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Ennio Morricone, Jean-Sébastien Bach et Le Clan des Siciliens

Peu d’auteurs ont incarné avec autant de morgue le peu d’effet sur un parcours d’un plagiat reconnu par la justice. Condamnée en mai 1996 pour avoir pillé le best-seller d’Howard Buten Quand j’avais cinq ans, je m’ai tué (Seuil, 1981), confondue de nouveau quelques mois plus tard – sans suites judiciaires cette fois – pour s’être un peu trop inspirée d’au moins cinq autres auteurs, Calixthe Beyala n’en a pas moins obtenu, dans la foulée de son procès, le Grand Prix du roman de l’Académie française pour Les Honneurs perdus (Albin Michel, 1996) – le livre avait figuré la même année sur les premières sélections du prix Goncourt. Cela ne l’a pas non plus empêchée de continuer à mener une carrière prolifique (elle est l’autrice de dix-neuf livres), de bénéficier d’une importante visibilité médiatique, comme écrivaine ou comme militante de la représentation des minorités dans le paysage audiovisuel à travers le Collectif Égalité, de recevoir d’autres récompenses littéraires, de devenir, entre 2005 et 2012, éditorialiste au mensuel Afrique Magazine… Ni même d’être élevée au rang de chevalière de la ­Légion d’honneur en 2010.

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Michel & Calixthe

 

Au moment où Le Monde sort une série d’articles sur le plagiat, avec cette fielleuse introduction sur les méthodes de Calixthe Beyala, qui soit dit en passant était la petite protégée de Michel Drucker, jusqu’à ce qu’elle prenne la défense de Dieudonné chez Paul Wermus en 2004, avant de retourner sa veste chez Ardisson en 2005 (« Je suis scandalisée, je suis atterrée… Certains propos de Dieudonné… me rappellent l’époque nazie. »), nous avons retrouvé une longue interview d’Ennio Morricone dans L’Express de 1999, où il parle de son processus créatif.

En insérant dans vos compositions des instruments insolites, comme le triangle, la cloche ou le sifflet, ainsi que des cris humains ou d’animaux, vous avez bousculé tous les codes.

Ma démarche n’a jamais été provocatrice. Je pensais juste que les sons d’animaux étaient pertinents dans l’univers du western. Durant mon apprentissage, avec le groupe d’improvisation Nuova Consonanza, j’ai toujours prêté l’oreille aux sons, si modestes soient-ils. Même le banal tapotement d’un stylo sur une table, isolé de son contexte, peut se réincarner en musique. Le cri du coyote, si on l’écoute bien, est éminemment musical. Pour le traduire en musique dans Le Bon, la Brute et le Truand, j’ai demandé à deux chanteurs de crier ensemble, puis j’ai mixé leurs deux voix en ajoutant de l’écho. Quand Leone a entendu le résultat, il était fou de joie ! Nous voulions torturer les sons, les violer... Dans Il était une fois dans l’Ouest, l’harmonica devait résonner comme un cri de douleur, car il incarnait toute la souffrance et l’humiliation du personnage de Bronson. Pendant l’enregistrement, nous trouvions que le musicien jouait d’une façon monotone. Alors Sergio s’est jeté sur lui et l’a étranglé. C’est pour ça que le son est si réussi !

 

 

Dans Mon nom est personne, vous parodiez La Chevauchée des Walkyries, de Wagner. Est-ce un clin d’œil à votre formation classique ?

Oui. J’ai toujours gardé la nostalgie de la musique classique. Même si je suis conscient qu’il existe un fossé énorme entre le public qui va au concert et celui qui va au cinéma, ces clins d’œil sont une manière de rapprocher ces deux mondes... Personne ne sait par exemple que le thème principal du Clan des Siciliens est un hommage à Bach : je l’ai élaboré en superposant une première mélodie, inspirée d’un de ses préludes pour orgue, et une seconde, que je me suis amusé à composer à partir des lettres B, A, C, H, qui, en allemand, correspondant à nos si, la, do, si. C’est un remerciement à un compositeur que j’aime beaucoup.

Ennio s’est donc inspiré, pour le thème éternel du Clan des Siciliens, du Prélude BWV 543 de Jean-Sébastien Bach. Démonstration.

 

 

 

En 1730, Jean-Seb avait 45 ans. Il ne se doutait pas qu’il serait, 239 ans plus tard, l’auteur du thème du célèbre film d’Henri Verneuil.

 

Bonus : Soral, Beyala et Mocky chez Wermus en 2004

Calixte  : « Michel Leeb pendant des années qui s’est moqué des Noirs, je n’ai pas vu ce tollé contre Michel Leeb. »

Musique, sur E&R :

 






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28 Commentaires

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  • #2780558

    Le clan des Siciliens… La classe la vraie, le charisme de ces acteurs jamais égalés chez les acteurs Français d’aujourd’hui. Toute une époque

     

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    • #2780740
      Le Août 2021 à 21:45 par Agecanonix
      Ennio Morricone, Jean-Sébastien Bach et Le Clan des Siciliens

      @Nenex

      Je souscris sans réserve à votre propos. Avec le privilège de l’âge, quoi que veuillent nous flinguer les mondialistes, pour avoir connu le cinéma des années 60/70, il est patent de constater que depuis 20 ans au moins le cinéma français à de très rares exceptions près est devenu de la merde au même titre que le cinéma américain.

