Y a quoi sur Internet ce soir ? C’est la question que doivent se poser quelques dizaines de millions de Français et quelques milliards de Terriens collés devant leur écran et qui savent pas trop où cliquer. On peut bien sûr regarder sa fenêtre, mais une rue vide, c’est nettement moins intéressant, ou alors il faut être sacrément contemplatif. Parfois, il y a bien un pétage de plombs, mais on finit par s’en lasser. Heureusement, il y a plein de choses intéressantes sur ce supermédia qui a englouti tous les autres et qui est la fenêtre sur le monde de ceux qui n’ont pas les moyens de voyager ou de se tailler en jet privé.
Pas mal de Parisiens ont fui la grippe néolibérale, apportant généreusement ici et là le virus, ce qui a augmenté encore d’un cran la haine anti-Parigots. Ceux qui avaient plus les moyens qu’une modeste maison de campagne en Bretagne ou en Vendée (OK c’est un peu la même chose pour les natios de là-bas) ont pu se tailler de l’autre côté de l’Atlantique, dans le Nouveau Monde sur lequel Christophe Collomb a buté en 1492. Pour un jet privé sur un Paris-New York, comptez 100 000 euros en Falcon, 13 personnes max, de quoi embarquer toute la famille et aussi le chien.
Car quand on a les moyens, tout est possible, le monde est ouvert et les gens sont gentils. Nous, on a été regarder notre compte en banque, 294 euros en fin de mois (mais il y a les dernières courses qui vont tomber), au moins on est en positif, pour une fois, Axa nous a moins volé de frais que d’habitude. Il nous manque 99 706 euros pour aller planquer nos fesses chez les Yankees, et faire un Ulule ou un Kiss Kiss Bank Bank en 24 heures ça semble compliqué :
« Aidez-nous à quitter cette vallée pleine de larmes, on a besoin de 100 000 euros (par tête de pipe, soit 1 300 000 pour la smala) avant demain soir. Merci. Ah oui, pour les contributeurs ? Eh ben, euh, des photos de là-bas. Dédicacées. »
Pas sûr que ça morde. Donc on a rangé dans le tiroir nos velléités de fuite et on a décidé de regarder des vidéos en ligne. Des films, des docus, du sérieux, du marrant, il y en a pour tous les goûts.
On a commencé, histoire d’oublier ce qu’est devenu le film français, qui devrait s’appeler autrement mais on va pas commencer à polémiquer, à revoir Un idiot à Paris de Serge Korber, scénarisé par Audiard, avec une distribution étonnante. Pourquoi étonnante ? Parce que ce ne sont que des seconds rôles, il n’y a pas de star, que des tronches, mais l’ensemble fonctionne à merveille autour du Candide ou de ce Pierrot de Jean Lefebvre. C’est comme ces équipes de foot qui récupèrent les joueurs bannis des autres équipes et qui font un championnat de folie car ils n’ont rien à perdre. Ces équipes de parias sont en général surmotivées, ce fut le cas de Leicester en 2015-2016, damant le pion à toutes les grosses écuries à un ou deux milliards (valeur cumulée des joueurs). Dans cette équipe, il y a avait un Jean Lefebvre, véritable Martien du foot, un mec qui picole et qui fume, comme George Best à son époque : Jamie Vardy.
Jean Lefebvre et Jamie Vardy sont des petits gars venus d’en bas et arrivés sans bruit en haut, avec un talent bien particulier. En début de sa carrière, Jamie touche 38 euros par match, et Jean Lefebvre, démobilisé en 40, conduit des tramways, touche au marché noir avant d’entrer au Conservatoire. On est loin des fils de qui obstruent le cour Florent et qui rêvent de devenir des stars.
Après cette séance de ciné et de foot, on passe à l’humour avec Les Inconnus, un trio français inoxydable. Vous allez voir que c’est d’actu, pourtant ça date de 1992.
On a fait le cinoche, l’humour, passons au sport. Un vrai programme télénet, sur E&R. Vous n’allez manquer de rien. Préparez les chips.
On pense très fort à ceux qui n’aiment pas le foot, en général ce sont les amateurs de rugby. Avant de se prendre la douche écossaise pour leur 4e match du tournoi des 6 Nations, les Français ont quand même battu les Anglais au Stade de France et les Gallois chez eux ! Retour en images sur la victoire face aux Diables rouges, et le paquet d’essais opportunistes qu’on leur a écrasés, sans oublier notre défense de fer :
On va arrêter ce genre de vidéos, ça fait un peu best of de l’année, on a mieux à montrer. On va attaquer les docus sérieux, et un premier sur le cannibalisme, c’est un truc qui cartonne toujours. Il nous a été conseillé par un lecteur fidèle et riche mais qui ne participe pas assez au Financement participatif de la Rédac, et on espère que cette mise en valeur personnalisée va l’inciter à lâcher un peu de monnaie. Souvent les riches sont plus près de leurs sous que les pauvres.
« Lorsqu’un guerrier mourait transpercé d’une flèche, on consommait son cadavre. Je me souviens d’avoir mangé deux doigts d’un jeune garçon. Ils étaient bien meilleurs que du poulet ou du porc. »
Eh ben, c’est du propre. Quelle bande de sauvages !
Remarquez, nous, en Occident, la plupart des gens bouffent de la merde et ça se voit sur l’esprit et le corps des consommateurs occidentaux.
Retour en France avec une journée à la Foire du Trône en 1970, et une voix de forain, hein, ça nous rappelle que Campion a été interrogé par Monsieur K, mais pas dans la cave et à l’électricité. Un personnage, celui-là ! On a une anecdote sur le patriarche, l’année où une bande de saucissonneurs s’attaquait aux possédants des grandes villas d’Île-de-France. Disons qu’ils sont tombés un jour sur des clients qui avaient quelques connexions, et... On n’en dira pas plus. Depuis, on n’entend plus parler de ces saucissonneurs. C’est un peu la méthode Bassem.
On a fait le cinoche, le sport, l’humour, les cannibaux, les forains, on va finir sur Germaine la poissonnière.
Ça fait une sorte de boucle avec Un idiot à Paris, attention, ne vous méprenez pas, on n’est pas en train de dire que c’est Une idiote à Paris, on retrouve cette France des années 70 (le sujet date de 1977), une France pas encore totalement américanisée, mais vous savez, l’Histoire nous apprend que les empires peuvent se casser très vite la gueule. Le cœur de la France, un peu caché aujourd’hui, bat toujours et il ne demande qu’à remonter à la surface, certes au milieu de formes modernes, l’Internet, l’info à la vitesse de la lumière, les changements sociologiques, les LGBT, les racailles, mais c’est pas du tout incompatible avec la spiritualité profonde. Il y a quelque chose de pur et brut chez Germaine qu’on ne retrouve pas chez Macron, Pénicaud ou Buzyn, par exemple, comme si on avait été envahis par des Martiens – nous, on dit des Néolibéraux –, des créatures qui viennent d’une autre planète nous expliquer la Vie, apporter le Progrès, et à la fin on se retrouve avec leurs maladies, mentales et physiques...
Finissons en danse et en musique, comme le suggérait Céline, ce danseur des mots (ça veut rien dire, mais y en a sûrement qui vont trouver ça bien). Tout le monde peut danser chez soi, même dans 3 mètres carrés, regardez, on est dans Cube !