François Hollande est resté ferme, hier, dans son refus de toute réparation matérielle de l’esclavage, au moment où le Conseil représentatif des associations noires (Cran) attaque en justice la Caisse des dépôts, lui reprochant d’avoir profité de la traite négrière.
« Il y aurait une note à payer et ensuite ce serait fini ? Non, ce ne sera jamais réglé », a déclaré le chef de l’État, citant Aimé Césaire, poète et homme politique martiniquais. Il a également salué le Comité de la marche du 23 mai (date de l’hommage aux victimes de l’esclavage), association de descendants d’esclaves fermement opposée de même « à toute réparation financière parce que les souffrances de nos aïeux esclaves ne sont pas monnayables ».
Après avoir écouté ce discours présidentiel au jardin du Luxembourg, à l’occasion de la Journée nationale des mémoires de la traite, de l’esclavage et de leurs abolitions, en 1848, le président du Cran, Louis-Georges Tin, a néanmoins confirmé l’assignation de la Caisse des dépôts, « complice de crime contre l’humanité » parce que la banque avait encaissé les sommes considérables versées par Haïti en contrepartie de son indépendance (1804). Le Cran semble toutefois isolé par cette action au sein du milieu associatif.
Un musée à Pointe-à-Pitre
Traçant le sillon d’une France qui regarde « franchement » son histoire « pour la dépasser sans rien effacer », François Hollande a annoncé que l’État apporterait sa contribution au projet de musée sur la traite et l’esclavage à Pointe-à-Pitre. Le Président a aussi placé l’intervention militaire française au Mali sous le double signe de la « solidarité avec l’Afrique » et de la « dette à l’égard de l’Afrique ».
Pas un mot en revanche sur la suppression du mot « race » dans la Constitution, une promesse de campagne. À l’Élysée, on a assuré que cet engagement n’était « pas enterré ».