La crise bretonne s’éternise et fait des émules ces derniers jours, alors que les autorités ont lancé à Rennes une série de réunions pour tenter de sortir de l’impasse d’ici fin novembre.
Hier matin, quelque 250 personnes coiffées pour certaines de bonnets rouges, symbole de la lutte antifiscale de 1675, ont manifesté à Montauban-de-Bretagne au pied d’un portique écotaxe. Dans le même temps, d’autres actions avaient lieu à Paris, près de Marseille et de Lyon, dans le Gard, la Charente et l’Isère : bornes incendiées, opérations escargot et portiques menacés.
Plans en cascade
À Paris, ce sont des militants du Printemps français (anti-mariage gay) qui ont agi, coiffés de bonnets rouges. Trois d’entre eux ont été interpellés.
Des heurts ont éclaté entre les manifestants et les forces de l’ordre à proximité d’un portique de Jugon-les-Lacs (Côtes d’Armor). Le mouvement breton, dont le point d’orgue a été la manifestation de Quimper qui a rassemblé au moins 15 000 personnes le 2 novembre, continue de réclamer avec force la suppression de l’écotaxe dont l’application a été « suspendue » par le Premier ministre, la semaine dernière. Hier, l’Élysée a assuré qu’aucune date n’avait été décidée pour appliquer l’écotaxe – initialement prévu au 1er janvier 2014 –, infirmant une information du site lemonde.fr qui évoquait l’été prochain.
Outre l’écotaxe, c’est aussi la cascade de plans sociaux que dénoncent les manifestants bretons. Sur le terrain, dans le Finistère, département le plus touché par les récentes suppressions d’emploi dans l’agroalimentaire, la grogne s’est amplifiée cette semaine. Lundi, les salariés du volailler Tilly-Sabco, où 300 emplois sont menacés, ont occupé la sous-préfecture pour protester contre la suppression des « restitutions » (aide européennes).
Chez Marine Harvest (n°1 mondial du saumon, bénéficiaire), où 300 postes doivent être supprimés, les salariés occupent depuis lundi le site de production de Poullaouen (Finistère). Ces deux dossiers s’ajoutent aux plus de 850 emplois qui ont été supprimés à l’abattoir de Gad SAS à Lampaul-Guimiliau, et aux 971, fin 2012, chez le volailler Doux.
Parallèlement, à Rennes, depuis mardi, les rendez-vous s’enchaînent à la préfecture, où se succèdent les acteurs sociaux, à l’exception du syndicat FO qui a claqué la porte. Le marathon des discussions, ouvert sur fond d’ultimatum avorté des « Bonnets rouges », reprendra dès mardi avec des élus.
Nouvelle manif en vue
Christian Troadec, maire DVG de Carhaix et régionaliste, a appelé à une nouvelle manifestation en Bretagne le 30 novembre, « face à l’absence de réponses du gouvernement ». Mais Thierry Merret, président de la FDSEA du Finistère et membre du collectif, a appelé à un rassemblement avant cette date. Face aux actions parfois violentes visant les portiques écotaxe, le collectif « Vivre, décider et travailler en Bretagne » a assuré qu’il n’avait pas appelé à de tels débordements.