Les gens qui parlent le plus de mondialisme et de réseaux sont rarement les plus calés pour le faire. Pierre Hillard, lui, parle moins - mais il écrit plus, et sérieusement. On est allé lui poser quelques questions, histoire d’en savoir plus.
Première partie : L’idéologie mondialiste, son essence et la résistance
E&R Breizh : Sur la toile, il est courant de critiquer ardemment le mondialisme ; cependant, cette idéologie est-elle une idée neuve ? La figure de l’Empire-monde n’est elle pas aussi rattachable à l’idéologie mondialiste ? On peut même penser à la société des hommes chrétienne avant même Vatican II …
Pierre Hillard : Le mondialisme existe depuis l’existence de l’humanité. On peut même dire que l’on trouve ce principe dans la Genèse. En effet, la Bible rapporte que le péché d’Adam et Eve consiste - sous l’influence du « grappin » (pour reprendre l’expression du saint curé d’Ars) - à être « comme des dieux » (« qui ut deus ? »). C’est l’histoire incessante de l’orgueil humain voulant être le centre de toute chose rejetant toute autorité supérieure. Ce principe humaniste a été cassé avec l’instauration du christianisme, plus exactement par le catholicisme. Cependant, la Renaissance accompagnée de l’émergence du protestantisme (Luther, Calvin, Cranmer, …) à partir du XVIème siècle accorde une position centrale à l’homme. L’homme est de plus en plus déifié. La Déclaration des droits de l’homme de 1789, précédée par la création du premier Etat d’inspiration maçonnique, les Etats-Unis ; entre dans l’accélération de cette déification où est réuni le triptyque classique né de la mystique maçonnique (1ère loge créée en 1717 à Londres par deux protestants : James Anderson et Jean-Théophile Désaguliers) : nominalisme (pas de vérité éternelle et fixe), le naturalisme (la morale est évolutive) et la primauté de l’homme. La finalité du maçonnisme est d’aboutir à une unité mondiale et à l’émergence d’un homme indifférencié, nomade, « hors sol » si je puis dire. Le nouvel ordre mondial (le NOM) est la suite logique de cet « idéal ». Pour autant doit-on mettre dans le même sac le catholicisme qui en grec signifie « universel » ? La réponse est négative. En effet, le christianisme a instauré un principe révolutionnaire qui est la distinction du spirituel et du temporel depuis la fameuse déclaration du Christ : « Rendez à César ce qui est à César et à Dieu ce qui est à Dieu ». L’autorité et le pouvoir politique des nations ne se mêlent pas à l’autorité et au pouvoir spirituel du pape. Certes, certains papes par faiblesse humaine ont essayé de soumettre à leur autorité celle des Etats. Mais pareil à l’équilibre du fléau de la balance, ces tentatives contraires à la doctrine catholique ont échoué. L’extension du catholicisme voulue par les papes au cours des siècles n’interdisait pas la variété des nations et de leurs traditions propres dans un cadre politique souverain. L’un devait soutenir l’autre sans pour autant se mélanger. Cette disposition du catholicisme est le meilleur contre poison empêchant l’émergence soit d’une théocratie planétaire soit d’une entité politique mondiale athée. En revanche, l’Islam n’obéit pas à ces critères car il ne distingue pas le spirituel du temporel. L’Islam est en même temps une foi et une loi constituant un nouvel ordre mondial avec ses propres caractères. Ceci explique l’opposition farouche entre, d’un côté, les tenants du mondialisme mercantile et messianique véhiculé par des élites anglo-saxonnes et juives et, de l’autre, les défenseurs du prophète Mahomet et des principes édictés par le Coran ; ces derniers représentant un autre courant du nouvel ordre mondial.
