Un supporteur de Bernie Sanders hostile à Donald Trump a tiré mercredi sur des républicains du Congrès qui jouaient au baseball près de Washington, blessant cinq personnes, dont un élu grièvement. Le tireur est mort après une fusillade avec la police.
L’attaque a provoqué une vague d’émotion au Capitole, où républicains et démocrates ont exprimé leur inquiétude face à la recrudescence des violences, verbales ou physiques, dans le débat politique aux États-Unis depuis la dernière campagne électorale.
Une vingtaine d’élus ainsi que des collaborateurs parlementaires, membres de l’équipe de baseball républicaine, s’entraînaient au petit matin sur un terrain d’Alexandria, en banlieue de la capitale fédérale américaine, en vue d’un match caritatif prévu jeudi, quand un individu a surgi, armé d’un fusil, et commencé un tir nourri.
L’homme, identifié par les médias comme James Hodgkinson, 66 ans, était arrivé récemment de l’Illinois dans cette ville cossue.
Heureusement pour l’équipe, deux agents de la police du Capitole étaient présents sur place. Ils ont riposté avec leurs armes de poing, touchant l’assaillant, dont la mort a ensuite été confirmée par le président Donald Trump.
« De nombreuses vies auraient été perdues sans les actes héroïques des deux policiers qui ont mis le tireur hors d’état de nuire (...) durant cette attaque très très violente », a-t-il déclaré lors d’une brève allocution depuis la Maison-Blanche, au cours de laquelle il a appelé le pays à « l’unité ».
Des dizaines de balles ont été tirées dans la fusillade, les élus présents décrivant plusieurs minutes interminables de tirs à vue, sur un terrain complètement ouvert. Les joueurs se sont cachés comme ils pouvaient dans les abris de touche, sous les bancs ou derrière des arbres.
« Il aurait tué tout le monde » sans les policiers, a raconté le sénateur Rand Paul, qui était sur place. « Sans eux, cela aurait été un massacre. »
Steve Scalise, représentant de Louisiane et membre de l’équipe de direction de la Chambre, est le seul parlementaire blessé. Touché à la hanche, il a d’abord été décrit comme conscient et dans un état stable avant son opération, puis « dans un état critique » plus tard par l’hôpital MedStar de Washington. Cela signifie que ses signes vitaux sont instables.
Les deux policiers (un homme et une femme), un collaborateur d’un élu et un lobbyiste ont également été blessés. Le lobbyiste Matt Mika, salarié de Tyson Foods, se trouvait dans un état grave, de sources concordantes, mais les jours des trois autres n’étaient pas en danger.
Bernie Sanders « révolté »
Bernie Sanders, opposant d’Hillary Clinton aux primaires présidentielles démocrates de 2016, a déclaré avoir été informé que le tireur avait « apparemment été engagé comme bénévole » de sa campagne, se disant « révolté par cet acte abject ».
Sur sa page Facebook, James Hodgkinson soutenait ouvertement Bernie Sanders et enrageait contre Donald Trump. « Trump a détruit notre démocratie. L’heure est venue de détruire Trump et compagnie », a-t-il écrit en mars.
Indice de la préméditation apparente du geste ? L’élu Ron DeSantis a expliqué avoir été interrogé peu avant la fusillade par un individu ressemblant fortement au suspect, qui aurait demandé si les joueurs étaient démocrates... ou républicains.
La politique
L’équipe de baseball républicaine s’entraînait là depuis des semaines en vue du match traditionnel entre démocrates et républicains, organisé depuis 1909. Il se jouera comme prévu jeudi soir à Washington.
À la Chambre, tous les votes ont été annulés et les parlementaires se sont rassemblés dans une salle, priant et se tenant les mains.
« Une attaque contre l’un d’entre nous est une attaque contre nous tous », a déclaré Paul Ryan.
Les élus démocrates, partisans d’un renforcement de la législation sur les armes, étaient réticents à rouvrir immédiatement ce débat, se contentant, comme lors des innombrables fusillades passées, de dénoncer « la violence insensée par armes à feu ».
Mais la droite pro-Trump a dénoncé, à l’instar de Newt Gingrich, ancien « speaker » de la Chambre, « une hostilité croissante de la gauche ».
« On a dit aux gens que c’était acceptable de haïr Trump, acceptable d’assassiner Trump », a-t-il regretté sur Fox News, dans une allusion à la polémique suscitée par une production new-yorkaise de la pièce Jules César de Shakespeare, dans laquelle le dictateur assassiné ressemble au dirigeant.
Steve Scalise, un ultra conservateur de 51 ans, est le « whip » de la Chambre, numéro trois dans la hiérarchie de la chambre basse du Congrès. Ce sont ses gardes du corps qui étaient présents sur le terrain.
L’attaque rappelle la tragédie de janvier 2011 à Tucson en Arizona, quand un déséquilibré avait tué six personnes et grièvement blessé l’élue démocrate Gabrielle Giffords à la tête.
« Cela peut servir de coup de semonce pour nous tous, afin qu’on réfléchisse à notre façon de débattre en politique », a dit la républicaine qui lui succéda, Martha McSally.