Une nonagénaire a été recueillie par l’hôpital de Châteaudun, vendredi, après avoir été expulsée de sa maison de retraite des Hauts-de-Seine pour cause de loyers impayés.
C’est une bien étrange malade que les urgences de l’hôpital de Châteaudun ont prise en charge, vendredi après-midi. Car cette femme de 94 ans ne souffrait d’aucun problème médical. Son seul tort : être en retard du paiement de ses loyers de la résidence médicalisée privée dans laquelle elle vivait à Chaville (Hauts-de-Seine). Elle a tout bonnement été mise à la porte, en plein hiver.
La direction de l’établissement (*) a en effet appelé une ambulance et mis la nonagénaire dedans, avec toutes ses affaires personnelles. La maison de retraite a payé le prix du transport jusqu’à Brou, commune d’Eure-et-Loir où le fils de sa pensionnaire était domicilié avant de déménager, avec pour consigne au chauffeur de taxi, si la porte était close, d’aller aux urgences de l’hôpital de Châteaudun. « C’est la première fois que nous sommes confrontés à une telle situation », confirmait, hier, un membre du personnel de l’hôpital dunois. Nous avons contacté la maison de retraite en question, mais elle a refusé de reprendre sa pensionnaire. »
« C’est honteux et complètement illégal »
L’hôpital eurélien est scandalisé : « C’est honteux et complètement illégal en pleine trêve hivernale qui interdit les expulsions, y compris des établissements de santé. L’hôpital va d’ailleurs faire un signalement à la gendarmerie. » L’établissement dunois a réussi à contacter le fils de la pensionnaire, qui est actuellement en vacances dans le sud de la France. Il a promis de venir chercher sa mère, mais il ne pourra pas rejoindre l’Eure-et-Loir avant demain lundi. La direction a donc décidé, en attendant, de prendre soin de la retraitée. L’assistante sociale de l’hôpital s’occupe d’ailleurs de son dossier. Mais il est probable que l’expulsion d’une dame âgée de 94 ans renvoyée sans savoir où elle échouera, ne restera pas un dossier sans suite pour la maison de retraite de Chaville.
Laurence Franceschina
(*) Malgré nos sollicitations, la direction de la résidence médicalisée privée de Chaville n’a pas pu être jointe hier. Les services de l’État n’étaient, de leur côté, pas informés.