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Entretien avec Ayssar Midani sur la Syrie

Propos recueillis pour E&R par Alimuddin Usmani

La franco-syrienne Ayssar Midani est spécialiste des conflits en Syrie. Elle a participé, le 22 septembre 2014, à une conférence à Genève intitulée « Terrorisme d’État : le cas de Gaza ». En 2012, elle avait confronté et déstabilisé BHL lors d’un débat retransmis par la BBC [1]. Nous lui avons posé 3 questions à propos du conflit en Syrie.

 

Alimuddin Usmani : Madame Midani, qu’avez-vous ressenti le jour ou Laurent Fabius a déclaré que Bachar el-Assad ne « mériterait pas d’être sur la Terre [2] » ?

Ayssar Midani : C’est la première fois de ma vie que j’entends un ministre des Affaires étrangères appeler au meurtre. Cela doit également être une première dans l’histoire de la diplomatie mondiale. En plus d’être fait d’une manière grossière, c’est une ingérence totale dans la vie d’un pays souverain. C’est incroyable qu’un ministre des Affaires étrangères ne prenne même pas la peine d’énoncer des arguments pour justifier quelconque agression contre la Syrie.

 

Face à l’émergence de l’État islamique, l’administration Obama a exprimé la volonté d’intervenir militairement en Syrie. Ne craignez-vous pas que cette intervention vise en réalité à renverser le gouvernement en place à Damas ?

Je crois que l’envie ne leur manque pas. Ce qui est certain, c’est que leurs capacités sont beaucoup moins importantes qu’ils ne le disent. La Syrie n’est pas seule, la Syrie a bien défini les lignes rouges. Elle est prête à coopérer avec ceux qui veulent combattre le terrorisme. Cependant toute intervention à l’intérieur de ses frontières sans son accord et sans coordination avec elle serait considérée comme une agression. Elle y répondra par les moyens nécessaires.

 

Depuis avril 2013, le Hezbollah libanais est impliqué très fortement dans le conflit syrien. Comment jugez-vous son action ?

J’estime qu’elle fait partie du front de la résistance. Le Hezbollah, la Syrie ainsi que l’ensemble du Moyen-Orient est concerné par ce qui se passe en Syrie. Le Hezbollah est directement menacé au Liban par cette agression contre la Syrie. Je pense que c’est tout à fait légitime et normal que le Hezbollah, la Syrie et les Palestiniens s’entraident face à cette agression caractérisée de la part de terroristes venus de l’étranger. Ceux-ci viennent du monde entier, notamment de Tchétchénie, de Libye, d’Arabie Saoudite, de Belgique, de France, d’Angleterre, des États-Unis. Ce qui me choque profondément c’est que le monde entier a attendu l’égorgement d’un journaliste américain avant d’être choqué. Avant cela, des milliers de Syriens et d’Irakiens ont été égorgés, parfois devant la caméra. Cela n’a pas ému grand monde. Certains dirigeants continuent à alimenter ce terrorisme, à le financer, à le justifier et à présenter les terroristes comme des opposants. Ce ne sont pas des opposants syriens mais des agresseurs étrangers.

Je tiens à rappeler que les services de renseignement allemands avaient signalé, fin 2011 début 2012, que l’Armée syrienne libre était une véritable « coquille vide » et qu’il y avait des personnes de 95 pays différents qui s’étaient rendues en Syrie pour combattre. La plupart étant issues de factions d’Al-Qaïda. Les services de renseignement allemands ne sont pas « nés de la dernière pluie » et ne sont pas particulièrement amis avec le président Bachar el-Assad.

Sur la Syrie, chez Kontre Kulture :

 
 






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