E&R Breizh : Pourtant, le mondialisme est-il un mal en soi ? L’uniformisation des Gaulois sous l’égide romaine a été célébrée par Jacques Bainville. Et ce n’est pas la novlangue que Rome a apporté …
Pierre Hillard : La pax romana qui s’est imposée après la victoire de Jules César a, certes, instauré un modèle sans pour autant détruire la diversité des tribus gauloises. La variété du nombre de fromages en France en fait foi. En fait, on a assisté à un mariage entre ces deux entités qui a enfanté un monde nouveau : les Gallo-romains. Cette civilisation gallo-romaine issue de la réunion des principes philosophiques, juridiques, politiques et religieux des mondes athénien, romain, de l’Ancien/Nouveau Testament et de la Tradition de l’Eglise constituent l’essence même de la civilisation française.
E&R Breizh : En sociologie, un débat fait souvent rage : une ou des élites ? Vous démontrez qu’il existe des liens profonds entre les élites anglo-saxonnes, juives et pangermanistes. Mais peut-on parler d’une confusion au sein du bloc euro-atlantique ? Et, au sein de ce processus, à quel point la chute du Mur de Berlin a-t-elle été importante ?
Pierre Hillard : Il existe des rivalités internes entre ces différents mondes. Ainsi, au sein du monde anglo-saxon affairiste, il existe une branche acquise au mondialisme reposant sur un socle régi par Washington et Londres et, de l’autre, le mondialisme planétarien où aucun pays ne prédomine ; l’ensemble de l’humanité constituant une purée générale. Parallèlement à cela, les élites juives poursuivent un idéal messianique qui fait dire, par exemple à Jacques Attali, qu’une gouvernance mondiale verrait comme capitale planétaire … Jérusalem. Dans cette affaire, nous avons une alliance objective entre ces deux mondes. En ce qui concerne les milieux pangermanistes, il y a une alliance avec les deux groupes cités ci-dessus[1] à condition pour le monde germanique de rester centré sur l’Europe en coopération étroite avec les élites anglo-saxonnes et juives. C’est le « partage du travail » (Arbeitsteilung) comme le disait l’ancien chancelier Schröder. Enfin, en ce qui concerne l’évolution du processus depuis la chute du mur de Berlin, nous sommes passés à une vitesse supérieure, en d’autres termes, dans la dernière ligne droite conduisant aux tentatives d’aboutir à une unité planétaire. Je ne fais que reprendre le passage présenté dans mon livre « La Fondation Bertelsmann et la gouvernance mondiale » (page 112) : « La période de la guerre froide vit l’opposition de deux blocs apparemment antagonistes. En fait, la thèse américaine née en 1776 (capitaliste et religieuse) et l’antithèse soviétique (communiste et athée) née en 1917 constituaient l’avers et l’envers d’une seule et même pièce reposant sur la primauté de l’homme traité sous un angle différent selon l’idéologie en place. La disparition de l’antithèse communiste soviétique en 1990 annonçait l’effondrement de la thèse capitaliste américaine afin de passer à la vitesse supérieure, le lancement d’une synthèse ou « alternative » pour reprendre l’expression de Mikhaïl Gorbatchev, afin de fusionner les deux systèmes (application du principe hégélien). Ainsi, la synthèse doit aboutir à l’émergence d’un système dans lequel des entreprises chargées de la production et de la distribution des biens doivent prendre forme mais sous l’égide d’un gouvernement mondial. Ce dernier, instance de régulation et assurant par l’intermédiaire d’un réseau bancaire le financement global de la planète, dictera les quantités à produire et le nombre d’entreprises habilitées à fabriquer le produit donné. On appelle cela la concentration des moyens obtenue grâce à la centralisation de l’autorité. L’état d’esprit guidant les élites mondialistes dans ce monde glocalisé (local et global) et infligeant ses volontés à une humanité indifférenciée et nomade se fera dans le cadre d’une agapè inversée. L’ouvrage du Colonel House, conseiller du président américain Wilson, prophétisait dans son ouvrage de 1912 ‘’Philip Dru, administrator’’, l’émergence d’un système où ‘’la propriété et les vies de chacun sont aux mains d’un seul homme’’ et l’instauration d’un ‘’socialisme tel que l’aurait rêvé Karl Marx’’. L’accélération de la mise en forme du nouvel ordre mondial, suite à la crise financière partie des Etats-Unis, est l’illustration de cette tentative d’aboutir à cette synthèse ou ‘’alternative’’ devant conduire théoriquement à une gouvernance mondiale dans le cadre d’un socialisme de marché ».
