Licite ou illicite, peu importe : la drogue se démocratise et la France se drogue. À part les bébés, on se demande qui ne s’est jamais drogué, chez nous (en France, pas chez R&R).

Les ados prennent du PTC (pète ton crâne), les étudiants picolent, les gauchistes fument la weed, les footballeurs inhalent du « ballon », les députés sniffent de la coke, les artistes gobent des ecstas, les boomers avalent des médocs, les homos prennent du 3-MMC, et on ne parle pas des millions de Français, tous âges confondus, accros aux psychotropes. N’oublions pas les plus pauvres qui se défoncent à la colle, à l’éther, au picrate.

Chez les mineurs, la conso d’antidépresseurs a explosé depuis cinq ans. Que s’est-il passé en 2020 ? On ne voit pas...

« Ça fait mal au cerveau »

On le sait, chaque mode, chaque génération a sa drogue, on ne va pas revenir sur ce marronnier. Si l’herbe n’est pas une drogue dure, le PTC a déjà envahi les lycées et collèges. Alors que les adultes pensent qu’il s’agit d’une banale cigarette électronique parfumée, les mômes se défoncent tranquillou dans la cour de récré.

Cette drogue s’avère d’autant plus sournoise qu’elle présente un aspect relativement inoffensif. Fabriqué en laboratoire, ce produit de synthèse - qui imite la composition et les effets du cannabis - se consomme sous forme d’e-liquide, inséré dans une banale cigarette électronique. Son coût, comparé à celui du cannabis, est dérisoire. Dix euros suffisent pour obtenir une fiole de 100 millilitres. À l’entrée des établissements scolaires, où puffs et autres substituts de la cigarette prospèrent, les vapeurs inodores du « PTC » ne laissent rien présager de son caractère illégal. Comme l’internaute « Coconuts », la plupart des jeunes ne se méfient pas : souvent, c’est un proche ou une connaissance qui leur a proposé d’essayer. (Le Figaro)

Voilà pour les jeunes, frappés par une crise économique sans précédent, des parents séparés, la guerre à l’horizon, des emplois précaires, un logement impossible, l’angoisse de l’avenir...

Du côté des grands, c’est pas vraiment mieux. À l’Assemblée nationale, on se défonce aussi allègrement. C’est France Info qui balance ce que tout le monde sait déjà :

« Tout le monde savait ». La phrase est souvent revenue au fil des entretiens, lorsque le cas du député La France insoumise Andy Kerbrat, arrêté mi-octobre à Paris alors qu’il achetait de la 3-MMC, était évoqué. Après les révélations de Mediapart, le trentenaire a annoncé qu’il allait « suivre un protocole de soins », afin de se « battre contre cette addiction », et reconnu qu’il avait fait « n’importe quoi » avec ses frais de mandat, même s’il a nié s’en être servi pour acheter de la drogue. Le déontologue de l’Assemblée nationale a été saisi. Avant le député insoumis, c’est le macroniste Emmanuel Pellerin qui a défrayé la chronique, au début de l’année 2023. L’élu des Hauts-de-Seine a annoncé qu’il se mettait en retrait, après que Mediapart a révélé qu’il avait consommé de la cocaïne, avant et après son élection.

Franchement, on ne leur jette pas la pierre : si les drogues de synthèse peuvent leur donner de meilleures idées pour sortir les Français de la panade, on est partants. Ils sont quand même là pour se sacrifier pour nous, non ? Pour l’instant, on ne voit pas grand-chose de bien sortir du Parlement. Soit nos députés se défoncent avec de la mauvaise came, soit ils sont irrécupérables. Naturellement, c’est notre antiparlementarisme primaire qui s’exprime, là. Si jamais un chimiste découvre une drogue contre la sociale-traîtrise...

Pendant ce temps, les prises aux frontières explosent : les saisies se font par tonnes. On espère que la corruption ne monte pas trop haut. Le port du Havre, la ville du flamboyant Édouard Philippe qui se voit président en 2027 et qui a besoin de sous pour sa campagne, est très sollicité. Un docker – le lampiste – était dans le coup.

« Y aurait-il un réseau criminel ? Les enquêteurs cherchent à identifier l’ensemble des complicités... »

Quant à Frédéric Beigbeder, le seul addict officiel à la cocaïne en France, il a fait amende honorable dans un livre. Nous, on connaît quelques drogues naturelles qui apportent du bonheur, et s’il est plutôt lent à venir, il peut quand même venir : le travail, le sport, la culture, mais c’est pas très à la mode en Macronie, malheureusement.