Comparativement aux années 1970, où les images de foot étaient rares, l’amateur de foot à la télé 2017 peut en avoir pour son argent, et du matin au soir : les compétitions fleurissent sur les chaînes qui se concurrencent à coups de retransmissions du sport roi.
On a ainsi eu droit, après la fameuse Coupe du Monde télévisée dans les années 1960, dans l’ordre chronologique, à l’Euro ou championnat d’Europe des Nations (années 1980), aux matches de championnat (Canal+ en 1984), de Coupe de France (en plus de la finale), ensuite sont arrivés les championnats étrangers, l’Angleterre, l’Italie, l’Allemagne et l’Espagne, les plus prisés, en résumé sur Canal+ puis en entier, sur Canal+ Sports et BeIn Sports, la CAN (Coupe d’Afrique des Nations) est passée par là, sur le câble, la Copa Libertadores, ou Coupe des clubs champions d’Amérique du Sud, suivra la Copa America (excusez les accents manquants), les « petits » championnats européens (Portugal, Pays-Bas...), et enfin, au bout du compte, en 2017, les matches de l’Euro féminin aux Pays-bas, retransmis sur France 3 et France 2. Comme les grands, enfin, les hommes. Le téléspectateur peut s’en mettre plein la vue.
- Inutile de chercher, cette équipe n’existe pas
Le test du football féminin à la télé cache un test économique, le public féminin étant prescripteur d’un point de vue consommation, alors que les hommes se foutent globalement de la pub. C’est pourquoi le service public valorise les matches, qui ne le méritent pas tous. Et dans les extraits que nous diffusons plus bas, si l’on s’en tient aux commentaires, on a carrément l’impression d’être dans une finale de Coupe du Monde...
Les femmes, qui ont investi le monde du foot depuis une bonne décennie, ont pris leur place dans le sport roi. On a vu arriver chez les hommes un arbitre de ligne femme, puis de champ, et maintenant, les grands clubs montent des équipes féminines de plus en plus solides. Petit à petit, l’oiseau a fait son nid.
C’est le cas de l’OL et du PSG. Ces deux clubs misent sur le féminin et le long terme, sachant que dans les écoles, les filles commencent à toucher leur bille. Le foot féminin, d’après les observateurs sérieux, est moins physique, plus lent, et plutôt technique. Mais ça, c’est au bas niveau, celui des petits clubs inconnus de France et de Navarre.
France/Islande, la seule grosse occasion du match...
VIDÉO – #FRAISL La tête sur la barre de Wendie Renard pour les Bleues
Où voir https://t.co/VRQFdMadf6 ? pic.twitter.com/7Y3MQvBB5y— L'UEFA (@UEFAcom_fr) 18 juillet 2017
Au plus haut niveau, on a pris les mauvais côtés du foot masculin, c’est-à-dire la primauté du physique sur le technique, et surtout, l’écrasante prépondérance de la tactique. Visuellement, que donne ce « progrès » ? Des échanges téléphonés, des passes et des re-passes, comme sur tableau noir, une absence de prise de risque, le tout finissant par ressembler au handball (que les passionnés de hand nous pardonnent) : des phases de jeu tellement étudiées en théorie qu’elles en deviennent formatées, mathématiques, rappelant en cela le football américain avec ses formules de sortie de balle.
Sous l’influence de coachs masculins pas vraiment imaginatifs (on n’est pas chez Pep Guardiola), le foot féminin de haut niveau, si l’on peut dire, a survolé 50 ans de progression masculine pour en épouser les dernières trouvailles, qui finissent, on l’a dit, par produire un spectacle répétitif et barbant.
Les matches de l’Euro féminin 2017 illustrent malheureusement cette évolution : engoncées dans des schémas tactiques appliqués par des entraîneurs-machines, les filles du foot n’inventent pas, ne sortent pas du cadre.
Certes, il y a eu ces Brésiliennes, Marta et Cristiane, qui mettaient de la folie dans le jeu, mais globalement, la créativité a été rayée de la carte, alors qu’avec un physique moins impressionnant que celui des mecs, on se serait attendu à un football plus chatoyant. Et il l’a été, au début : les matches de foot féminin aux Jeux Olympiques ont conservé de cette fraîcheur originelle. Par exemple, les bondissantes Japonaises jouent en s’éclatant et en éclatant les schémas tactiques. Elles peuvent prendre 5 buts, mais en mettre 2 en finale contre les puissantes Américaines :
On remarque que les grandes équipes sont celles, hommes et femmes confondus, qui cassent les codes en vigueur, qui innovent. C’est le cas, chez les hommes, de l’éblouissante équipe hongroise des années 50, du Brésil des années 60, de la Hollande des années 70, de l’Argentine des années 80, de la France des années 90 – même si des râleurs trouvent encore que Mémé Jacquet avait un onze trop défensif (il n’a sélectionné ni Cantona ni Ginola !) – et bien sûr, l’Espagne des années 2000. L’Espagne qui, contrairement à la dérive physique générale, imposera des joueurs de petit format (Xavi, Iniesta, Silva, Villa) mais rapides, techniques, et surtout, joueurs ! Même un défenseur latéral savait dribbler et marquer.
Les filles ont copié sur les mecs, et ça donne le spectacle que l’on voit sur les écrans de France 3 aujourd’hui : morne, brutal, et comme le dit un antiféministe dont on taira le nom, « n’importe quelle équipe de gamins du bas de l’immeuble joue mieux que ces brutes aux pieds carrés ».
Le coup-franc de Camille Abily qui nous qualifie pour les quarts de finale ! #SUIFRA #EURO2017 @cam10abily23 pic.twitter.com/MDQlINGzkk
— Equipe de France (@equipedefrance) 26 juillet 2017
- La détresse de la gardienne de but suisse qui vient de commettre la mégaboulette face à un coup franc des Françaises
Bon, on retire ce qu’on a dit, surtout parce qu’il y a Camille Abily, la Platini des Bleues :
Ça c'est l'endroit préféré de Camille Abily ! @cam10abily23 pic.twitter.com/I8FOUfFwjo
— Equipe de France (@equipedefrance) 25 juillet 2017
On va encore se faire des amies, mais on précisera, avant de se prendre des godasses dans la poire, que la décision de ce foot tout sauf incandescent a été prise au plus haut niveau, à la Fédération et à la Ligue, responsables des gâchis de talents et de l’importation de travailleurs étrangers costauds mais rentables dans notre championnat.
C’est tout l’objet de la polémique qui a agité le milieu du foot il y a 6 ans, lorsqu’une faupe – de la DTN, direction « technique » (!) nationale – à la Fédération a dénoncé le pauvre Laurent Blanc comme « raciste », parce que le grand joueur devenu entraîneur voulait limiter l’entrée des Africains dans les clubs français sur la base d’une supériorité physique, mais pas forcément technique. Procès que tous les antiracistes feront à un Champion du Monde qui sera obligé de s’excuser, de mettre un genou à terre. Le résultat, on l’a vu, ce sera Knysna en 2010, la catastrophe sud-africaine en termes sportif et organisationnel qui révélera à la fois une équipe de France infestée de racailles et une Fédération complètement pourrie de vieux profiteurs incompétents.
Pourvu que les filles n’en arrivent pas là !
La promotion récente du foot féminin est-elle à mettre sur le même plan politique que la promotion du handisport ?
Revoir à ce sujet l’analyse d’Alain Soral sur les Jeux Paralympiques (extraits des entretiens d’octobre et novembre 2012) :