Le sommet européen qui s’est tenu hier à Bruxelles s’est achevé sans accord réel sur la méthode à suivre pour tenter de restaurer la confiance dans la monnaie unique. Il n’avait pas vocation en lui-même à fournir des résultats, mais avait plutôt pour objectif de rassembler des idées en vue du prochain sommet du Conseil de l’Europe, le 28 juin prochain.
Selon des sources de Sky News, cependant, le dîner a permis de mettre en évidence les clivages profonds qui existent entre la chancelière Angela Merkel et le président français François Hollande au sujet de la méthode pour résoudre la crise.
Comme il l’avait promis, Hollande a proposé l’émission d’euro-obligations mutuellement garanties par les 17 pays de la zone euro pour permettre de réduire les taux d’emprunt des pays de la zone les plus en difficulté. La chancelière s’est résolument opposée à cette idée, qu’elle a jugée contraire aux lois européennes. Elle estime que la mutualisation des dettes détournerait les gouvernements de pays en difficulté comme la Grèce de la voie de la réduction des déficits. « A part cela, je ne crois pas qu’elles pourraient contribuer à stimuler la croissance dans la zone euro », a-t-elle déclaré, tout en acceptant l’idée d’obligations conjointes de court terme.
Hollande a également suggéré que le nouveau fonds de sauvetage de l’Europe puisse pomper dans les réserves de la Banque Centrale Européenne pour injecter de l’argent dans les banques en difficulté, pour éviter un autre « credit crunch ». La chancelière a affirmé de son côté qu’une telle mesure pourrait créer un précédent dangereux.
Le président de la Banque Centrale Européenne, Mario Draghi, s’est rangé du côté de l’Allemagne, estimant que les euro-bonds n’étaient admissibles que dans le cas d’un scenario de « fin du processus » d’intégration fiscale. Draghi a précisé aux journalistes qu’il n’avait pas été question de modifier le mandat de la BCE durant les débats, ni de donner au MES la possibilité de prêter de l’argent aux banques en difficulté. « Pour moi, les euro-obligations ne doivent pas être un point d’aboutissement, comme le souhaite Madame Merkel, mais un point de départ dans l’intégration », a déclaré Hollande aux journalistes à la fin du sommet. « le débat va se poursuivre ».
De son côté, la chancelière Angela Merkel a réitéré le souhait que la Grèce demeure dans la zone euro : « Nous voulons que la Grèce reste dans l’euro mais nous insistons pour qu’elle se conforme aux engagements qu’elle a accepté de prendre ». Cette semaine, la Bundesbank avait affirmé qu’un « Grexit » serait très perturbant mais « surmontable ».
Ce message s’adressait en particulier à Alexis Tsipras, le leader de Syriza, le parti de la gauche grecque qui a obtenu 16% lors des élections législatives, et qui prône l’arrêt des mesures d’austérité. Dans une déclaration du Wall Street journal, Tsipras avait fait du chantage à l’Europe, en indiquant que l’arrêt du versement du plan de sauvetage à la Grèce entrainerait des défauts désordonnés qui provoqueraient l’effondrement du système bancaire européen. Selon le Daily Telegraph, le représentant de l’Allemagne au Conseil d’Administration de la BCE, Jürg Asmussen, a pris la tête d’un groupe d’experts pour préparer la gestion de crise.