C’est intéressant, menfin je trouve quand même Chouard d’une grande naïveté. La partie valide de l’objection concernant la phalocratie, la xénophobie, et l’esclavagisme n’est pas morale, mais sociale. Le fait qu’on traite les animaux comme on le fait ne pose pas qu’une question morale pour notre super juge du futur, mais il y a cette réalité qu’on prend des ressources qui devraient leur revenir si on les traitait comme nos égaux, et que de fait notre mode de vie ne serait pas légèrement différent, mais fondamentalement différent.
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Le citoyen athénien est à la base membre d’une oligarchie et d’une aristocratie. Il n’est pas forcément gros propriétaire, mais à tout le moins il n’est pas esclave. Aucun n’est esclave, par définition. L’intérêt commun exclut donc le point de vue des esclaves. Si les esclaves se soulèvent, réclamant plus d’égalité sociale ou politique (c’est volontairement un anachronisme), l’intérêt commun à l’aune des citoyens est de mater cette rébellion, et que tout rendre dans l’ordre le plus vite possible, car ce qui est certain c’est que toute la ville souffre de la cessation du travail dans les campagnes, en grande partie peuplées d’esclaves travaillant dans les champs pour la cité.
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Par ailleurs, il prend Athènes sur une période assez courte (au regard de l’écoulement du temps antique) pour sortir de cet exemple une sorte de charge contre le principe même d’élection, et une apologie du tirage au sort. On ne peut pas vraiment lui reprocher, mais c’est assez partial. Sur une échelle aussi courte, on trouve de nombreux systèmes électifs qui ont du marcher environ aussi bien, et sans franchement avoir à faire beaucoup plus de relativisme et de contextualisation. Et qui se soucie des cultures non classiques, des structures politico-tribales gauloises, des thing germaniques, etc ?
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Si l’on veut s’amuser à réfléchir à une forme politique optimale, il faut poser ses visées bien plus clairement. Ne pas penser politique, économie, institutions, etc, penser société. Groupement d’hommes. Quel est l’échelle de notre désir pour la société : l’humanité, le bien commun, le groupe, l’individu, moi ? On sait à peine le définir. Parallèlement, on peut chercher à étudier l’histoire pour essayer d’approcher la nature humaine, ses mécanismes, ses passions, ses combats. On est alors tributaires de deux sciences, l’histoire et l’anthropologie. Sans même avoir commencé à se poser des questions, on se retrouve déjà avec un sac de noeuds inextricable. (à suivre)
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