Le groupe français EDF, littéralement affaibli par la gestion de la Macronie depuis 2014 (le jeune Macron était déjà en poste officieusement à la désindustrialisation du pays), a perdu un contrat à 40 milliards (de dollars) pour la construction d’une première centrale nucléaire en Pologne. C’est le groupe américain Westinghouse qui a raflé le marché, au détriment d’un troisième concurrent, le coréen KHNP. La première tranche verra le jour en 2033.
Le secrétaire d’État américain Antony Blinken a indiqué vendredi que les États-Unis étaient « fiers d’être le partenaire fort de la Pologne pour l’énergie et la sécurité » et souligné « les milliers d’emplois » que cette collaboration devrait créer dans les deux pays. « C’est un pas énorme dans le renforcement de nos relations avec la Pologne pour les générations à venir », s’est félicitée la secrétaire américaine à l’Énergie, Jennifer Granholm. Cette décision « envoie un message clair à la Russie, (celui) que l’Alliance atlantique est unie pour diversifier notre approvisionnement énergétique (...) et pour résister à la militarisation russe de l’énergie ». (Capital)
Les Américains ne se sont pas cachés du projet global, à la fois civil et militaire, dirigé contre la Russie : un haut responsable du gouvernement a ajouté qu’« il ne s’agit pas seulement d’un projet énergétique commercial, il s’agit de la façon dont nous définirons ce que j’appellerais une sécurité interdépendante pour les décennies à venir ».
D’un pur point de vue énergétique, la Pologne, qui ne reçoit plus de gaz russe, a commencé à en importer via un nouveau gazoduc de Norvège via le Danemark, mais les réserves norvégiennes ne sont pas infinies.
De l’autre point de vue, militaire, la Pologne veut dès aujourd’hui des missiles nucléaires américains. Naturellement, le nucléaire militaire est en théorie uniquement défensif, mais les Américains, rappelons-le, ont brisé le tabou atomique en 1945. Il n’existe donc plus.
Notre question : la Pologne sera-t-elle la prochaine Ukraine ? Autrement dit, l’OTAN va-t-il se servir de la Pologne comme menace de rampe de lancement de têtes nucléaires contre la Russie ? La Pologne sera-t-elle à nouveau une terre de sang ? C’est la question fondamentale de cette tectonique des hyperpuissances.
Morawiecki contre Poutine
Le 6 mai 2022, Le Premier ministre polonais répondait à Euronews.
À quel point vous et les alliés prenez au sérieux les menaces nucléaires de la Russie ?
Nous pensons, et je pense, que ce sont des menaces et en fait des menaces qui montrent leur faiblesse, parce qu’ils auraient espéré une victoire très rapide sur les troupes ukrainiennes. Cela ne s’est pas produit. Et depuis, ils menacent, ils menacent d’attaquer Kiev encore une fois, ils menacent d’utiliser des soldats biélorusses ou ils menacent avec une arme nucléaire. C’est un signe de leur faiblesse. Cependant, nous devons être conscients, vous savez, de leur doctrine et de leur brutalité. Et c’est pourquoi nous devons tout contrer.
La Pologne et le nucléaire civil
La Pologne et le nucléaire militaire