       
  • #2780717
    Le 6 août 2021 à 21:00 par goy pride
    Ennio Morricone, Jean-Sébastien Bach et Le Clan des Siciliens

    Il était une fois dans l’Ouest est un de ces chefs d’oeuvre qui peuvent bouleverser le cœur d’un homme ! C’est d’une beauté, complexité, richesse, justesse...c’est phénoménale ! En fait les films de Leone et de son compère Ennio Morricone forment l’alliance du génie des images à celui de la musique ! Le résultat obtenu est extraordinaire ! Mais pour bouleverser ce genre d’oeuvre magistrale doit s’adresser un homme entier, intact et mature. Il faut comprendre et avoir vécu l’humiliation sociale, il faut comprendre ce qu’est la femme, ce qu’est être un homme...En fait ce genre de films c’est exactement comme les bons livres, cela se revisionne à différent stade de sa vie, et à chaque fois cela suscite plus de compréhension, d’émotions...Par exemple la première où j’ai regardé Il était une fois dans l’Ouest je devais avoir 10 ou 11 ans. J’avais aimé ce film mais sans véritablement en comprendre la profondeur, et sans que cela me bouleverse...parce que j’étais trop jeune et immature. J’ai revu à 2 ou 3 reprises ce film...avec à chaque fois une perception différente mais sans plus...puis il y a 1 ou 2 ans dans un article d’ER ce film est abordé...du coup je vais le re-regarder pour une énième fois, et cette-fois ci c’est le choc ! Je suis bouleversé ! Pourquoi ? Parce que je ne suis plus le petit garçon de 10 ans, ni ce jeune adulte de 20, 30 ans...mais un homme à la quarantaine bien sonnée qui a enfin atteint le niveau de maturité intellectuelle, qui a une expérience de la vie...qui lui permet de comprendre et ressentir au plus profond de lui même ce que ce film évoque.
    De nos jours il n’y a presque plus personne capable de produire de type de chef d’oeuvre. Tout ce qui est produit aujourd’hui est représentatif de notre époque de médiocrité, fausseté, vulgarité, de manque de finesse des sentiments...Les films aujourd’hui cela ressemble à un dessin d’un enfant de 2 ans. Certes cela peut révéler des choses intéressante sur l’enfant auteur du dessin mais c’est grossier, cela manque de finesse, de subtilité, de maîtrise technique...0n est rarement en extase devant le dessin d’un gosse de 2 piges !

     

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  • #2780747

    Merci pour ce très beau concert d’orgue.
    On peut y admirer entre autres le jeu des pédales.
    J’ai assisté à un mariage où jouait un facteur d’orgue, ami d’enfance du marié. La veille, il était venu accorder l’orgue. C’était tout bénef pour la paroisse.
    Durant le repas, l’organiste et facteur d’orgue avait joué de la musique baroque sur un genre de petit piano-clavecin. C’était très classe et ça remplaçait le bal qui n’avait pas eu lieu à cause d’un décès récent dans la famille d’un des mariés.
    L’orgue est un instrument d’une beauté divine mais ceux qui prennent des cours d’orgue seront organistes à vie dans plusieurs paroisses. Un sacerdoce.

     

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  • #2780751

    Synchronicité.
    Dans le film "le clan des siciliens" la fin est très savoureuse car elle met en scene le détournement d’un boeing qui arrive sur new york avec une vue très distincte des tours jumelles.
    Comme quoi, le "personne n’y avais jamais pensé" ...
    Les 20 ans de cette escroquerie mondiale c’est dans 1 mois.
    Biden a refusé l’accès aux commémorations aux familles des victimes qui demandent l’accès aux documents du FBI sur les attentats.

     

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  • #2780879
    Le 7 août 2021 à 09:00 par Emmanuel
    Ennio Morricone, Jean-Sébastien Bach et Le Clan des Siciliens

    Delerue dans LE MEPRIS s’inspirait aussi d’une suite de Bach, celle que jouera Chiara Mastroianni dans Ma saison préférée, un excellentissime Téchiné.

     

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  • #2781001
    Le 7 août 2021 à 11:44 par jaznavour
    Ennio Morricone, Jean-Sébastien Bach et Le Clan des Siciliens

    Quand t’entends "Merci Soral" à la télé, tu te dis ... c’était ça la bohème qu’on peut pas connaître si on avait pas 20 ans ?

     

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  • #2781004
    Le 7 août 2021 à 11:49 par Palm Beach Post : "Cult !"
    Ennio Morricone, Jean-Sébastien Bach et Le Clan des Siciliens

    lorsqu’on parle d’Ennio Morricone, ne pas oublier Bruno Nicolai

    https://fr.wikipedia.org/wiki/Bruno...

    Morricone, c’est un peu l’arbre qui cache la forêt de tout un tas de compositeurs ritals géniaux
    ’suffit d’aller voir les films, poliziotteschi, gialli, western, etc... pour avoir les noms

     

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  • #2781485

    Wermus (...) : Il faut dire "qu’il n’a pas organisé une soirée au profit de la LICRA aussi"... Ha ! Ha ! Ha ! Le plus drôle, et de loin !!!

     

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  • #2782954
    Le 9 août 2021 à 23:05 par Oleodedieu
    Ennio Morricone, Jean-Sébastien Bach et Le Clan des Siciliens

    Bon sang ! J’avais oublié cette émission de Paul wermus ! Carmouze connaissait ses maîtres et Jolivet faisait dans son froc de gauchiste... Quand on voit en 2021 l’évolution de la société : c’était le début !!

     

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  • #2787380
    Le 16 août 2021 à 08:34 par Milena
    Ennio Morricone, Jean-Sébastien Bach et Le Clan des Siciliens

    Bonjour, Nous n’avons pas eu d’article hier sur la fête catholique de l’Assomption. Dommage. Vous auriez pu publier celui d’une année précédente en en modifiant la date.
    Sinon les mélomanes ont certainement attendu la vidéo d’un Ave Maria de Stéphane Blet.
    Stéphane, merci par avance. Tu vas bien ? Pour Noël, nous attendons un Ave Maria de ta composition.
    Bises et à bientôt !

     

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