Maurice Lévy intervenait le 4 avril dernier au micro de la Radio de la communauté juive (RCJ) lors d’un entretien avec Alain Bentolila sur le thème « Être juif en France aujourd’hui ».
Pour le PDG de Publicis Group, « on en est revenu aux années 30 ». Une analyse qui pourrait prêter à sourire si l’homme n’était qu’un quidam. Mais Maurice Lévy est certainement une des personnalités les plus influentes de France : membre du club Le Siècle depuis le début des années 1980, de la Commission trilatérale, du Forum économique mondial de Davos, du groupe Bilderberg, il est l’ « éminence grise du CAC 40 » (Libération, 11 septembre 2010). C’est par exemple au siège du groupe qu’il dirige, Publicis, que se réunit le Cercle de l’industrie, un lobby patronal fondé par Dominique Strauss-Kahn. Il a par ailleurs dirigé entre 2010 et 2012 l’Association française des entreprises privées (AFEP), une organisation patronale considérée par les lobbyistes comme plus puissante que le Medef.
Né en1942 à Oudjah (Maroc), Maurice Lévy est le petit-fils d’un rabbin de Séville qui quitta l’Espagne en 1936. Diplômé en informatique et organisation de l’université du New Jersey en 1965, il est entré chez Publicis en 1971, où il s’est imposé comme l’héritier spirituel et le dauphin de Maurice Beustein-Blanchet, à qui il a succédé en 1988 à la tête de la troisième agence mondiale de communication (dont l’actionnaire principal est Elisabeth Badinter, fille de Marcel Beustein-Blanchet). En France, Publicis est le premier détenteur de régies publicitaires, ce qui représente un levier de pression financier d’une importance capitale sur nombres de médias.
Très lié aux instances communautaires, il est membre de l’Association de coopération économique France-Israël, de la Chambre de commerce franco-israélienne, a présidé le comité directeur des Bonds d’Israël, un système de financement d’Israël par la diaspora. En janvier 2008, cet « homme froid, mais courtois jusqu’à l’excès, aux réseaux et au pouvoir considérables » (Le Nouvel Observateur, 17 novembre 2005) a reçu l’International Leadership Award 2008 décerné par l’Anti-Defamation League du B’naï B’rith.