Le président de la Commission européenne, Jean-Claude Juncker, a donné une interview au quotidien autrichien Standard. Il craint que les forces politiques extrêmes, gagnent en influence lors du scrutin du 26 mai. Pas la peine d’être numéro un de l’UE pour comprendre que la politique européiste depuis 2005 a monté une bonne partie des peuples contre l’élite bruxelloise.
Mais si Juncker sort de sa tanière, c’est que les sondages ne sont pas bons. Il lance un avertissement aux électeurs, comme Les Guignols l’avaient fait juste avant le 1er tour du 21 avril 2002, quand ils avaient eu les sondages « RG » qui donnaient Le Pen dans un mouchoir avec Jospin. Le résultat a prouvé que Gaccio et ses amis avaient moins d’influence que la presse ne le prétendait.
Pour Juncker, une victoire ou du moins un gros score populiste pourrait entraver les institutions européennes. Comprendre par là que seule la social-démocratie a le droit de cité au Parlement et dans la Commission, que seule la social-démocratie correspond aux principes qui fondent l’UE. Ce qui n’est pas faux mais qui exclut toute possibilité d’alternance réelle. On le voit à une autre échelle avec les difficultés qu’éprouve le pouvoir britannique à se détacher de l’entité européenne.
On en arrive à entendre de drôles de choses, surtout dans la bouche d’un soi-disant démocrate :
« Si les forces d’extrême droite et d’extrême gauche ont trop d’influence au Parlement européen, alors tous les débats seront, peut-être pas totalement dominés, mais fortement influencés par elles. »
Oui, ça s’appelle la démocratie et le respect des électeurs, mais ça semble déjà beaucoup trop pour les tenants de la dictature bruxelloise. Juncker nous joue le même air de flûte que Macron entre les deux tours de la présidentielle française en 2017 : « moi ou le fascisme ». Peut-être que ce chantage tiendra encore un mandat, mais pas deux.
En fait, Juncker craint une chose : la rupture du cordon sanitaire que les Français connaissent bien, qu’ils soient électeurs ou élus :
« Affilié au Parti populaire européen (PPE), coalition de partis conservateurs qui représente actuellement la première force du Parlement de Strasbourg, Jean-Claude Juncker a mis en garde sa famille politique contre la tentation d’un rapprochement avec les partis nationalistes pour imposer la désignation de Manfred Weber, chef de file du PPE, à la tête de la future Commission européenne. » (Source : L’Express)
Le clone de Vincent Lapierre du magazine Quotidien de Yann Barthès a rencontré Juncker à Bruxelles le 9 mai 2019 :
« Je dois me poser la question, si on vote pour les populistes, pour les extrémistes, pour ceux qui n’aiment pas l’Europe, si tout le monde faisait comme ça, quelle serait l’Europe de demain ? Elle n’existerait plus. »
En tous cas pas sous sa forme actuelle... Et si c’est la volonté des peuples de faire disparaître non pas l’Europe mais l’Union européenne sous sa forme actuelle, avec les dégâts sociaux et migratoires qu’elle produit ? Juncker joue habilement sur un chantage en amalgamant l’Europe à l’Union européenne, qui en est une forme d’organisation, mais pas la seule.
Où l’on comprend que le populisme est une menace pour l’oligarchie, pas pour la démocratie.