visiblement pas comprise...
On remarque que la sortie anti-Assad et anti-Poutine du conjoint de Julie Gayet (superbe reportage dans Paris Match sur la « productrice » française à Hollywood et son amour enfin officialisable) coïncide avec l’offensive antiturque et pro-kurde de BHL qui signe une chronique « Justice pour les Kurdes ! » dans La Règle du jeu. L’avis de naissance du comité Justice for Kurds/Justice pour les Kurdes conjointement annoncé par Thomas Kaplan dans Libération et dans le Washington Post. Il ne manque plus que la signature des patrons de la CIA et du Mossad pour que la fête soit complète.
Avant de jeter trois morceaux de l’interview de l’ex-premier employé de l’oligarchie par le journal officiel de l’oligarchie, voici les arguments de la résistance antirusse de BHL et ses amis :
« Ce Comité de droit américain, basé à New York, se donne pour tâche de défendre ce peuple épris de liberté, ami de nos deux pays, qui fut un formidable rempart contre Daech en Irak et en Syrie et qui est entré dans la nuit parce que, le fascislamisme vaincu, nous l’avons abandonné à ses puissants voisins qui ne lui pardonnaient pas son rêve d’indépendance. »
À l’entendre, ce sont les Kurdes qui ont libéré la Syrie des islamistes de Daech et al-Nosra dont on rappelle la proximité avec les intérêts israéliens, au cas où BHL l’aurait oubliée. Et il est, comme souvent avec BHL, question de « dette » à payer, pardon, à « honorer » :
« Il est indigne de rejeter un peuple valeureux dont on n’a plus besoin. D’autant que ce très vieux peuple demeure, dans le Moyen-Orient soumis aux dictatures militaires et religieuses, un peuple libre, ouvert, tolérant, au sein duquel toutes les croyances sont respectées et les femmes et les hommes ont les mêmes droits. Dans les heures sombres que les Kurdes traversent pour avoir cru, après cent ans de lutte et trois ans de guerre victorieuse contre Daech, que l’heure de la liberté avait sonné, le message de JFK sera simple : nous devons honorer notre dette envers eux. »
Attention, « JFK » n’est pas l’acronyme de John Fitzgerald Kennedy, le président américain assassiné en 1963 par une organisation étrangère aux intérêts du peuple américain mais bien Justice For Kurds. L’appel se termine par une privatisation des élus français, comme il se doit :
« La première manifestation de JFK en France aura lieu au Sénat, le 30 mars 2018, dans le cadre du colloque international “Les Kurdes après leur victoire contre Daech, état des lieux et perspectives” organisé par l’Institut kurde de Paris. »
Retour au Monde et à Hollande, spécialiste de la Ghouta et de ses massacres depuis août 2013 avec l’accusation permanente portée – malgré les conclusions de l’Organisation pour l’interdiction des armes chimiques – à l’encontre de Bachar al-Assad. L’ex-président que plus personne n’écoute sort de son « silence » pour ânonner le discours officiel du pouvoir profond américain.
Première question – « Pourquoi avez-vous décidé de sortir du silence sur la tragédie syrienne ? » – et sa réponse in extenso :
« Je me sens à la fois solidaire et responsable. Solidaire parce que je n’oublie pas ce que les Kurdes ont pu faire en un moment extrêmement difficile pour permettre à la coalition de chasser Daech de Rakka et au-delà. Il n’est pas possible de célébrer la libération d’une partie de la Syrie et de laisser mourir des populations entières dont on sait qu’elles ont joué un rôle déterminant pour arriver à ce résultat.
Mais je me sens également responsable pour la Ghouta. Je n’avais pas été l’auteur de la fameuse ligne rouge. C’est Barack Obama qui l’avait définie à propos de l’utilisation des armes chimiques. En août 2013, les États-Unis, après un bombardement au gaz sarin par le régime [de Damas] dans la Ghouta orientale, plutôt que mener des frappes militaires, avaient préféré négocier avec les Russes et la communauté internationale la destruction de l’arsenal chimique du régime. Nous les avions suivis.
Bachar Al-Assad a néanmoins gardé de telles armes et il n’hésite pas à continuer à y recourir, même s’il le fait de façon plus discrète et donc plus pernicieuse encore. La Russie, elle, est toujours là pour bloquer aux Nations unies des enquêtes pouvant déboucher sur des sanctions. Elle est toujours là aussi pour empêcher que des résolutions soient votées au Conseil de sécurité, ou faire en sorte qu’elles demeurent lettre morte. »
Larbin un jour, larbin toujours ! La suite est de la même eau :
« Il y a en Syrie aujourd’hui trois grands acteurs qui sont à l’offensive. Le régime, bien sûr, qui avance en détruisant avec l’aide de combattants iraniens ou du Hezbollah. Après Alep et d’autres villes, c’est maintenant le tour de Damas, car la Ghouta, c’est la banlieue de la capitale. Le deuxième acteur, c’est la Russie qui, face à l’inertie des pays occidentaux, appuie cyniquement le régime et contribue même aux exactions. Le troisième, c’est la Turquie, qui a compris, après avoir été un moment en conflit avec Moscou, la partie qu’elle pouvait jouer : le partage. Ce n’est pas une coïncidence si ces deux épreuves de la Ghouta et d’Afrin se déroulent au même moment. La Russie a laissé faire Ankara à Afrin, et la Turquie va retirer une partie des rebelles qu’elle soutient de la Ghouta, dont certains pourront même aller en renfort dans l’attaque contre Afrin. »
On résume : les responsables du conflit syrien et de ses victimes ce sont les forces d’Assad, les Russes et les Iraniens. Quelle chance, exactement l’axe du Mal défini par le fils Bush en 2003 ! Ça alors ! Les grands esprits géopolitiques se rejoignent toujours.
La prise de position atlanto-sioniste de François Hollande est claire, nette, sans bavure. Nous avons eu pendant cinq longues années à notre tête un employé de l’axe du Bien américano-israélien car il a les mêmes amis, les mêmes ennemis et le même discours. Ce qui suit semble tout droit sorti de la bouche d’un va-t-en-guerre du Pentagone :
« La Russie se réarme depuis plusieurs années, et si elle est menaçante, elle doit être menacée. En permettant à Ankara de bombarder nos alliés kurdes en Syrie, Moscou pousse aussi pour une division de l’OTAN. Car il y a à peine un an, Vladimir Poutine n’avait pas de mots assez durs contre le président turc Recep Tayyip Erdogan. Maintenant, ces deux pays se sont mis d’accord pour un partage de la Syrie. »
Mais la conclusion et dernière réponse vaut son pesant de soumission :
« Les forces turques et leurs supplétifs syriens sont aux portes d’Afrin. Que signifierait sa chute pour les acteurs que la France soutient dans la région et au-delà ? »
« Cela signifierait qu’on laisserait tomber nos alliés au lendemain d’une victoire que nous avons célébrée ensemble, et que ce qui se passerait à Afrin se passera demain ailleurs. Ceux que nous soutenons ailleurs dans le monde pourraient alors penser qu’ils ne sont pas protégés. Que vaut la parole quand elle n’est plus respectée ? »
Pas mal dans la bouche d’un spécialiste du double discours, de l’erreur stratégique et du foirage tactique.
Certains observateurs verront dans cet entretien la persistance de la tendance atlanto-sioniste pure et dure – habituellement incarnée par Manuel Valls – du pouvoir profond français, en opposition avec celle du président Macron, plus enclin à négocier avec les pays de « l’axe du Mal ».
Spéciale dédicace à François Hollande :