@ Ulfberht (Mansur)
« J’ai jamais compris d’où venait la fascination de l’Occident chrétien pour la femme virile. »
Peut-être d’un vieux fond de paganisme recyclé (la Valkyrie nordique) ? Car je ne vois rien dans le christianisme qui permette de favoriser cette idée.
Honnêtement, je ne comprends pas votre expression d’Occident chrétien. C’est une expression très galvaudée et relativement anachronique. Je sais qu’on l’emploie souvent pour désigner la réalité historique, géographique et philosophique d’un ensemble de représentations religieuses et politiques qui ont forgé l’identité de l’Europe, par rapport à l’Orient. L’identification stricte, par le christianisme, de cette réalité historique, ce fut la Chrétienté.
Mais celle-ci n’est plus depuis fort longtemps et ledit Occident ne s’identifie plus par ces valeurs chrétiennes. Je sais bien qu’on hérite toujours de quelque chose et que la modernité fourmille d’idées chrétiennes devenues folles, comme disait Chesterton. Ce n’est pas une raison pour imputer cette folie au christianisme, mais bien aux hommes qui en ont dévié la pensée, dans un Occident qui depuis le XVIIIe siècle ne fait que se détourner du christianisme. Je veux bien admettre aussi qu’il existe des caractéristiques intellectuelles de l’Occident qui expliquent cette évolution (un esprit de recherche de l’altérité qui nous a poussés à penser contre nous-mêmes, par exemple). Mais elles sont alors le fruit d’un syncrétisme philosophique dans le creuset européen où le christianisme, bien que déterminant, n’a pas seul sa part. Sinon, il aurait produit les mêmes choses en Orient, dans les régions où il s’est développé.
Alors qu’est-ce que l’Occident ? Intellectuellement, aujourd’hui, c’est un concept creux qui ne recouvre rien de concret. Pourtant cette notion n’a jamais été autant utilisée, à tort et à travers, que depuis la domination américaine sur l’Europe et le monde. Or la connotation géopolitique qu’elle a aujourd’hui ne me semble pas du tout résulter de cette réalité historique, géographique et philosophique dont je parle plus haut. Sauf pour y voir une tentative de penseurs ou de stratèges américains ou pro-américains de légitimer intellectuellement cette domination, par la récupération malhonnête de la pensée et de l’histoire européennes, alors que les États-Unis sont nés du rejet pur et simple de celles-ci. Alors si tant est que cette réalité existe intellectuellement (ce que je conteste), pour sûr elle n’a rien de chrétien.