E&R Breizh : Pour arriver à la gouvernance globale, vous postulez que de grands blocs continentaux doivent être édifiés. Toutefois, peut-on poser comme hypothèse que par essence cette constitution de blocs continentaux est une marche de plus pour la gouvernance mondiale ? Les liens sont-ils clairs entre les différents blocs et la finalité de la gouvernance mondiale ?
Pierre Hillard : La formation de ces blocs continentaux constitue le marche pied vers la gouvernance mondiale. L’Union européenne (l’UE) représente le bloc le plus avancé. Nous avons aussi l’Union Africaine (UA) lancée en 1999/2000, la Communauté Economique Eurasiatique avec la Russie à sa tête (CEEA ou Eurasec en anglais) fondée en 2000 ou encore l’Union des nations Sud-américaine (UNASUR) dont la création remonte à mai 2008. Le phénomène est général sur tous les continents. Il est intéressant de noter l’évolution de l’Amérique du Nord. En effet, dans le cadre de l’Association du libre-échange Nord-américain (l’ALENA équivalent de la CEE pour l’Europe avant le Traité de Maastricht), les Etats-Unis, le Canada et le Mexique constituent une seule entité. Or, des bouleversements sont en préparation puisque le think tank américain moteur de la politique étrangère de Washington, le Council on foreign Relations (le CFR), a annoncé en 2005 sa volonté de voir ce bloc évoluer en une « Communauté nord-américaine » pour 2010[2] ; c’est-à-dire un bloc politique, économique et militaire unifié. Il ne faut pas se polariser sur la date théorique de 2010 compte tenu que ces choses se mettent en place avec un décalage de quelques mois ou de quelques années. L’intérêt de ce type de document officiel est de prévenir d’un basculement dans un avenir relativement proche et non pour 2050. Ce phénomène est si attendu que le géographe et ancien ambassadeur français dans les pays baltes, Michel Foucher proche des mouvances mondialistes, a fait paraître en novembre 2010 un atlas de gépolitique[3] désignant le bloc nord-américain non sous le terme d’ALENA mais d’Union nord-américaine. Or au moment où sont écrites ces lignes (janvier 2011) ; officiellement, l’Union nord-américaine n’existe pas. En fait, Michel Foucher au courant de ces changements profonds a pris un peu d’avance. Enfin, signalons que des liens politiques se mettent en place entre ces différents blocs. C’est le cas de la volonté de créer une Assemblée transatlantique entre l’UE et le bloc Nord-américain en formation dans le cadre d’une union euro-atlantique prévu théoriquement pour 2015[4] ou encore d’Eurolat, Assemblée parlementaire de liaison entre l’UE et l’UNASUR[5]. La finalité de cette politique est d’être coiffée d’une Assemblée parlementaire mondiale parallèlement à l’introduction d’une monnaie planétaire. C’est chose faite dans le cadre de l’ONU depuis 2007 avec le lancement de l’Assemblée parlementaire des Nations Unies (l’APNU)[6] sous la direction de l’Allemand Andreas Bummel auteur d’un ouvrage présentant les enjeux de cette politique[7].
E&R Breizh : De là, le nationalisme, basé sur l’Etat-nation, seule voie de la résistance dans un monde, où, selon les géopolitologues, nous assisterons à un monde multipolaire avec la chute de l’hyperpuissance thalassocratique états-uniennes et l’essor de la Chine ?
