La chef du service des urgences pédiatriques du CHU de Nantes raconte voir « des enfants très jeunes qui consultent pour de l’anxiété, des idées noires, parfois des tentatives de suicide ». Elle estime qu’il faut maintenir le protocole actuel avec des fermetures d’établissement « au cas par cas ». Contrairement aux pédiatres, de nombreux scientifiques appellent à la fermeture des établissements scolaires. La question sera étudiée en conseil de défense sanitaire mercredi [31 mars 2021].
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franceinfo : Pourquoi vous opposez-vous à la fermeture des écoles alors que l’épidémie semble s’intensifier en France ?
L’expérience dont on dispose est extrêmement inquiétante quant aux effets délétères de cette fermeture des classes. On le constate tous les jours aux urgences, avec un afflux massif d’enfants qui vont mal. Depuis la fin du mois d’octobre, on voit des enfants qui consultent de plus en plus, de tous les âges, parfois des enfants très jeunes pour de l’anxiété, des idées noires, des idées suicidaires, parfois des tentatives de suicide. Et ce phénomène est observé à l’échelle de toute la France. Et dans ce contexte, fermer les écoles, ce serait avoir des effets délétères sur la santé des enfants pour un bénéfice qui ne sera pas forcément spectaculaire compte tenu de ce virus qui les infecte finalement assez peu.
Que répondez-vous à votre confrère épidémiologiste Arnaud Fontanet, membre du Conseil scientifique, qui estime qu’avoir un collégien ou un lycéen à la maison accroît de 30 % le risque d’être contaminé pour les parents ?
Effectivement, ce virus n’affecte pas la population de manière équivalente en fonction de l’âge. Ce qui a été montré, c’est qu’il infecte vraiment très peu les jeunes enfants et en particulier les enfants qui fréquentent les crèches, les maternelles, les écoles primaires. Et ça devient plus fréquent chez les collégiens et chez les lycéens, ça se rapproche progressivement de ce qu’on observe chez l’adulte jeune. Donc, dans les fermetures d’écoles qui seront peut-être nécessaire dans certains endroits, il faut distinguer les cas de figure en fonction des régions, de la circulation du virus, mais aussi de l’âge des enfants. On ne peut pas mettre "dans le même sac" tous les moins de 19 ans, il faut vraiment faire des distinctions.
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