Les Frères musulmans, le puissant mouvement islamiste d’opposition en Egypte, ont annoncé samedi la création de leur propre parti, civil et non "théocratique" selon eux, pour participer aux législatives de septembre.
Le nouveau parti a été baptisé le "parti de la liberté et de la justice", a indiqué lors d’une conférence de presse Mohammed Hussein, le secrétaire général de la confrérie née il y a plus de 80 ans.
Le Conseil consultatif du mouvement a décidé de lancer un tel parti et a adopté en même temps son programme politique, a précisé M. Hussein.
Le parti, dirigé par un membre du bureau politique des Frères musulmans, Mohammed al-Moursi, devra coordonner ses positions avec la confrérie tout en étant indépendant organiquement.
"Ce sera un parti civil et non théocratique", a répété le nouveau chef de ce parti. La constitution en Egypte bannit les partis fondés sur la religion.
Le "parti de la liberté et de la justice" entend selon son chef briguer entre 45 et 50 % des sièges lors des prochaines législatives de septembre, le premier scrutin depuis la chute du président Hosni Moubarak le 11 février sous la pression de la rue.
Une élection présidentielle aura lieu avant la fin de l’année.
Les Frères musulmans, très contestés par le pouvoir de l’ancien président Moubarak, sont la première force d’opposition en Egypte. Officiellement bannis de la sphère politique, les Frères musulmans étaient tolérés dans les faits en Egypte, où ils disposent d’influents réseaux d’aide sociale.
Alors qu’ils disposaient de 88 sièges dans l’Assemblée sortante, après une percée aux législatives de 2005, ils ont décidé de boycotter le deuxième tour des élections de décembre 2010, dénonçant des fraudes massives et des violences au profit du puissant parti au pouvoir, le Parti national démocrate.
Le PND a été dissous le 16 avril et la justice a décidé la saisie de ses avoirs. La confrérie est particulièrement active dans les mosquées, où elle mène des actions d’aide aux défavorisés, dans les universités et au sein des syndicats.
Il s’agit du mouvement le plus ancien de l’islamisme sunnite. Il a été fondé en Egypte en 1928 par Hassan al-Banna, et sa doctrine s’organise autour du dogme du "tawhid" (unicité de Dieu), la fusion du religieux et du politique.