Pierre Hillard : La mise en place d’une gouvernance mondiale nécessite l’effondrement des Etats-Unis. J’ai eu l’occasion à maintes reprises de citer les « Mémoires » de David Rockefeller qui, outre son aveu consistant à reconnaître la conspiration menée par lui et ses amis contre les Etats-Unis, appelle clairement à une « direction des affaires mondiales ». Ainsi, au cours de ce processus, nous allons assister à l’émergence et au renforcement de blocs continentaux plus ou moins rivaux ; mais utile dans la gestion des affaires mondiales. L’ouvrage d’Orwell, 1984, décrit parfaitement ce processus où les trois grandes entités politiques (Eurasia, Estasia et Oceania), dirigées d’une manière dictatoriale avec des systèmes politiques apparemment différents, s’opposent en entretenant un climat de violence et d’incertitude justifiant par la suite la mise en place de mesures liberticides. Cependant, l’opposition fratricide ne va pas à son terme car il s’agit de ne pas détruire l’adversaire. L’ennemi est un « ami » utile pour justifier sa propre existence. Par ailleurs, la Chine dont le modèle fait rêver nos élites occidentales présente des faiblesses. On peut relever sa démographie à enfant unique et si possible mâle prélude à des conséquences désastreuses pour sa stabilité. Un déséquilibre complet de la pyramide des âges chinoise s’installe. Même si le colosse chinois prend les formes d’un Léviathan ; il présente des faiblesses internes réelles comme, par exemple, l’opposition énorme entre la Chine de la côte et la Chine de l’intérieure. Enfin, j’ajouterai qu’aucune organisation politique sur terre n’est éternelle. La Chine fidèle à des révolutions sociales au cours de son histoire connaîtra tôt ou tard des révoltes remettant en cause l’autorité de Pékin.
Deuxième partie : Le mondialisme, l’ethno-régionalisme et l’Europe
E&R Breizh : La construction européenne, à laquelle vous avez consacré une large partie de votre attention, fut lancée en vue d’un bloc euro-atlantique et fonctionne sur le ressort pangermaniste : l’ethno-régionalisme. Alliance de circonstance des élites mondialistes avec les mouvements ethno-régionalistes ou montage orwellien – l’opposé menant à son contraire ?
Pierre Hillard : Les autorités politiques allemandes sont à l’origine de tous les textes favorisant le régionalisme, la disparition des frontières politiques au profit de frontières administratives et de l’ethnicisme. Il faut souligner que la promotion du régionalisme ne concerne pas uniquement les régions à forte identité ethnique. En fait, il s’agit de promouvoir l’autonomie politique, économique, fiscale, etc des régions qu’elles soient ethniques ou pas afin de les raccrocher directement aux autorités supranationales de Bruxelles sans passer par la case « Nation ». Le processus doit se poursuivre selon la vulgate euro-mondialisme par la mise en forme d’eurorégions. Celles-ci constituées de régions autonomes se regroupent de part et d’autre des frontières nationales abolies par le système afin de constituer de nouvelles entités territoriales artificielles, en d’autres termes, de gros départements au niveau de l’Europe. Ces eurorégions sont nombreuses. On peut citer par exemple : l’eurorégion Pyrénées-Méditerranée[8], l’eurorégion Alpes Méditerranée[9] ou encore les eurorégions entourant l’Allemagne[10].
