Dans la guerre actuelle des blacks contre les feujs (ça permet de ne pas dire juifs), tous les coups semblent permis. Après les sorties thermonucléaires de Kanye West, alias Ye, sur le lobby juif américain (en France, il n’y en a heureusement pas), au tour de Dave Chappelle de reprendre le flambeau. Ye a été mis sur la paille en trois secondes, ce qui prouve qu’il n’y a pas non plus de lobby juif américain. Alors pourquoi toutes ces sanctions ? Ben parce que parler de lobby juif, même si c’est pas vrai, c’est mal. Comme par une transmission virale, la star du SNL (Saturday Night Live) a osé le sketch interdit.
Bonne fille, la presse sioniste (non, arrêtez avec vos « pléonasme ! ») a amplifié le sketch, qui pourtant n’était qu’un sketch. On vous explique ce qu’est un sketch : c’est une saynète qui illustre, de manière divertissante, un petit problème sociétal, et parfois politique. Il s’agit de prendre la pâte de départ, qui correspond à un certain malaise, et d’y adjoindre de l’humour en forçant un peu le trait. C’est de bonne guerre et tout le monde – ou presque – aime l’humour. Il y a même un humour juif, oui, mais qui curieusement n’est pas sioniste. Le sionisme, en revanche, n’aime pas l’humour sur les juifs, on ne saisit pas la logique mais c’est comme ça.
Donc, on résume : les juifs ont le droit de se moquer des non-juifs – ils les appellent les goyim – mais la réciproque peut mener à des sanctions, comme celles que subit la Russie actuellement. L’avantage de détenir le pouvoir, c’est qu’on décide des sanctions. Par exemple, Chappelle ne peut pas décider de sanctions contre le lobby juif américain, du coup il remplace ça par de l’humour. On dira, parce qu’ici on aime bien la logique des propositions mathématiques, que l’humour est la sanction du pauvre.
Plus prosaïquement, le pauvre se venge de sa soumission en s’attaquant, gentiment hein, aux dominants. Ça reste verbal, ça ne tue personne, contrairement à ce qu’affirmaient à l’époque de la polémique Dieudonné (2004-2022) les représentants du lobby sioniste français, BHL et Jakubowicz en tête. Des spectacles et tournées de Dieudonné ont été interdits parce qu’il faisait, selon ses détracteurs, des « meetings politiques » en lieu et place de spectacles d’humour.
Oui mais attendez, BHL fait du meeting politique aussi, partout où il passe, et personne ne s’en offusque, et en plus il est pas drôle ! On peut dire que Dieudonné, alors, proposition numéro 2, fait du meeting politique augmenté d’humour, ce qui est doublement enrichissant. Dave Chappelle, lui, n’a pas encore franchi le Rubicon, mais il est déjà dans la tempête. Voici ce qu’écrit Times of Israel :
Le chef de l’Anti-Defamation League (ADL) a critiqué dimanche l’humoriste Dave Chappelle pour son monologue sur les Juifs, affirmant que le texte « popularisait » l’antisémitisme, bien que la plupart des dirigeants juifs aient évité de s’exprimer sur le sujet.
Chappelle a commencé l’émission « Saturday Night Live » avec un long monologue commentant les controverses antisémites autour de Kanye West et de la star de la NBA Kyrie Irving.
L’humoriste s’est moqué de la gestion de l’antisémitisme dans l’industrie du divertissement, disant que « cela n’avait rien d’insensé de penser » que les Juifs contrôlaient Hollywood et a laissé entendre que les Juifs blâmaient les Afro-américains pour leurs traumatismes.
C’est le grand chef de l’ADL, l’Anti-Déflagration Ligue (on a essayé de traduire, c’est pas une ligue de foot mais une espèce de club qui n’a aucune légitimité politique institutionnelle). Jonathan Greenblatt se permet, alors qu’il n’est pas président de la république américaine, de juger Chappelle et de le condamner. Dans la défense de sa communauté, il va un peu loin dans le victimisme :
« Pourquoi les sensibilités juives sont-elles niées ou diminuées presque à chaque fois ? Pourquoi notre traumatisme déclenche-t-il des applaudissements ? »
Greenblatt a été épaulé par sa « directrice de l’engagement communautaire » (si si, ça existe), Carly Pildis :
« Chappelle aurait pu marquer le coup en s’élevant contre la haine tout en nous faisant rire. Il a le talent pour faire cela. Au lieu de cela, il a choisi de faire des Juifs et de la haine à laquelle nous sommes confrontés le sujet de ses blagues. »
Elle dit en outre que Chappelle « veut plaisanter sur l’antisémitisme, mais il n’en subit pas les conséquences ». Normal, il n’est pas juif, il est noir ! Mais la communauté a franchi un palier en associant de fait Chappelle et nazis : le rabbin Abraham Cooper, le directeur de l’action sociale (c’est quoi encore ce truc ?) du centre Simon-Wiesenthal – les chasseurs de nazis ! – a déclaré :
« Dave Chappelle avait le pouvoir de remettre les antisémites à leur place, et c’est ainsi que son monologue du SNL a commencé. À la fin, il a repris certains des pires tropes antisémites résurgents. NBC Universal n’aurait jamais dû permettre que sa plate-forme soit utilisée pour promouvoir la haine antisémite. »
Abraham n’a rien pigé : c’était de l’humour ! Sacrebleu de Prusse, où est passé l’humour juif ? On dirait que quand les juifs souffrent, leur humour est au top, et que quand ils ne souffrent plus, leur humour disparaît. Conclusion, et proposition numéro 3 : pour retrouver leur humour, les juifs doivent abandonner le pouvoir, ou se convertir, comme Gad.
