Un rapport de police sur le financement libyen présumé de Nicolas Sarkozy, révélé par Mediapart, révèle le penchant « immoderé » pour le cash de l’ex-ministre de l’Intérieur.
Une enquête tortueuse et sensible, qui rassemble des éléments et témoignages accablants, mais pas de preuves matérielles. Les policiers anti-corruption (OCLCIFF), chargés d’enquêter sur le financement présumé de la campagne 2007 de Nicolas Sarkozy par la Libye de Kadhafi, ont rendu le 5 septembre dernier leur premier rapport d’investigations, rapporte ce vendredi Mediapart. Selon le site d’informations, ils estiment avoir mis au jour « de nouvelles qualifications pénales ».
Les soupçons des enquêteurs se sont notamment accentués à l’égard de Claude Guéant, directeur de campagne de l’ex-président à l’époque des faits. Les policiers s’interrogent notamment sur son « usage immodéré des espèces ». Dans leur rapport, ils s’étonnent qu’il n’ait retiré que « 800 euros » de son compte bancaire entre mai 2003 et fin 2012.
Claude Guéant est soupçonné avec Nicolas Sarkozy d’avoir reçu plusieurs valises de billets émanant du régime libyen entre 2006 et 2007 par l’intermédiaire Ziad Takieddine. La somme de 5 millions d’euros est évoquée. L’ancien ministre a déjà été mis en examen en 2015 dans cette affaire, mais dans un volet annexe : celui de la vente douteuse de deux tableaux flamands pour 500 000 euros.
Un coffre fort et des enveloppes de cash
D’après Mediapart, Claude Guéant est soupçonné d’avoir « manipulé au moins 200 000 euros » en cash sans que l’on connaisse l’origine de ces fonds. Une chambre forte, louée par Claude Guéant durant la campagne présidentielle à une BNP de Paris, interroge également les enquêteurs. Ces derniers se demandent s’il n’y a pas entreposé de l’argent. L’intéressé, lui, conteste. Selon lui, cette pièce, de la taille d’un homme, ne comportait que des discours politiques de Nicolas Sarkozy.