Les élites mondialistes veulent détruire les Etats au profit d’une gouvernance mondiale, en fait forme déguisée d’une multinationale unique. Il va de soi que leur soutien apporté aux revendications ethno-régionalistes en Europe, en fait, partout dans le monde (Sud Soudan et par ricochet toute l’Afrique, une partie de la Bolivie, le Tibet, le Proche-Orient, etc … la liste est longue) entre dans cette volonté de dissoudre l’ensemble dans un grand magma. Les blocs continentaux constituent la nouvelle ligne d’horizon traitant de plus en plus avec des régions. Entre les deux, les Etats sont pris en étau et passent à la trappe. L’exemple du parti des Vert/Alliance Libre Européenne (Verts/ALE) au Parlement européen est particulièrement probant. Les Verts dirigés par Daniel Cohn Bendit, paragon forcené du mondialisme, se sont associés à un parti (ALE) regroupant une trentaine de partis régionalistes européens[11]. Or, depuis avril 2010, le président des ALE est Eric Defoort[12], Flamand et co-fondateur du parti indépendantiste la NVA[13] dirigée par Bart de Wever catalogué à droite voire à l’extrême-droite. Or ce même Bart de Wever a parfaitement compris l’évolution des choses en répétant que la Belgique finira par s’évaporer entre l’Europe et les régions. Ce parti indépendantiste flamand est acquis à la cause mondialiste par son adhésion aux Verts/ALE. Cette tendance est appelée à se généraliser. Le cas belge est à observer avec attention car le processus d’éclatement est lancé. Bien malin celui qui peut donner une date. En tout cas, le démembrement tôt ou tard de ce pays aura des répercussions profondes dans toute l’Europe et à l’échelle planétaire. J’ajoute que les pions mondialistes se mettent gentiment en place car le président de la communauté germanophone de Belgique (Eupen et Saint Vith), Karl Heintz Lambertz[14], a été nommé président de l’Association des régions frontalières européennes (l’ARFE)[15] le 19 février 2010. Il faut rappeler que le but officiel de cet institut est de transformer les frontières nationales en frontières administratives permettant par la suite la création des eurorégions. Dans le programme d’éclatement de la Belgique, Karl Heinz Lambertz est vraiment bien placé. Un tel idéal a trouvé sa récompense avec l’octroi de la « Grande croix du mérite » de la République fédérale d’Allemagne en mars 2010. L’ambassadeur allemand s’est plu à reconnaître l’engagement de Karl Heinz Lambertz en faveur de la coopération transfrontalière avec les eurorégions « Sarre-Lor-Lux » et « Meuse-Rhin »[16]. « Etonnant » comme aurait l’ami Pierre Desproges.
E&R Breizh : A cet égard, vous venez de publier un article sulfureux concernant la genèse de cette « balkanisation » de l’Europe. En vous appuyant sur une thèse de 1929 écrite par Nathan Feinberg, vous faites remonter les premières consécrations de l’éclatement de l’Europe par l’ethno-régionalisme aux accords de paix de 1919. Pouvez-vous en dire plus ?
Pierre Hillard : Ayant la chance de posséder la thèse d’origine consacrée au rôle des B’nai B’rith et du sionisme sous la plume de Nathan Feinberg publiée intégralement sur internet[17], j’ai pu démontrer le rôle de la franc-maçonnerie juive dans la rédaction des textes en faveur de l’ethnicisme dans le cadre du Traité de Versailles. L’action fut menée de main de maître par Louis Brandeis, premier juge juif à la cour suprême des Etats-Unis qui sut très bien conseiller le président américain Wilson. On peut dater la collusion de ce milieu avec les mouvements politiquement à droite voire à l’extrême-droite allemands (milieux pangermanistes) dès les années 1920. Le représentant allemand pangermaniste, Ewald Ammende en liaison avec l’appareil gouvernemental de Berlin, travaillait avec le représentant des B’nai B’rith au Traité de Versailles, Leo Motzkin. Celui-ci était lui-même lié au mouvement sioniste. Cette époque est très importante à comprendre pour suivre les événements en cours en ce début de XXIè siècle. En effet, le mouvement sioniste sous la direction de Theodor Herzl voulait la création d’un Etat juif. Or, il reçut un appui décisif avec la fameuse « Déclaration Balfour » en 1917. Ce texte reconnaissait l’existence d’un foyer juif en Palestine avec