Un tribunal de Jérusalem a déclaré ce lundi 30 mars l’ancien premier ministre israélien Ehud Olmert (photo ci-contre, à droite de G.W. Bush) coupable dans un dossier de corruption. Il est accusé d’avoir reçu des enveloppes d’argent de l’homme d’affaires américain Morris Talansky.
La condamnation pour fraude, abus de confiance et corruption aggravée devrait être annoncée le 5 mai, ont précisé les médias. Ehud Olmert va faire appel devant la Cour suprême, ont annoncé ses avocats. A 69 ans, il est déjà sous le coup d’une peine de six ans de prison ferme dans une autre affaire de corruption, actuellement examinée en appel à la Cour suprême.
Ehud Olmert avait initialement été relaxé dans l’affaire jugée lundi. Mais la justice avait rouvert le dossier après des révélations de son ex-secrétaire et femme de confiance Shula Zaken.
Celle-ci a révélé l’existence d’enregistrements de conversations compromettantes qu’elle avait eues avec Ehud Olmert. Enregistré à son insu, il y évoquait des enveloppes de plusieurs dizaines de milliers de dollars reçues de Morris Talansky.
Selon le jugement de lundi, il aurait notamment reçu 150 000 dollars de Morris Talensky alors qu’il était ministre du Commerce et de l’Industrie entre 2003-2005.
En échange de ces informations, Shula Zaken avait été condamnée à une peine réduite de 11 mois de prison, dans cette autre affaire, dite « Holyland » du nom d’un colossal projet immobilier de luxe sur une hauteur Jérusalem, surnommé le « Monstre sur la colline ».
Projet immobilier
Ehud Olmert aurait perçu près de 200 000 dollars à l’époque où il était maire de Jérusalem de 1993 à 2003 pour favoriser l’avancement de ce projet immobilier. Ces affaires avaient contribué à sa chute en 2008.
D’abord figure de proue de la droite nationaliste au sein du parti Likoud, dirigé actuellement par le Premier ministre Benjamin Netanyahu, il avait évolué vers des positions plus modérées.
Sans réel charisme
Il a accédé au pouvoir en 2006, succédant au Premier ministre Ariel Sharon. Il portera, aux yeux des Israéliens, la responsabilité des ratés de la guerre contre le Hezbollah au Liban en juillet-août 2006. Sans réel charisme, il n’a pas été, de son propre aveu, un premier ministre « très populaire ».
Pourtant, jusqu’à la guerre de Gaza déclenchée en décembre 2008, Ehud Olmert a mené des négociations intensives, mais infructueuses, avec le président palestinien Mahmoud Abbas. Partisan d’un retrait de la plus grande partie des Territoires palestiniens en échange de la paix, il espérait maintenir sous le contrôle d’Israël des blocs de colonies en Cisjordanie occupée.
Tutelle internationale
En 2008, il a proposé aux Palestiniens une tutelle internationale sur le « Bassin sacré » incluant la Vieille ville et les lieux saints de Jérusalem, comme il le révèle dans ses mémoires, parues en 2011.
Dans ses mémoires publiées la même année, l’ex-secrétaire d’Etat américaine Condoleezza Rice faisait état de sa surprise quand Ehud Olmert lui a secrètement proposé en mai 2008 de restituer aux Palestiniens 94% de la Cisjordanie, moyennant des échanges de territoires et un partage de Jérusalem. La ville serait alors devenue la capitale de deux États.