Mais qu’est-ce qui peut bien pousser l’audiovisuel public à soutenir les projets d’un artiste qui ne fait que des flops, que ce soit en théâtre ou en cinéma ?
C’est un mystère pour tout le monde, et surtout pour tous les Français qui participent au financement très lourd de l’audiovisuel public, cette armée de propagandistes composée des 5 000 fantassins de radio France, des 10 000 de France Télévisions, des 1 000 de l’INA et des 3 000 de France médias Monde. On a arrondi à la centaine supérieure car les chiffres officiels ne sont pas exacts, et parfois sous-estimés, pour ne pas trop mettre les Français en colère. On finance donc une armée de 20 000 propagandistes pour produire la propagande du Système. Honnêtement, avec 2 000 pros, on pourrait faire la même chose, tant ces sous-médias se marchent sur les pieds les uns les autres.
Pour les investissements pro-BHL, il doit bien y avoir une explication, mais les dirigeants de France Télévisions ne la donnent pas. Ou alors ils sont dans la prise de risque intégrale, ce qui souligne leur audace culturelle, et est tout à leur honneur. D’ailleurs, en parlant de prise de risque, on a nous aussi quelques sujets documentaires à proposer pour les émissions d’information de France Télévisions...
Les chaînes publiques sont un soutien de longue date des projets audiovisuels du philosophe. France Télévisions vient d’investir 500 000 euros dans son dernier projet.
Bernard-Henri Levy est de retour. Le 5 mai est sorti son dernier livre, Sur la route des hommes sans nom, une série de huit reportages, en Grèce, en Libye, au Nigéria, en Irak, en Syrie, en Ukraine, en Somalie, au Bangladesh et en Afghanistan. Mais, comme souvent chez BHL, rien ne se perd et tout se transforme. Ces reportages avaient déjà été publiés dans Paris match et d’autres magazines étrangers (la Stampa, el Espanol…). Ils ont aussi été filmés, ce qui a donné naissance à un documentaire, qui s’appellera Une autre idée du monde ou L’adieu au monde ?
« Nous finalisons le film. Aucune date de sortie n’est encore arrêtée », indique à Capital la productrice du long métrage Kristina Larsen. Une sortie en salles au printemps ou à l’automne a été évoquée par le Journal du Dimanche.
Le budget envisagé est de 2,8 millions d’euros, selon le devis prévisionnel déposé début 2020 au CNC (Centre national du cinéma) et publié par cinefinances.info. Une somme plutôt élevée : le budget moyen d’un documentaire est de 570000 euros pour le cinéma, et de 185 000 euros de l’heure pour la télévision, selon le CNC.
Selon ce devis prévisionnel, les voyages, l’hébergement des équipes et la régie sur place devaient absorber 1,2 million d’euros. Kristina Larsen précise que le devis prévisionnel diffère des sommes finalement dépensées, mais n’a pas souhaité donner les chiffres finaux. En tous cas, BHL a signé un contrat lui octroyant 50 000 euros pour le scénario et la coréalisation.
Selon le devis prévisionnel, BHL espérait financer son film grâce à un chèque de 500 000 euros de la famille Pinault (via sa holding Artémis), un autre de 480 000 euros de Canal +, et un troisième de 100 000 euros du CNC (au titre de l’avance sur recettes après réalisation). Toutefois, Kristina Larsen précise que les financements d’Artémis et du CNC ne sont pas encore finalisés. Mais, selon les informations de Capital, un financement de 500 000 euros a d’ores et déjà été obtenu de la part de France Télévisions.
Le service public est un soutien de longue date des films écrits et/ou réalisés par BHL. Il a déjà financé Princesse Europe (à hauteur de 230 000 euros), Mort à Sarajevo (300 000 euros), American vertigo (280 000 euros), Bosna (600 000 euros) et Le jour et la nuit (1,26 million d’euros). De l’argent un peu jeté par les fenêtres, car ces films ont ensuite été diffusés en pleine nuit, récoltant une audience microscopique. Ainsi, American vertigo, diffusé à 1h30 du matin, a attiré 131 000 téléspectateurs, selon des chiffres Médiamétrie obtenus par Capital. Mort à Sarajevo, diffusé à 0h35, a réuni 258 000 curieux.
Mieux : France 5 avait aussi investi 150 000 euros dans un documentaire sur la maison de BHL à Tanger, finalement regardé par 21 000 aficionados... soit un coût de 7 euros par spectateur ! À l’époque, ce financement avait fait polémique, car la somme investie par la chaîne représentait le double de ce qu’elle verse en moyenne à un documentaire. Rony Brauman avait même menacé de démissionner du conseil d’administration de France Télévisions à cause de l’affaire…
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Pour trouver l’origine de cette love story là, pas la peine de chercher bien loin : BHL est le président du conseil de surveillance d’Arte France depuis 1993. Grâce à ce poste, notre homme est membre permanent du comité de sélection des films financés par la chaîne.
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BHL a même réussi à se maintenir à ce poste en contournant la limite d’âge de 70 ans figurant dans les statuts.
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Contacté, l’avocat de BHL Olivier Cousi n’a pas souhaité faire de commentaires.
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