l’approbation du gouvernement britannique. Cette reconnaissance fut officialisée par une lettre envoyée à Walther Rotschild[18] qui était un intermédiaire avec le mouvement sioniste en Grande-Bretagne. Les racines de cette affaire sont encore plus profondes. En effet, le grand historien américain Carroll Quigley a prouvé que le véritable auteur de cette lettre n’était pas Balfour mais Alfred Milner ; affirmant même que ce document capital aurait dû s’appeler la « Déclaration Milner »[19]. Alfred Milner était le chef du cabinet de guerre de Lloyd George durant la Première guerre mondiale. En fait, cet homme appartenait à la haute oligarchie anglo-saxonne travaillant à l’instauration d’une organisation planétaire. Il fut le bras droit et successeur de Cecil Rhodes à l’origine du lancement des principes d’un nouvel ordre mondial sous direction anglo-saxonne. Par la suite, des tensions internes sont apparues – même si la finalité est la même - au sein de ces élites entre les partisans du mondialisme anglo-saxon et les partisans du mondialisme planétarien tous alliés au sionisme. Le rappel de ces faits est capital. En effet, la coopération observée entre, d’un côté, le mouvement sioniste avec en toile de fond l’idéal d’un mondialisme messianique et, de l’autre, les partis populistes européens prend de la vigueur. En ce début de XXIè siècle, on observe un rapprochement étroit entre les partis politiques européens appelés « populistes » en Autriche, au Pays-Bas, en Suède ou encore en France favorable à la cause du sionisme. Ces dirigeants populistes condamnent avec justesse le mondialisme tout en commettant un contresens complet en s’engageant en faveur du sionisme qui est un enfant du … mondialisme. Ces milieux sionistes - eux-mêmes tiraillés par des tensions internes - en lutte contre l’Islam séduisent avec succès les partis populistes européens stigmatisant le monde musulman. Je crains qu’il s’agisse là que d’un moyen d’attiser le « Choc des civilisations » et de faire des nationalistes des dupes dans cette affaire. Il serait plus logique - mais aussi plus difficile - de la part des défenseurs des traditions nationales et de la civilisation européenne de prendre leur distance face à ces deux mondes au lieu d’être la balle de pingpong appelée à être broyée entre deux métaphysiques si éloignées des concepts classiques du vieux continent.
E&R Breizh : Pour finir, le cas français. A partir de quelle date selon vous la mise au pas de la France a-t-elle débutée et à quel point celle-ci est-elle parvenue ? La France, un Etat ou une circonscription administrative ?
Pierre Hillard : Je vais peut-être étonner certains qui disent que la France s’est suicidée en s’engageant en faveur de la construction européenne. En fait, les origines de notre chute sont plus lointaines. La France a perdu sa force vitale en 1789. Notre pays disposait d’un atout majeur : l’indépendance du pouvoir royal (monarchie « absolue » : ab solutus signifie « être délié ») par rapport au monde de la finance. Le 17 juin 1789, le Tiers Etat s’est déclaré Assemblée constituante donnant officiellement le pouvoir au peuple, en fait la bourgeoisie d’affaires. Cette bourgeoisie française affairiste est désormais au pouvoir avec les ramifications directes vers Londres et la famille Rothschild. L’intermède napoléonien vide la France de son sang. En 1815, la France est à genoux et elle ne s’est plus relevée. Est-ce un hasard de constater que l’alignement de notre politique sur celle de l’Angleterre date de cette époque. Le processus d’affaiblissement se poursuivant, il s’agit selon la doxa européiste, de dissoudre la France pour qu’elle ne soit plus qu’un simple espace géographique. Nous devons regarder l’histoire de France et du monde sur une époque longue. En fait, 1789 est la conséquence logique issue de la Renaissance et de la Réforme, début XVIè siècle, matrices de l’idéologie maçonnique à partir de 1717. Primauté de l’homme, matérialisme outrancier, morale évolutive, idéologies de substitution, dissolution des nations, mélange des populations et montée en puissance d’une agapé inversée infernale caractérisent ce long processus lancé il y a 500 ans en passe de se concrétiser en ce début de XXIè