On en a déjà causé dans notre rubrique (rubrique, pas lubrique) En bref du 21 septembre de l’an de grâce 2019 mais on va repasser une petite couche sur Emma, elle ne dira pas non.
L’écrivaine Emma Becker s’est prostituée dans une maison close à Berlin pendant plus de 2 ans.
Voilà pour la présentation faite par Konbini, le média macronien qui véhicule de manière cool les dogmes du capitalisme libéral. Quoi de plus normal, donc, qu’une start-up/société de production/agence de publicité promeuve la logique même du Marché : la marchandisation de tout, jusqu’à l’intime. En l’occurrence ici, il est question de prostitution.
« Je voulais faire l’expérience de cette condition très schématique : une femme réduite à sa fonction la plus archaïque, celle de donner du plaisir aux hommes. N’être rien d’autre que cela. Il y avait une forme de bravade mais pas de courage, j’étais tellement fascinée, intriguée, j’avais envie d’écrire sur ce sujet c’est cela qui m’a aidée à pousser la porte du premier bordel. (...) J’étais fascinée par les prostituées, par cette évidence avec laquelle elles se tiennent là, splendides, sanglées dans leur corset, objectivement faites pour être louées par des hommes, par cette paisible toute-puissance. »
Pas d’analyse sociologico-historique sur le rôle et l’évolution de la prostitution au sein des sociétés humaines, on est bien dans la littérature de femme à destination des jeunes : du cul, du subjectivisme, du narcissisme, du dévoiement... mais pas de la branlette, attention ! Non, du sérieux : il s’agit ni plus ni moins d’un ouvrage en lice pour le prix Renaudot 2019 (dont Franz-Olivier Giesbert est soupçonné d’être le grand manitou). La caution lettrée est là, il faut donc prêter attention à ce que nous dit la trentenaire Becker dont la biographie officielle est assez évasive sur les origines (sociales bien sûr, pas communautaires) : « née dans les Hauts-de-Seine en 1988 ; après un baccalauréat littéraire, elle étudie la psychologie à Paris V, avant de se consacrer entièrement à l’écriture. » Dire qu’Emma n’est rien d’autre que l’énième rejeton de la bourgeoisie libertaire qui créé sa renommée à partir de ses névroses et de son oisiveté serait de la psychologie de bazar, donc nous ne le dirons pas... On peut l’écrire par contre, c’est tout de suite plus coté, il y a du cachet.
Dans le genre psychologie libidinale, cet extrait d’un entretien avec l’hypnotiseur qui a échappé à la vague #MeToo Gérard Miller donne à réfléchir sur la réalité de la psychanalyse :
Au-delà de la provocation intrabourgeoise (« Papa, Maman, je suis une pute, c’est une révolution ! ») et de la recherche pathologique d’une validation de ses déviances conformistes, Emma nous délivre un message politique : il faut libéraliser la prostitution et donc en finir avec les carcans du patriarcat qui empêchent les femmes d’être des putes comme les autres (et inversement) ! Comme ce discours progressiste sonne doux à nos oreilles à l’heure de l’affaire Epstein et de la PMA pour toutes. Demain toutes libres (le plus jeune possible bien sûr) de se prostituer (aux élites économiques) ? On ne fera pas remarquer que les Grecques, elles, qui sont d’une certaine manière les cocues des Allemandes européistes (les modèles d’Emma), semblent regretter l’époque où elles n’étaient pas obligées de se vendre pour survivre...
Et en attendant le prochain opus d’Emma où elle nous racontera son expérience dans le porno amateur ou sa retraite spirituelle de trois jours dans un monastère pour soigner sa dépression (au choix), vive la grande culture féministe !
Et pour souligner encore plus profondément la réalité pusillanime (au niveau de la culotte, en gros) du féminisme macronien, quelques extraits d’un autre ouvrage :