Derrière la hiérarchie communautaire, une comédienne inconnue au bataillon a dénoncé elle aussi les propos de Chappelle. Quand il y a un humoriste dans le viseur, c’est le moment de se faire un peu de promo à bon compte. Seulement, il faut être sûr que ça plaise au grand public... On dit ça, on dit rien.
On ignorait que cette dame était une star, mais c’est i24news qui l’écrit, alors ça doit être vrai. Attention aux non-diplômés, son argumentaire est assez technique :
« La comédienne et actrice juive américaine Hannah Einbinder a affirmé mardi sur Instagram que le monologue de Dave Chappelle lors de la célèbre émission « Saturday Night Live » samedi dernier était « plein de remarques antisémites et livré de manière ingénieuse ».
« Oui, le monologue de Chappelle était truffé d’antisémitisme. Il l’a fait de façon magistrale. Il a utilisé une technique de génie : deux vérités et un mensonge », a écrit Einbinder.
« Les personnes intolérantes affirment souvent leur tartuferie dans un degré de vérité. Ils vous diront deux grandes choses, puis ils glisseront le mensonge parce qu’ils ont gagné votre confiance avec les deux grandes choses qu’ils vous ont dites. Dans son cas, la “vérité” est constituée de bonnes blagues. Il avait des blagues solides en reprenant la conspiration qu’il a saupoudrée », a poursuivi la star de la série Hacks sur HBO Max. »
Nous on appellerait ça la technique du sandwich : deux tranches de pain blanc, et une tranche de jambon noir de Bigorre à l’intérieur.
Alors ce qui est étonnant c’est qu’elle a le droit d’être juive et pas Chappelle. Et que c’est toujours les autres qui sont manipulateurs, jamais son camp. On a été voir d’où elle venait : eh bien, oh surprise, c’est une fille de de 27 ans, rejeton d’un auteur justement du SNL et d’un écrivain, elle a été placée très vite à la télé et fait actuellement, en plus de sa série sur HBO, du stand-up, alors qu’elle n’a aucun charisme. Et elle se permet de critiquer Chappelle, qui est un monstre dans le domaine.
On écoute maintenant, religieusement, un extrait du documentaire Netflix sur Chappelle qui, selon Times of Israel, serait suicidaire :
Dans « The Closer », sorti mardi, le provocateur américain a franchi des limites qui, pour la plupart des célébrités, sont synonymes de suicide professionnel en 2021.
Pourquoi suicidaire ? Voici l’extrait en question :
« Dans mon idée de film, nous découvrons que ces extraterrestres sont originaires de la Terre – qu’ils viennent d’une ancienne civilisation qui a réussi à faire des voyages interstellaires et a quitté la Terre il y a des milliers d’années. Ils se sont rendus sur une autre planète, où les choses ont mal tourné pour eux. Ils sont donc revenus sur Terre et ont décidé de s’approprier la Terre. C’est une bonne intrigue, hein ? Je l’appellerai “les Juifs de l’espace”. »
Dieudonné, sors immédiatement de ce corps !
Chappelle taxé d’homophobe par le site woke Slate
« Un jour, il a tiré sur un nègre et l’a tué, à Walmart... Oh, c’est vrai. Regardez sur Google. DaBaby a tiré sur un nègre dans un Walmart de Caroline du Nord et l’a tué, et ça n’a pas nui à sa carrière. Vous voyez où je veux en venir ? Dans notre pays, vous pouvez abattre un nègre, mais par contre, ne vous avisez pas de vexer un gay. Et c’est précisément ce deux poids, deux mesures, que je veux aborder. [...] Vous croyez que je déteste les gays, alors qu’en réalité, je suis jaloux des gays. Oh, je suis jaloux. Et je ne suis pas le seul Noir à ressentir ça. Nous les Noirs, on regarde la communauté des gays et on dit : “Mais la vache, regardez comme ce mouvement s’en sort bien. Regardez comment vous vous en sortez bien, alors que nous ça fait des centaines d’années qu’on est coincés. Mais comment vous arrivez à progresser aussi vite ?” »
On ne sait pas s’il a un lien de parenté avec le centre Wiesenthal, mais pour l’humoriste Thomas Wiesel, on peut rire de tout. Et il n’est pas noir ! En revanche, il a une saillie qui serait interdite chez nous :
« Il paraît que ce métier peut ouvrir pas mal de portes. Parfois c’est celle d’un four, mais je pense qu’on peut rire de tout. »
En France, on est moins libres qu’aux States et en Suisse. On est obligés, quand on fait de l’humour, d’ôter tout ce qui ressemble à du sexisme, de l’homophobie ou du racisme. Du coup, il reste plus que les vannes à la Gad Elmaleh sur la vie quotidienne, le tiroir qui s’ouvre mal, le GPS marocain, des trucs comme ça.
France Intox, le site de propagande du pouvoir profond, est allé demander à des humoristes coloristes (sauf deux Blancs) ce qu’était l’humour sans l’humour... Le sous-débat « aujourd’hui on ne peut plus rire de rien » débute à 9’37.
Kavanagh : Aujourd’hui on a l’impression que beaucoup de gens sont fragiles.
Mr Nouar : Je pense qu’aujourd’hui, quand t’écris, il faut le relire une fois, deux fois, dix fois, montrer, être sûr, et puis se dire on peut rire de tout, avant on pouvait rire de tout, mais c’était pas forcément positif parce que certains en profitaient pour faire des blagues sexistes, racistes, et ça passait. C’est pour ça qu’aujourd’hui des gens disent on peut plus rien dire, mais parce que oui, tu peux plus dire des vannes racistes. Parce qu’on a changé d’époque.
Kavanagh : Parce qu’on en a trop racontées. C’est une plaie ouverte, après tu rajoutes du sel dessus, OK stop, on arrête.
Dieudonné, rentre dans ces corps !