Les mesures mises en place par l’Union européenne pour libérer l’Ukraine de ses stocks ont des effets pervers. Les céréaliers polonais, roumains ou bulgares dénoncent une concurrence déloyale.
Depuis quelques mois, des tonnes et des tonnes de blé, de maïs, de colza ou de tournesol envahissent les pays limitrophes de l’Ukraine. Normalement, ces céréales sont censées y faire étape avant d’être envoyées ailleurs, notamment en Afrique du Nord et au Moyen-Orient pour lutter contre l’insécurité alimentaire. Mais en réalité, la plupart restent stockées sur place. Elles s’accumulent dans les silos et déstabilisent les marchés. Résultat : les prix baissent et la colère monte.
Pologne ! Les agriculteurs polonais sont descendus dans la rue à cause de l'importation massive de céréales ukrainiennes qui détruit leurs profits. pic.twitter.com/jVX2pgCOYX
— illusion (@illusion510851) April 1, 2023
En Pologne, il y a quelques jours, des œufs ont été jetés à la figure du ministre de l’Agriculture, Henryk Kowalczyk. En Roumanie, les paysans annoncent une grève pour vendredi 7 avril et plus au sud, en Bulgarie, ils ont sorti les tracteurs pour bloquer les routes et empêcher les céréales ukrainiennes d’entrer. La Slovaquie et la Hongrie, dans une moindre mesure, sont elles aussi concernées par cette vague de contestation du monde agricole.
Pologne : Lors d'une conférence, le ministre de l'agriculture Henryk Kowalczyk reçoit des oeufs et se fait traiter de "traitre". Le camp national et les agriculteurs polonais lui reprochent d'importer des céréales d'Ukraine et de les pénaliser. pic.twitter.com/pV3J3MDvwZ
— Geronimus lll ???????? (@Geronimuslll) March 27, 2023
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Une petite musique pro-russe
À Varsovie le gouvernement lui aussi prévoit de débloquer des fonds au niveau national et surtout un mécanisme pour garantir le transit des céréales, leur sortie du territoire. La pression des agriculteurs est forte, après les céréales, ils craignent de voir arriver d’Ukraine des fruits, des œufs, des volailles ou des produits laitiers meilleur marché.
Enfin, ces tensions ont une autre conséquence : elles alimentent une petite musique pro-russe qui se fait déjà entendre en Hongrie et en Bulgarie.