siècle dans le cadre d’un monde orwellien. Nous sommes dans la dernière ligne droite. Notre sort va être réglé au cours de la décennie 2010. Dans le cas de l’UE on observe une tentative d’instaurer un véritable Etat européen disposant d’une fiscalité et d’une autonomie financière complète. C’est l’ambition voulue par Herman van Rompuy, président du Conseil européen par la grâce du Bilderberg[20], et dont les projets consistent à profiter de la crise pour soumettre les budgets nationaux à l’autorité supranationale de Bruxelles comme l’a révélé, le 10 février 2010, The Independent[21] ; la finalité étant de créer un pôle européen unifié et soumis au bloc nord-américain en formation. Il est vrai que l’évolution de cette Europe a toujours été encouragée par les élites anglo-saxonnes qui, dès le lendemain de la Seconde guerre mondiale, ont promu par des moyens financiers la réussite du projet européen. Cette tendance fut révélée par un article du Daily Telegraph (19 septembre 2000)[22] montrant, suite aux travaux du chercheur Joshua Paul de l’université Georgetown, que les services secrets américains finançaient les promoteurs du projet européen. L’euro, monnaie incompatible en raison de la variété des systèmes nationaux et de la diversité des langues européennes freinant considérablement la mobilité professionnelle, est considéré comme la pierre angulaire du projet. En fait, la finalité du projet mondialiste est l’instauration d’une monnaie mondiale comme le souhaite le rapport du FMI du 13 avril 2010 appelant à l’instauration du Bancor et d’une banque centrale mondiale[23]. Inévitablement, une telle ambition passe par un effondrement du dollar dont la fragilité n’a rien à envier à celle de l’euro. Des économistes comme Barry Eichengreen n’hésitent pas à le dire[24]. Finalement, nous observons un bouillonnement généralisé sur la planète où fragilité du système financier appelé à s’effondrer, boom des dettes publiques, bons du trésor américain de plus en plus délaissés, l’immobilier en vrille (bulles américaines, anglaises, chinoises etc), déluge de papier monnaie, liens de plus en plus forts entre l’Allemagne et la Russie et revendications ethno-régionalistes promettent à l’humanité un fantastique chaos en raison de l’interdépendance si chère à la Société fabienne (Fabian Society), mélange de « Mad Max » et de « la guerre du feu ». Cependant, je crois profondément au renouveau sur de nouvelles bases mettant fin à l’aventure issue des cinq derniers siècles. La Tour de Babel s’écroulera parce qu’elle est d’essence infernale.
Pierre Hillard, auteur de La décomposition des nations européennes, 2è Editions, François-Xavier de Guibert, 2010.
Propos recueillis pour Maxime, pour E&R Bretagne
[1] J’ai eu l’occasion d’évoquer le rôle de la franc-maçonnerie juive – les B’nai B’rith – dans le traité de Versailles puis de sa collusion avec les milieux pangermanistes dans les années 1920 : http://www.mecanopolis.org/?p=20300 [2] http://www.cfr.org/publication/8102... [3] Michel Foucher, « La bataille des cartes, Editions Bourin, novembre 2010, page 174. [4] De nombreux documents existent émanant du Parlement et de la Commission européenne. Sans tous les citer, nous pouvons relever : http://www.europarl.europa.eu/sides... et http://eeas.europa.eu/us/index_en.htm [5] http://www.europarl.europa.eu/intco... [6] http://fr.unpacampaign.org/about/un... [7] Andreas Bummel, Internationale Demokratie entwickeln, Horizonte Verlag, 2005. [8] http://www.euroregio.eu/eu/AppJava/... [9] http://www.euroregion-alpes-mediter... [10] http://www.diploweb.com/cartes/zusa... [11] http://www.voltairenet.org/IMG/jpg/... [12] http://www.e-f-a.org/bureau.php [13] http://www.rtbf.be/info/matin-premi... [14] http://www.aebr.eu/pdf/curriculum-v... [15] http://www.aebr.eu/en/index.php [16] http://www.grenzecho.net/zeitung/ak... [17] http://www.mecanopolis.org/?p=20300 [18] http://www.mfa.gov.il/MFA/Peace%20P... [19] Carroll Quigley, The anglo-american Etablishment, GSG § Associates, 1981, p. 169. [20] http://euobserver.com/9/28993 [21] http://www.independent.co.uk/news/w... [22] http://www.telegraph.co.uk/news/wor... [23] http://www.imf.org/external/np/pp/e... [24] http://www.ftd.de/politik/internati...