Ils pensaient déclencher une nouvelle révolution française, mélange de 1789 et de Mai 68, ils n’ont réussi qu’à prendre en otage les vieux murs d’une pauvre fac du XIIIe, et ont fini par se faire cueillir à 5h du matin par une armée de 300 CRS (selon les insurgés). Quand on va en guerre, on met des veilleurs, même et surtout la nuit ! Les Indiens, sur ce coup, c’étaient les flics.
« De l’autre côté de la rue, encore abasourdis par leur évacuation violente au petit matin, une vingtaine d’occupants font cercle, assis à même le sol, entourés par quelques dizaines de sympathisants, curieux et habitants du quartier. Certains terminent leur nuit, brutalement interrompue, dans des sacs de couchage. D’autres profitent de la solidarité des riverains, qui les ravitaillent en boissons et nourriture.
Parmi les occupants, se trouve Lucas, déjà rencontré quelques jours plus tôt. Les yeux mangés par le manque de sommeil, cet occupant de la première heure donne une autre version des faits que celle de la préfecture : “À cinq heures du matin, les guetteurs nous ont averti de l’arrivée de la police. Il y avait 300 CRS. Ceux à l’extérieur portaient des fusils d’assaut. Ceux à l’intérieur, des tronçonneuses, des matraques et des gazeuses. Ils ont tout défoncé, et maintenant, ils nous font porter le chapeau pour les violences qu’ils ont commises.” »
Récit par un témoin du presque martyr, toujours sur le site reporterre.net :
« Désiré (le prénom a été changé, NDLR), présent depuis neuf jours, rapporte les détails de l’accident : “On s’échappait par les toits, à l’arrière du bâtiment, pour descendre dans une petite rue à côté. Les gars de la BAC [Brigade anti-criminalité] étaient à nos trousses. Un camarade a voulu enjamber le parapet pour se laisser glisser le long du mur. Un baqueux lui a chopé la cheville. Ç’a l’a déséquilibré, et le camarade est tombé du haut du toit, en plein sur le nez. On a voulu le réanimer. Il ne bougeait pas. Du sang sortait de ses oreilles…”
Désiré et ses camarades ont aussitôt appelé les pompiers, “en courant”. Emmené par les pompiers, dans un état d’inconscience, on ne sait pas dans quel hôpital il se trouve. Quoi qu’il en soit, la rue où a eu lieu sa chute demeure barrée par la police. Désiré, qui est allé y jeter un coup d’œil, revient, fulminant de rage : “Les enfoirés ! Ils ont effacé toutes les traces de sang !” »
Il y avait 300 CRS. Ceux à l’extérieur portaient des fusils d’assaut. Ceux à l’intérieur, des tronçonneuses, des matraques et des gazeuses. 3 blessés, dont 1 très grave après une chute de plusieurs mètres. Les CRS ont aussi piétiné des blessés. #Tolbiachttps://t.co/U3alfA0UQy
— NTM le FN ت (@NTM_FN) 20 avril 2018
Beaucoup de jeunes occupants ont cru à la révolution. Celle-ci nous promet un match retour d’ampleur inégalée. Les bourgeois tremblent :
"Ils ne se rendent pas compte de ce qu'ils ont fait. Pour nous ça ne fait que commencer".
Une étudiante de l’université Tolbiac rencontrée ce matin juste après l’évacuation par les forces de l'ordre. pic.twitter.com/afmtmSTJVU
— Brut FR (@brutofficiel) 20 avril 2018
On ne sait pas trop ce qu’ils vont occuper maintenant. De toutes les façons, ils ont foiré leurs partiels – c’était l’objectif inavoué de beaucoup de « révolutionnaires » – et ils vont devoir retourner dans leur fac pourrie.
Pourquoi pourrie ? Parce que la fac française manque de moyens, d’espace, il y a trop de monde, et pas toujours au niveau. L’agenda des nouveaux cours de l’université libre en atteste :
Une certaine idée de l’Enfer pic.twitter.com/84SdO61ap1
— Candide (@_C_D_A) 19 avril 2018
Il est vrai que les étudiants grévistes n’étaient pas avares de contradictions, on en veut pour preuve cette réunion raciste contre le racisme à Nantes :
Ça lutte contre la sélection à l’université...
Et ça sélectionne la couleur de peau aux entrées des réunions !Quand interdirons-nous ces « réunions en non-mixité racisé.e.s » ? pic.twitter.com/v5KtsEpOR2
— OLRA (@OLRA_asso) 16 avril 2018
Les médias tentent de récupérer un peu de l’écume de cette contestation. Chez Pujadas, sur LCI, on a cherché le clash en invitant une étudiante bien farcie de « genre » et de « racisés » face au méchant Robert Ménard. Le discours de la jeune Blanche genrée antiraciste mais non racisée, éponge de toutes les injonctions gauchisantes qui te dégomment un cerveau en moins de deux, résume tout :
On tient là une future Caroline Fourest ! Il ne manque plus qu’une louche de sionisme et notre étudiante aura coché toutes les cases.
Après la mise au pas des glandeurs de Tolbiac (qui ont ensuite bloqué la porte de Paris et qui cherchent à occuper la fac de Censier), c’est la guerre sur Twitter pour savoir où est « le blessé grave ». La presse mainstream crie au fake, les insurgés parlent de l’hôpital Cochin.
Rumeurs de blessé grave à Tolbiac : la préfecture de police dément https://t.co/6KhBdKQJXI
— Le Parisien (@le_Parisien) 20 avril 2018
L’extrême gauche attend donc son martyr. Qui commence à se faire attendre sérieusement. Car une mobilisation qui finit en dispersion surprise et en défaite à plate couture face à la police fasciste a besoin d’un martyr pour renverser la vapeur médiatique.
D'après nos infos un blessé à la Salpetriere non inquiétant et un autre à cochin qui serait dans un état grave. Le fait qu'un bacqueux ait blessé gravement un jeune occupant est confirmé par des gens qui étaient dans Tolbiac. Mais pour l'instant on en sait pas plus..
— Sud éducation Paris (@sudeducparis) 20 avril 2018
La préfecture dément qu’il y ait eu un blessé grave :
Conformément au communiqué de presse diffusé ce matin la @prefpolice confirme qu’il n’y a eu aucun blessé lors de l’opération d’évacuation de ce matin à #Tolbiac pic.twitter.com/a2GxAAalst
— Préfecture de police (@prefpolice) 20 avril 2018
Allo ? Tu veux faire la révolution et t’as pas de martyr ? Non mais allo quoi ! Y a-t-il un martyr volontaire dans l’avion pour sauver l’extrême gauche ?
C’est peut-être le gros point faible de ce « combat » : personne ne veut souffrir pour lui. Il faudra alors se rabattre sur l’étudiant qui a eu mal au coude, qui donne l’huile du même nom :
« Après des recherches faites auprès des services de secours et différentes unités de réanimation des hôpitaux su secteur, "aucun blessé grave qui puisse être en lien avec l’opération" n’a été recensé et "un jeune homme a été conduit par les pompiers à la Pitié Salpêtrière pour une douleur au coude" puis en est sorti de lui-même moins de 1h30 plus tard. » (Source : huffingtonpost.fr)