C’est un tsunami qui balaye l’information de France 2. Après l’arrêt du rendez-vous politique présenté par David Pujadas, Des paroles et des actes, le directeur de l’information de France Télévisions, Michel Field, a pris la décision de supprimer le magazine Envoyé Spécial, l’un des rendez-vous pourtant les plus emblématiques de la chaîne, créé le 18 janvier 1990.
C’est ainsi que ce magazine animé par Guilaine Chenu et Françoise Joly, qui l’animaient depuis janvier 2001, va passer à la trappe, sans que l’on en connaisse vraiment la raison. Vieillissement du concept, volonté de rajeunir là-aussi la case, de changement et d’innovation ? Mystère. Toujours est-il que tel un château de cartes que l’on balayerait d’une pichenette, c’est tout l‘édifice de l’information de France 2 que l’on ébranle.
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Sur la fin d’Envoyé Spécial
Nouveauté (réjouissante) dans les médias : quand un vecteur de la propagande médiatique est grillé, le pouvoir le jette. Dans le viseur de la dissidence depuis longtemps, usé par les critiques et les décryptages, le magazine historique de la rédaction de France 2 disparaît du PAF (le paysage audiovisuel français) sous la houlette du très communautaire Michel Field. Un homme de culture, mais aussi de réseaux. Ou de réseau, au choix.
Envoyé Spécial époque Nahon-Benyamin s’était fait un nom dans le reportage international, avant de se recentrer à l’époque Joly-Chenu sur le divertissement et la propagande pro-système. Une propagande devenue de plus en plus lourde, de plus en plus visible, au moment où l’Internet montait en puissance comme source d’information plus qu’alternative du public. Comme toujours quand on manipule le téléspectateur, avec un certain retard, celui-ci finit par comprendre que la soupe qu’on lui donne a changé de recette, en douceur, et en cachette.
Ainsi, une émission peut faire de l’audience, de façon artificielle, tout en étant morte éditorialement. C’est ce qui est arrivé à Envoyé Spécial, que nous n’avons pas manqué de dénoncer. Parce que nous sommes des contribuables, qui payons notre redevance, et que nous aimons l’information et la connaissance, pas la propagande. Il est cependant dommage que le pouvoir n’apprenne pas de ses erreurs, et jette une émission à cause du contenu empoisonné qu’il a lui-même injecté. On casse la soupière parce que la soupe est devenue mauvaise.
On peut donc s’attendre à une nouvelle émission de service public, c’est-à-dire de propagande, plus adaptée à aujourd’hui, c’est-à-dire plus sournoise, avec des injections d’interactivité et de réseaux sociaux, et surtout, à destination des jeunes, qui désertent les plate-formes où règne la parole officielle. Des jeunes sans qui ce service public futur ne sera plus rien, économiquement, et politiquement. Une propagande 2.0, qui finira comme la première, à la poubelle. Dommage pour les moyens mis en jeu, un million d’euros par mois depuis 25 ans, en moyenne. La propagande pourrit tout ce qu’elle touche, et le pire, c’est qu’elle s’entête dans son système de pensée. Et de répression.
Les observateurs ne s’y seront pas trompés : cette émission, comme beaucoup d’autres, a glissé de l’information à la répression sous couvert d’information. Et ce n’est pas la petite remontrance du CSA en janvier 2014 qui est à l’origine de cet arrêt brutal. Le CSA n’a aucun pouvoir, il est là pour faire croire à une morale publique dans l’audiovisuel, alors que c’est le contraire de la morale qui y règne : les réseaux de pouvoir y font la loi.
Envoyé Spécial du pouvoir va donc continuer, sous une autre forme, avec d’autres employés serviles, et avec le même piètre résultat. On attend au tournant et au lance-pierre cette métamorphose qui sent déjà l’absence totale d’imagination et de sens des réalités des aveugles sourds qui nous gouvernent.